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Savez-vous ce qu'est la psychologie sociale et pourquoi elle est si importante ?

7 minutes
Savez-vous ce qu'est la psychologie sociale et pourquoi elle est si importante ?
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González

Dernière mise à jour : 17 janvier, 2023

Au sein de la psychologie, nous pourrions tracer une division entre la psychologie appliquée et la psychologie basique. La psychologie basique étudie les processus psychologiques basiques comme la perception, l’attention, la mémoire, le langage et l’apprentissage. D’un autre côté, la psychologie appliquée se concentre sur l’étude d’autres caractéristiques de la psychologie liées à la résolution de problèmes. Il existe différents versants dans la psychologie appliquée et la psychologie sociale est l’un d’eux.

La psychologie sociale pourrait être définie comme l’étude de l’interaction des êtres humains, surtout dans des groupes et des situations sociales, et souligne l’influence des situations sociales au niveau du comportement humain. Plus spécifiquement, la psychologie sociale se concentre sur l’étude scientifique de la façon dont les pensées, sentiments et comportements des personnes sont influencés par la présence réelle, imaginée ou implicite d’autres personnes (Allport, 1985).

Que cherche la psychologie sociale ?

La psychologie sociale prétend étudier les relations sociales (Moscovici et Markova, 2006). Elle affirme qu’il existe des processus psychologiques sociaux qui se différencient des processus psychologiques individuels. La psychologie sociale tente de comprendre les comportements des groupes, en plus des attitudes de chaque personne à travers leur façon de réagir ou de penser dans le milieu social.

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En d’autres termes, la psychologie sociale étudie le comportement des personnes au niveau du groupe. Elle essaye de décrire et d’expliquer les comportements humains en les réduisant à des variables psychologiques. De cette façon, la psychologie sociale cherche à instaurer des théories sur les comportements humains qui servent à prédire les comportements avant même qu’ils ne se produisent ; de cette façon, il sera possible d’intervenir. Ainsi, en connaissant les facteurs qui promeuvent certaines conduites, une intervention au niveau de ces derniers pourrait changer les comportements finaux.

Les thèmes à l’intérieur de la psychologie sociale

La thématique étudiée par la psychologie sociale est ample et variée (Gergen, 1973). Si nous nous centrons sur certains thèmes qui constituent un objet d’étude, nous pouvons commencer par parler de l’identité. L’identité sociale (Taylor et Moghaddam, 1994) ou niveau auquel les personnes s’identifient et partagent des caractéristiques avec des groupes est un facteur très étudié par la psychologie sociale. L’identité sociale va déterminer les comportements des personnes. Plus concrètement, quand une personne s’identifie beaucoup à un groupe, ses comportements vont correspondre aux normes et valeurs de ce groupe.

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Un autre thème classique de la psychologie sociale est celui des stéréotypes (Amossy et Herschberg Pierrot, 2001). Les stéréotypes sont l’image que nous avons d’un autre groupe. Il s’agit normalement d’une image simplifiée et généraliste qui sert à évaluer tou-te-s les membres d’un groupe concret. Par exemple, un stéréotype commun en Europe est que les espagnol-e-s sont paresseux-ses. Des personnes ayant ce stéréotype à propos des espagnol-e-s vont penser qu’iels sont paresseux-ses avant même d’interagir avec l’un-e d’elleux.

En lien avec les stéréotypes, nous retrouvons les préjugés (Dovidio, Hewstone, Glick et Esses, 2010). Les préjugés sont des attitudes préconçues qui aident à prendre rapidement des décisions. Ce sont des jugements qui se font sur la base d’une information incomplète et qui, normalement, sont négatifs. Actuellement, beaucoup de personnes croient de façon erronée que tou-te-s les musulman-e-s sont violent-e-s et font partie de groupes terroristes. Même avec des preuves réfutant ce jugement erroné, beaucoup de gens continuent d’y croire et leurs émotions et comportements avec des personnes qui pratiquent cette religion visent à confirmer leurs croyances, aussi erronées soient-elles.

Un autre sujet d’étude de la psychologie sociale est celui des valeurs (Ginges et Atran, 2014). Les valeurs sont un ensemble de normes que les sociétés établissent pour qu’elles soient respectées. Les valeurs ont normalement un consensus social et varient selon les cultures. Elles sont si importantes, pour certaines personnes, qu’elles peuvent devenir sacrées et, malgré leur irrationalité, ces mêmes personnes vont les défendre en faisant même de grands sacrifices.

Etant donné la grande variété de thèmes étudiés par la psychologie sociale, nous ne pouvons pas tou-te-s les commenter. Nous avons par exemple omis l’agression et la violence, la socialisation, le travail en équipe, le leadership, les mouvements sociaux, l’obéissance, le conformisme, les processus interpersonnels et groupaux, etc.

