Quand l'obligation bloque la possibilité d'être heureux
Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González
Qu’on le veuille ou non, nous sommes tous soumis à une obligation, presque dès le début de la vie. Apprendre à répondre à ces devoirs fait partie d’une croissance normale et saine. Mais si cela est poussé à l’extrême, cela finit par bloquer la possibilité d’être heureux.
L’obligation bien comprise est un facteur qui aide à établir et développer le principe de réalité. C’est-à-dire la prise de conscience des limites que nos désirs ont, en fonction des directives et des exigences de l’environnement. Tous, à un moment donné, devons renoncer à faire ce que nous voulons car le chemin à suivre est autre.
Cependant, dans certains cas, vivre selon les obligations devient un modèle très envahissant. On arrive ainsi à une situation où la volonté finit par être inhibée, même à des degrés extrêmes, de sorte que seule l’obligation opère. Si cela se produit, la possibilité d’être heureux est également abandonnée. Voyons tout cela plus en détail.
” Si rien n’est évident en soi, rien n’est démontrable, et si rien n’est obligatoire en soi, rien n’est obligatoire du tout.”
-Clive Staples Lewis-
L’obligation comme ligne directrice de conduite
La tendance naturelle de l’être humain est de suivre son désir ou, en d’autres termes, de faire ce qu’il veut. Une partie importante de l’éducation consiste à introduire dans la conscience la notion d’obligation ou de devoir. Par exemple, vous voulez manger toute la boîte de bonbons, mais vous devez vous modérer. Vous voulez frapper un autre enfant parce qu’il vous a pris un jouet, mais vous ne devriez pas.
Pour faire partie de la communauté humaine il faut que nous renoncions à une partie importante de nos désirs et que nous suivions le chemin de l’obligation. Cependant, l’éducation, ou certaines expériences de vie, peuvent conduire à l’adoption de devoirs qui ne sont pas nécessaires pour vivre dans la civilisation, mais plutôt répondre à des idées ou des croyances qui ne sont pas toujours valables.
En fait, il est possible qu’une personne finisse par ne vivre que sur la base de l’obligation et qu’elle en vienne à voir son désir comme intrusif ou négatif et, par conséquent, à le réprimer ou le nier. Un exemple est celui de quelqu’un qui préfère ne pas prendre de vacances, considérant qu’il est beaucoup plus utile et productif de continuer à travailler toute l’année.
L’obligation comme obstacle
Les personnes qui ont l’obligation comme axe de conduite sont aussi généralement très exigeantes envers elles-mêmes. Elles exigent non pas tant de faire les choses parfaitement, mais plutôt de correspondre pleinement aux exigences d’une autorité ou de normes établies.
La convenance ou la validité de ces exigences n’est pas évaluée, mais il existe plutôt un profond désir de s’y conformer. Les coordonnées du devoir sont établies par d’autres et le désir qui prévaut est de s’y adapter. Quitter ces paramètres suscite des inquiétudes, voire de l’anxiété. Dans cette équation, ce que l’on veut n’a pas sa place. Ou plutôt, ce qu’on veut avant tout, c’est se conformer à ces devoirs imposés pour éviter l’angoisse.
C’est dans ces cas que l’obligation devient un obstacle au bonheur. Si le devoir est choisi de manière raisonnée et autonome, aussi difficile soit-il, il coïncide avec le vouloir et ne s’oppose pas au bonheur. Comme le cas d’une personne qui s’engage pour une cause qui demande des sacrifices, mais au fond elle fait ce qu’elle veut.
En revanche, dans le domaine de l’obligation imposée de l’extérieur, il n’y a pas de réaffirmation individuelle, bien au contraire. La personne se renie et remplit son devoir pour ne pas contredire la figure ou la norme qui joue le rôle d’autorité.
Le devoir d’être heureux
Faut-il complètement oublier le devoir au profit du désir ou du plaisir ? La réponse est non. Quand quelqu’un ne fait que ce qu’il veut, il n’a pas pour référence l’obligation comme point de contraste et, par conséquent, il n’éprouve pas de satisfaction. La même chose est vraie en sens inverse : n’agir que selon le devoir, c’est comme s’imposer une torture systématique.
Une personne qui vit pour l’obligation n’est pas quelqu’un d’exemplaire, mais un être humain extrêmement conditionné. Le fondement de ses actions n’est pas la liberté ou l’autonomie, mais le mandat et, probablement, la peur de le contredire. Pour la même raison, elle fait du devoir un automatisme et non une expression de son être.
L’idéal est de maintenir un équilibre entre le devoir et le désir. L’un donne sens à l’autre et permet de générer ce contraste qui fait jaillir spontanément les émotions d’effort et de satisfaction. Accomplir son devoir est louable, tant que ce n’est pas une façon de saboter son propre bonheur.
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