Qu'est-ce que la monogamie en série et comment briser le cycle ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Il y a des gens qui désespèrent d’être célibataires, parce qu’ils ne savent pas être seuls. Ce sont des profils qui s’ennuient vite avec leurs partenaires et trouvent peu stimulant de rester avec quelqu’un plus d’un an. Cette forme d’hyperactivité relationnelle se manifeste par un phénomène de plus en plus courant appelé monogamie en série.
Maintenant, le plus gros problème avec les monogames qui passent d’un partenaire sexo-affectif à un autre en peu de temps est qu’elles dérivent généralement vers des liens toxiques. Qu’y a-t-il derrière ce comportement ? La clé réside généralement dans un problème d’attachement et même dans une immaturité émotionnelle évidente. La bonne nouvelle est qu’il s’agit de réalités cliniques traitables.
Si vous vous identifiez ou connaissez un proche qui présente ce type de dynamique, prêtez attention à toutes les informations qui vous sont proposées dans ce texte ci-dessous.
Les monogames en série évoluent très rapidement dans leurs relations. Il leur suffit de rencontrer une personne pour l’inviter à commencer une vie ensemble.
Monogamie en série : qu’est-ce que c’est et comment se manifeste-t-elle ?
La monogamie en série définit ceux qui enchaînent une relation affective après l’autre sans laisser de place pour se remettre de chaque rupture. Ils évitent à tout prix la solitude et le contact avec eux-mêmes en tant qu’individus indépendants et émotionnellement autonomes. Ce type de phénomène socioaffectif est aussi appelé « relations de liane ».
Il est vrai que ces dernières années, les terminologies qui décrivent la manière de se lier se sont considérablement multipliées. Ainsi, la monogamie sérielle s’ajoute au polyamour, à la seule différence qu’ici, le lien sexo-affectif se fait avec un seul partenaire à la fois.
Il convient de noter qu’il ne s’agit pas de quelque chose de nouveau et que la psychologie n’est pas la seule à s’intéresser à cette réalité. Pour la sociologie et l’anthropologie, elle fait partie de l’évolution même de la société. Des travaux comme ceux publiés dans la revue Evolutionary Anthropology soulignent que les hominidés optent pour la monogamie pour favoriser l’éducation des enfants.
Les monogames en série, quant à eux, sont le reflet de multiples facteurs psychosociaux, voire économiques, typiques des changements culturels, des mentalités et des institutions sociales. Approfondissons cela.
Caractéristiques d’un monogame en série
Être un monogame en série a des conséquences ; la plus évidente est qu’il ne s’agit pas de personnes capables de construire des liens affectifs satisfaisants et durables. Il faut aussi parler d’un autre fait : tomber amoureux d’une personne ayant ce comportement peut être très douloureux. Ce sont des relations avec une date d’expiration dans lesquelles, au minimum, on vous remplace.
Voici les comportements et les signes typiques de ceux qui pratiquent la monogamie en série :
- Ils sont incapables d’être célibataires.
- Ils ont une faible estime de soi.
- Ce sont des gens très immatures émotionnellement.
- Les relations durent généralement entre un an ou moins.
- Certains monogames en série manifestent des traits narcissiques.
- Ils établissent des relations avec peu de réciprocité et un grand égoïsme.
- Une partie d’entre eux franchira peut-être le pas du mariage, mais celui-ci est de courte durée.
- Après une rupture, ils ne se laissent pas le temps de traverser un deuil ; ils le comblent en recherchant une autre relation.
- Ils montrent à leurs partenaires affectifs l’intention de construire des relations solides, bien que cela ne se réalise jamais.
- Ils vont très vite quand il s’agit de consolider une relation et n’hésitent pas à commencer une vie avec des personnes qu’ils viennent de rencontrer.
- Enfin, ils montrent une grande peur de l’abandon. Pourtant, ils n’hésitent pas à rompre brusquement le lien pour entamer d’autres histoires sexo-affectives.
Il est courant que, dans la monogamie, il y ait une obsession de vivre la montée d’émotions typique des premières phases de l’amour. Cela les incite à quitter une relation lorsqu’ils ne perçoivent plus cette passion et cette effusion.