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Personnes importantes au sein de la psychologie sociale

Au sein de la psychologie sociale, certaines personnes ont laissé une trace importante. Les voici :

  • Floyd Allport : il est connu pour être le fondateur de la psychologie sociale en tant que discipline scientifique.
  • Muzafer Sherif : connu pour avoir réalisé l’expérience de la “grotte des voleurs”, où un groupe de scouts a été divisé en deux afin d’explorer les préjugés dans les groupes sociaux. La théorie du conflit groupal réaliste est apparue à la suite de cette expérience.
  • Solomon Asch : il s’est concentré sur l’étude de l’influence sociale. Il a mené des études sur la conformité, au cours desquelles il utilisait des dessins avec des lignes de différentes tailles pour vérifier à quel point les participant-e-s donnaient des réponses erronées… et c’est ce qu’iels faisaient, non pas parce qu’iels pensaient que leurs réponses étaient justes, mais parce qu’iels suivaient les réponses des autres.
  • Kurt Lewin : connu pour être le fondateur de la psychologie sociale moderne, il contribua à la théorie de la Gestalt, étudia le concept de distance sociale et formula la théorie du champ, qui affirme qu’il est impossible de connaître le comportement humain en-dehors de son environnement.
  • Ignacio Martín-Baró : en plus d’être psychologue, il était prêtre jésuite. Pour lui, la psychologie devrait être liée aux conditions sociales et historiques du territoire sur lequel elle se développe et, de la même manière, aux aspirations des personnes qui y résident. Il est le créateur de la psychologie sociale de la libération.
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  • Stanley Milgram : il a réalisé des expériences à l’éthique douteuse. La plus connue est celle sur l’obéissance à l’autorité. Au cours de cette expérience, un-e participant-e appliquait des décharges électriques à un-e autre, en présence d’une figure d’autorité. L’expérience du petit monde vient aussi de lui, ainsi que celle des six degrés de séparation.
  • Serge Moskovici : il a étudié les représentations sociales, la façon dont la connaissance se reformule au fur et à mesure que les groupes s’en emparent, la déformant ainsi de sa forme originelle. Il est également connu pour ses études sur l’influence des minorités.
  • Philip Zimbardo : il est principalement connu pour avoir réalisé l’expérience de la prison de Stanford, à travers laquelle il a divisé des étudiant-e-s en groupes de gardes et de prisonnier-ère-s et les a fait rentrer dans une prison simulée dans le sous-sol de l’université. La conclusion fut que la situation elle-même provoquait les comportements des participant-e-s, et non leur personnalité.
  • Albert Bandura : pour démontrer que la violence des médias détermine le comportement agressif des spectateur-trice-s, il a réalisé une expérience au cours de laquelle un modèle faisait usage de comportements agressifs sur une poupée, et ces comportements étaient imités par des enfants : on la connaît sous le nom d’expérience de la poupée Bobo. Bandura est le créateur de la théorie de l’auto-efficacité.

Comme nous l’avons vu, la psychologie sociale se concentre sur l’une de nos dimensions de base : la dimension sociale. Il s’agit d’une grande inconnue qui cause bien des surprises à la personne qui décide d’étudier la psychologie. Cela est dû au fait que, très souvent, nous sous-estimons le pouvoir que les autres ont sur nous, directement ou indirectement. En ce sens, nous aimons nous voir comme des personnes totalement indépendantes, avec une façon d’agir et de ressentir que l’environnement influence très peu.

Or, les études en psychologie sociale nous disent précisément le contraire et c’est pour cela qu’elles ont un intérêt extraordinaire. Imaginez toute la richesse que cette branche de la psychologie peut nous apporter grâce à ses découvertes !

 

Bibliographie

Allport, G. W. (1985). The historical background of social psychology. En G. Lindzey & E. Aronson (Eds.). The handbook of social psychology. New York: McGraw Hill.

Amossy, R., Herschberg Pierrot, A. (1997). Stéréotypes et clichés. Paris : Nathan.

Dovidio, J. F., Hewstone, M., Glick, P. y Esses, V. M. (2010) «Prejudice, stereotyping and discrimination: Theoretical and empirical overview», en Dovidio, J. F., Hewstone, M., Glick, P., y Esses, V. M. (eds.) The SAGE handbook of prejudice, stereotyping and discrimination. London: SAGE Publications Ltd.

Gergen, K. J. (1973). Social psychology as history. Journal of Personality and Social Psychology, 26, 309-320.

Ginges, J. y Atran, S. (2014) «Sacred values and cultural conflict», en Gelfand, M. J., Chiu, C. Y., y Hong, Y. Y. (eds.) Advances in Culture and Psychology. New York: Oxford University Press, pp. 273-301.

Moscovici, S. & Markova, I. (2006). The making of modern social psychology. Cambridge, UK: Polity Press.

Taylor, D., Moghaddam, F. (1994). «Social Identity Theory». Theories of Intergroup Relations: International Social Psychological Perspectives (2nd edición). Westport, CT: Praeger Publishers. pp. 80-91.

 

 

 


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  • Abrams, D. (2001). Social Identity, Psychology of. In N. J. Smelser & P. B. Batles (Eds.). International Encyclopedia of Social & Behavioral Sciences ( pp. 14306–14309). Pergamon.
  • Allport, G. W. (1985). The historical background of social psychology. En G. Lindzey & E. Aronson (Eds.). The handbook of social psychology. New York: McGraw Hill.
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