Le relativisme moral : différencier le bien du mal

Le relativisme moral : différencier le bien du mal
Roberto Muelas Lobato

Rédigé et vérifié par Psychologue Roberto Muelas Lobato.

Dernière mise à jour : 27 janvier, 2023

La morale se comprend comme un ensemble de règles, croyances, valeurs et coutumes qui guident la conduite des individus (Stanford University, 2011). La morale sera celle qui statue sur ce qui est bien et ce qui est mal et va nous permettre de séparer les actions ou pensées qui sont correctes et adéquates de celles qui ne le sont pas. En revanche, quelque chose qui paraît si clair sur le papier, commence à générer des doutes au moment d’approfondir le sujet. Le relativisme moral est la réponse à ces doutes et aux apparentes contradictions qu’ils génèrent.

Mais la morale n’est ni objective, ni universelle. Au sein d’une même culture, nous pouvons trouver des différences dans la moralité, même si normalement elles sont moindres que celles qui sont identifiables entre des cultures différentes. Ainsi, si nous comparons la morale de deux cultures, les différences peuvent être beaucoup plus importantes. De plus, au sein d’une même société, la coexistence de différentes religions peut également mettre en lumière de nombreuses différences (Rachels y Rachels, 2011).

Le concept de l’éthique est en étroite corrélation avec la morale. L’éthique (Internet Encyclopedia of Philosophy) est la recherche des principes universels de la moralité (même si certains auteurs considèrent qu’éthique et morale sont un seul et même sujet comme par exemple Gustavo Bueno).

Pour cela, celleux qui étudient l’éthique analysent la moralité dans différentes cultures afin de trouver ce qu’elles partagent, et sera considéré comme principes universels. Dans le monde, les conduites étiques sont recueillies, officiellement, dans la déclaration des droits de l’Homme.

Morale occidentale

Il y a quelques années, Nietzsche (1996) accusa la morale occidentale d’être une morale d’esclaves puisqu’il considérait que la morale d’esclaves était basée sur le principe selon lequel les actions les plus importantes ne pouvaient être l’œuvre des hommes, mais uniquement celle d’un Dieu que nous avions auparavant projeté hors de nous-mêmes. Cette morale que Nietzsche fuyait est considérée comme judéo-chrétienne pour ses origines.

Malgré les critiques des philosophes, cette morale est toujours en vigueur ; même si elle présente certaines modifications plus libérales. Etant donné le colonialisme et la domination de l’Occident dans le monde, la morale judéo-chrétienne est la plus étendue. Ce fait, dans certains cas, peut présenter des problèmes.

Cette manière de penser qui considère que chaque culture a une morale se nomme relativisme culturel. De cette façon, certaines personnes rejettent les droits de l’Homme en faveur d’autres codes de bonnes conduites, comme le peuvent être le Coran ou les Vedas de la culture hindou (Santos, 2002).

Relativisme culturel

Evaluer une autre morale en adoptant le point de vue de notre propre morale peut être une pratique totalisatrice : normalement, en la réalisant depuis ce point de vue, l’évaluation sera négative et stéréotypée. Pour cela, nous rejetterons quasi systématiquement les morales qui ne s’adaptent pas à la nôtre, en se questionnant même sur les capacités morales des personnes ayant une autre moralité.

Pour comprendre comment interagissent les différentes morales, nous devons faire appel aux explications de Wittgenstein (1989). Celui-ci explique la morale par un schéma très simple. Pour mieux le comprendre, nous pouvons réaliser un exercice simple : prendre une feuille et dessiner de nombreux cercles. Chaque cercle représente une moralité différente. En ce qui concerne les relations entre les cercles, trois cas de figures peuvent se présenter :

  • Que deux cercles donnés n’aient aucun point en commun.
  • Qu’un cercle se trouve à l’intérieur d’un autre cercle.
  • Que deux cercles aient une partie de leur surface en commun, mais pas sa totalité.

Evidemment, le fait que deux cercles partagent de la surface signifie que les deux morales ont des aspects en commun. De plus, la proportion d’espace partagée permettra de savoir s’ils ont plus ou moins de points communs. De la même manière que ces cercles, les différentes morales se recouvrent en même temps qu’elles divergent vers diverses positions. Il existe également des cercles plus grands qui représentent les morales qui intègrent plus de règles et d’autres plus petits qui, quant à eux, se réfèrent à des aspects plus spécifiques.

Le relativisme moral

En revanche, il existe un autre paradigme qui suppose qu’il n’existe pas une morale dans chaque culture. Dans le relativisme moral, on suppose que chaque personne a une morale différente (Lukes, 2011). Imaginez que chaque cercle du schéma précédent corresponde à la morale d’une personne au lieu de la morale d’une culture. Dans cette croyance, on accepte toutes les morales sans se soucier de qui elles proviennent et de quelles situations elles émergent. Au sein du relativisme moral, il existe trois positions différentes :

  • Le relativisme moral descriptif (Swoyer, 2003) : cette position défend le fait qu’il existe des désaccords au sujet des comportements considérés comme corrects, même lorsque les conséquences de tels comportements sont les mêmes. Les relativistes descriptifs ne défendent pas nécessairement la tolérance de tout comportement face à un tel désaccord.
  • Le relativisme moral méta-éthique (Gowans, 2015) : selon cette position, la vérité ou la fausseté d’un jugement n’est pas universellement la même puisque l’on peut dire qu’elle n’est pas objective. Les jugements vont être relatifs lorsqu’ils seront comparés avec les traditions, les convictions, les croyances ou les pratiques d’une communauté humaine.
  • Le relativisme moral normatif (Swoyer, 2003) : selon ce point de vue, on suggère qu’il n’existe pas de standards moraux universels, pour cela, on ne peut pas juger les autres. Tout comportement doit être toléré même lorsqu’il est contraire aux croyances que nous possédons.

Le fait qu’une morale explique un rang plus important de comportements ou que plus de personnes soient d’accord avec une morale spécifique n’implique pas qu’elle soit correcte, mais pas non plus qu’elle ne le soit pas. Dans le relativisme moral, on assume le fait qu’il y a diverses morales et qu’elles donneront lieu à des désaccords, qui ne mèneront pas à un conflit si le dialogue et la compréhension sont employés (Santos, 2002). Ainsi, trouver des points communs est la meilleure manière d’établir une relation saine, tant entre les individus qu’entre les cultures.

Bibliographie

Gowans, C. (2015). Moral relativism. Stanford University. Link: https://plato.stanford.edu/entries/moral-relativism/#ForArg

Internet encyclopedia of philosophy. Link: http://www.iep.utm.edu/ethics

Lukes, S. (2011). Relativismo moral. Barcelona: Paidós.

Nietzsche, F. W. (1996). La genealogía de la moral. Madrid: Alianza Editorial.

Rachels, J. Rachels, S. (2011). The elements of moral philosophy. New York: McGraw-Hill.

Santos, B. S. (2002). Hacia una concepción multicultural de los derechos humanos. El Otro Derecho, (28), 59-83.

Stanford University (2011). “The definition of morality”. Stanford Encyclopedia of Philosophy. Palo Alto: Stanford University.

Swoyer, C. (2003). Relativism. Stanford University. Link: https://plato.stanford.edu/entries/relativism/#1.2

Wittgenstein, L. (1989). Conferencia sobre ética. Barcelona: Paidós.


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  • Wittgenstein, L. (1989). Conferencia sobre ética. Barcelona: Paidós


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