Qu'est-ce que l'anomie ? Découvrez-le ici !
L’anomie est un concept très ancien dont on parlait déjà au Moyen-Âge pour décrire les gens “sans Dieu ni loi”. Mais c’est le sociologue Émile Durkheim qui a commencé à travailler sur cette idée de manière systématique et depuis lors, le terme est apparu de manière récurrente en sociologie.
Le mot anomie fait référence à l’absence de règles et à la tendance à transgresser les normes. Cette situation peut avoir lieu au niveau collectif ou individuel et équivaut également à l’absence de directives ou de valeurs morales pour orienter le comportement.
Bien que le concept d’anomie soit né en sociologie, il a également été travaillé par les sciences politiques, l’anthropologie et la psychologie. Dans tous ces domaines, l’anomie a été associée à des comportements criminels ou “déviants”, soit en raison de circonstances historiques, soit dans le cadre d’un processus d’évolution morale.
“Toute activité humaine se déroule au sein de la société, et personne ne peut échapper à son influence.”
-George Simmel-
Anomie et non-conformité
Quand on parle d’anomie, on parle aussi d’une tension entre le collectif et l’individu. Il n’y a pas de respect des règles et cela est dû, en principe, soit au fait que les règles ne tiennent pas compte de la possibilité réelle d’une personne de les respecter, soit au fait que l’individu ne parvient pas à les respecter, même si elles sont raisonnables.
Pour Durkheim, l’anomie était le résultat d’une rupture ou détérioration des liens sociaux. Une séparation qui, à son tour, a conduit à un affaiblissement de la solidarité. Ainsi, si dans un groupe donné ou dans la société dans son ensemble, il n’y a pas de liens forts, les individus n’ont pas le sentiment de devoir respecter les règles qui donnent de la cohésion au groupe.
Durkheim a souligné que la division du travail et la division des classes étaient une forme de détérioration des liens sociaux. Elles introduisent des formes d’injustice et d’exclusion, qui s’expriment ensuite dans les normes.
Celles-ci finissent par être des préceptes qui légitiment des situations qui vont à l’encontre des individus. Il en résulte une grande tension, ainsi qu’une résistance au respect des règles.
Anomie et frustration
Le concept d’anomie a été assimilé par l’approche structurelle-fonctionnaliste, d’origine américaine. Dans ce cas, l’idée initialement travaillée par Durkheim a été modifiée et l’accent a commencé à être mis uniquement sur l’individu.
Le point de départ était l’idée que le collectif, parce qu’il était collectif, fonctionnait bien. Par conséquent, si une personne n’était pas capable de s’adapter à cela, le problème était en elle.
Face à cela, de nombreux auteurs soulignent que si un contexte propose des normes et des modèles de réalisation, mais restreint en même temps les moyens ou les manières de les atteindre, une profonde frustration est générée. Par exemple, quand on parie sur le succès, mais que la réalisation de ces objectifs est difficile à atteindre par le biais des règles.
Dans de telles conditions, il y a non seulement un affaiblissement des liens sociaux, mais aussi une forte résistance, passive ou active. Cela finit par se traduire par divers comportements, dont la dépression, la violence urbaine, la criminalité et même le suicide, entre autres.
Qu’est-ce qui devrait changer ou qui devrait changer ?
La question de l’anomie et du respect des règles est complexe. En fait, on peut dire que dans aucune société, les règles ne sont toujours et pleinement respectées.
Si l’on parle d’idéal, ce qui devrait exister, c’est un collectif dans lequel la marge de conformité est très large, tout en favorisant une autonomie fondée sur la responsabilité éthique individuelle. Une telle société n’est pas facile à construire, principalement en raison de l’inégalité économique et sociale, qui implique également une inégalité des chances.
À ce stade, la question se pose de savoir si, dans des conditions réelles, il convient de promouvoir un changement de règles ou un changement d’individus pour réduire les tensions qui conduisent à la transgression et frustration. La réponse n’est pas évidente. Une perspective réaliste mettrait l’accent sur l’importance de s’adapter à la réalité, aussi arbitraire soit-elle.
Cette adaptation ne doit pas être passive, mais plutôt l’inverse : critique et active. Il faudrait remédier à ce paradoxe, élargir l’éventail de la tolérance à la frustration, ainsi que la force et la volonté de changement.
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Girola, L. (2005). Anomia e individualismo: del diagnóstico de la modernidad de Durkheim al pensamiento contemporáneo (Vol. 46). Anthropos Editorial.
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