Quelles sont les causes ?
La monogamie sérielle touche des éléments psychosociaux variés et intéressants. Des études telles que celles publiées dans The Review of Economic Studies soulignent que l’indépendance des femmes et leur statut économique plus élevé les rendent également plus libres sur le plan émotionnel. Elles peuvent passer d’une relation à l’autre sans maintenir l’exclusivité avec une seule figure affective.
L’égalité entre les sexes serait donc un facteur fondamental de ce phénomène. Cependant, il existe d’autres aspects intéressants, tels que ceux qui suivent :
- Les monogames en série montre souvent un attachement insécure. La peur de l’abandon les pousse à partir avant qu’on ne les quitte, à chercher de nouvelles relations dans lesquelles se sentir en sécurité pour un temps.
- La présence d’un trouble psychologique ne doit pas être exclue. Des réalités cliniques telles que le trouble de la personnalité limite (TPL) et le trouble de la personnalité narcissique présentent ces caractéristiques.
- Le sociologue Zigmunt Bauman parlait dans son livre Amour liquide (2018) de « relations liquides », ces liens fragiles dans lesquels il n’y a pas de compétences basiques pour soigner l’engagement et les fondements du lien. L’individualisme et la satisfaction immédiate des besoins priment.
- Une étude développée à l’Université d’Oxford rapporte que ceux qui croient en l’amour romantique dérivent souvent dans une « dépendance à l’amour ». Ce sont des figures qui recherchent toujours cette première phase des relations dans laquelle la passion, l’ocytocine, la dopamine et la sérotonine sont intenses ; lorsqu’elles ne sont plus présentes, ils s’ennuient et vont chercher un autre lien.
Briser le cycle de la monogamie en série : est-ce nécessaire ?
Il existe de nombreux types de relations et chaque personne trouve le bonheur d’une manière particulière. Certains se sentent comblés par le polyamour, tandis que d’autres préfèrent être célibataires, s’amuser et profiter de leur indépendance. Toute option relationnelle est valable et permise, tant qu’on se sent bien et qu’on ne blesse pas les autres.
Mais la monogamie en série ne correspond pas à ces prémisses. Il est fréquent que ces personnes laissent derrière elles des victimes collatérales, alors qu’elles-mêmes ne trouvent pas toujours leur bonheur dans ces dynamiques.
De plus, elles se retrouvent dans des relations néfastes, souvent en voulant aller trop vite. Ces personnes se sentent toujours seules, vivent rarement un deuil après une séparation et tout ce qui est brisé leur laisse un grand vide émotionnel. Dans ces cas, un type de thérapie est recommandé.
Lors du traitement de la personne qui manifeste un comportement basé sur la monogamie en série, il convient de savoir quel type d’attachement elle manifeste et si elle a subi un traumatisme.
Thérapie psychologique basée sur l’attachement : l’approche de la monogamie en série
Les monogames en série doivent aborder leurs insécurités, leur peur de la solitude et s’autonomiser dans des compétences relationnelles matures et saines. Dans ce cas, la thérapie basée sur l’attachement est la thérapie idéale pour traiter ces comportements dysfonctionnels en matière affective, qui conduisent au malheur et causent des dommages aux couples. Les objectifs de la démarche thérapeutique sont les suivants :
- Renforcer l’estime de soi
- Détecter d’éventuels traumatismes non cicatrisés.
- Connaître le modèle d’attachement de la personne.
- Offrir des compétences en régulation émotionnelle.
- Améliorer les relations avec les autres.
- Conduire vers les bases d’un attachement sécurisé.
- Une gestion plus efficace des besoins et des sentiments.
- Prendre conscience des schémas mentaux rigides et des croyances irrationnelles.
- Des outils pour construire des relations complètes et authentiques.
Pour conclure, ce profil relationnel peut être le reflet d’une société où les liens sont fragiles ; la peur de la solitude, un vide vorace et la dépendance à l’amour romantique sont un piège persistant. Si vous vous identifiez à ce profil et que vous percevez des usures et des mal-être, n’hésitez pas à demander une aide spécialisée.
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