S'accrocher fait plus de mal que de lâcher prise
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
La vie m’a appris que s’accrocher à quelque chose peut parfois être dangereux voire nuisible. S’accrocher à ce que nous connaissons, à ce à quoi nous sommes habitués est relativement facile. Bien que cela puisse nous blesser, il suffit de laisser passer le temps et de lâcher prise. Le problème c’est que le fait de s’accrocher à quelque chose ou quelqu’un et en faire un besoin a des conséquences.
Vivre attaché, entouré “d’indispensables” et de croyances qui nous convainquent de ce qui nous rend vraiment heureux, c’est donner du pouvoir à notre ego. Cela réduit notre bien-être en esclavage jusqu’à ce que nous finissions par le détruire. Parce que rien de l’extérieur, même pas une personne ne nous donnera le bonheur, même si nous voulons le croire. Même pas la réalisation d’un rêve.
Vivre dans le passé n’est pas non plus la solution. Car si la nostalgie nous inspire et nous enrichit, vivre dans la mémoire, c’est encore s’accrocher. On ne la voit pas et on ne la touche pas mais il existe toujours dans notre esprit cette chose. Et il n’y a rien de plus dangereux que de s’y accrocher farouchement, surtout si elle nous fait mal. C’est pourquoi s’accrocher fait plus de mal que de lâcher prise… Allons plus loin.
S’accrocher à un objet, une pensée ou une personne génère de la souffrance.
Les besoins inventés
Qu’est-ce qui vous rend heureux ? Réfléchissez-y. Qu’y a-t-il sur votre liste de choses essentielles pour être heureux ? Un partenaire ? Une maison ? La possibilité de travailler sur ce que vous voulez ? Le fait de devenir le numéro un ou au moins de se démarquer parmi les premiers ? Ou peut-être d’avoir des enfants ?
Quoiqu’il en soit, nous aimerions que vous y réfléchissiez attentivement. Avez-vous besoin de tout cela pour être heureux ? Que désirez-vous le plus, l’objet, le rêve, la personne ou la sensation qui en résulte quand vous savez qu’ils vous appartiennent d’une certaine façon ?
Souvent, sans nous en rendre compte, nous créons une liste de conditions qui nous lient au concept de bonheur. Une série d’attentes qui constituent un monde idéal que nous arrivons à croire réel pendant quelques instants. Le problème, c’est que nous automatisons tellement tout que nous en arrivons à le croire.
“Quand j’aurai un emploi, je serai indépendant”, “quand je serai indépendant, je pourrai enfin consacrer mon temps à ce que je préfère”, “tant d’heures de travail et d’efforts donneront des résultats et à la fin je pourrai réaliser mon rêve”, “je trouverai un partenaire et je serai si heureuse que nous construirons une maison ensemble”... sont quelques exemples.
Ainsi, ce qui était autrefois un fantasme ponctuel devient une réalité que nous souhaitons réaliser. Tant et si bien que nous y consacrons tous nos efforts et quand cela ne se produit pas, quand tout s’écroule ou que les circonstances ne se produisent tout simplement pas comme nous l’imaginions, l’inconfort devient un acte de présence, en même temps que nous continuons à désirer l’idéal du bonheur que nous avions créé.
Maintenant, nous devons non seulement affronter nos pensées, celles qui nous rappellent que nous ne sommes pas si valides ou bons mais aussi nos émotions : colère, rage, frustration, rancœur… Sans le vouloir et sans le savoir nous avons créé notre propre piège, à travers une série de besoins inventés.
La souffrance qui naît du fait de s’accrocher
Conditionner notre humeur aux objets, aux rêves et aux personnes coûte cher. Le fait est que personne nous a appris à ne pas le faire, bien au contraire. Nous sommes continuellement bombardés de messages publicitaires qui nous montrent comment nous pouvons “être heureux et pleins”. Il suffit de regarder les médias.
S’accrocher à quelque chose ou à quelqu’un, s’accrocher à une idée de la façon dont les choses devraient être, sont les graines de la souffrance. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a rien de permanent, seulement le changement. Car la rigidité entraîne la stagnation, l’usure et l’esclavage de l’inconfort. Parce que nous changeons tous ou pensez-vous être la même personne qu’il y a sept ans . Nous sommes sûrs que non.
Par conséquent, ignorer l’impermanence et s’accrocher aux objets, aux idées et aux personnes vise au malheur. “On ne peut pas se baigner deux fois dans la même rivière”, affirmait Héraclite, et il avait tout à fait raison : est-ce que l’eau ou nous-mêmes sommes les mêmes ?
Toutefois, cela ne veut pas dire que nous devrions passer notre vie sur la pointe des pieds et se ficher de tout. Cela ne signifie pas non plus qu’à partir de maintenant nous ne nous préoccupons plus de rien, mais que nous faisons attention à nos relations avec les autres et les objets, mais surtout avec notre esprit. De cette façon, nous serons en mesure de déterminer quand nous allons transformer quelque chose ou quelqu’un en un besoin.
Lâcher prise pour recevoir
Lâcher prise, dire au revoir ou laisser partir. Il existe de nombreuses façons d’appeler la pratique du détachement, celle qui nous libère des besoins et qui rompt avec les moules que nous créons dans l’intention d’être heureux.
Lâcher prise est un processus de croissance et de transformation, qui n’a lieu que lorsque nous apprenons que rien n’est éternel et que tout change. C’est le respect du cycle de la vie et la compréhension qu’il y a des choses qui, malgré nos désirs, ne peuvent pas exister, mais que d’autres viendront.
Lâcher prise c’est garder à l’esprit que les pensées changent et que ce qui avait de la valeur pour nous hier n’en a peut-être plus aujourd’hui. C’est cultiver un esprit flexible, entraîné à faire face à de nouvelles circonstances, à préparer le cœur à lâcher ceux qui ne peuvent plus être avec nous et à libérer les attaches enracinées à des objets ou situations particulières.
Cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas importants pour nous. Mais qu’ils ne sont pas des conditions nécessaires pour que nous soyons heureux, peu importe combien cela nous coûte au début…
Se défaire de l’attachement est la voie de l’équilibre et de la libération de l’ego. C’est le chemin qui nous permet de travailler de l’intérieur avec nous-mêmes. Un acte de courage qui nous permet de surmonter les barrières de notre zone de confort et de perdre la peur de vivre en attendant ce à quoi nous nous accrochons excessivement.
Lâcher prise, c’est assumer la perte comme une partie fondamentale de la vie. Pratiquer l’acceptation. Cultiver un esprit flexible et un cœur honnête. Parce que la vie c’est le changement, mais aussi le mouvement, et nous pouvons l’oublier.
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