Quand les besoins émotionnels du partenaire nous contrôlent
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Lorsque nous priorisons les besoins émotionnels du partenaire, négligeant les nôtres, tout commence à dériver. C’est quelque chose que, parfois, nous faisons presque sans nous en rendre compte en nous laissant exclusivement emporter par cette impulsion lorsqu’il s’agit de satisfaire l’autre. Nous le faisons aussi par peur de perdre celui que nous aimons et à notre tour, afin de démontrer que nous sommes capables d’offrir bonheur et satisfaction.
L’amour, parfois, crée des situations aussi complexes qu’épuisantes. Aussi frappant que cela puisse nous paraître, ceux qui font le tour du monde les yeux bandés en matière émotionnelle sont ceux qui ont le cœur le plus grand. Ce sont ces personnes, hommes et femmes, qui donnent tout pour l’être aimé mais ne voient pas où elles vont. Et le chemin qu’ils suivent est celui qui, tôt ou tard, mènera à la frustration et à la perte d’estime de soi.
John Gottman commente dans ses livres que s’il y a un aspect qui conduira au succès et à la pérennité d’une relation, c’est d’accepter les besoins émotionnels de l’autre. C’est vrai, c’est quelque chose dont personne ne doute, mais même ainsi, il y a des nuances importantes que nous ne devons jamais perdre de vue.
La première est qu’une telle tâche doit être réciproque. Il ne suffit pas que l’un assume le rôle de celui qui se limite à satisfaire et l’autre à recevoir. Le deuxième aspect, et peut-être le plus important, est que parfois, notre partenaire ne peut pas et ne doit pas nourrir chacun de nos besoins émotionnels. Il y a des tâches, des dettes affectives, qui ne nous concernent que nous-mêmes. Voyons plus de données à ce sujet.
“Donner le pouvoir à quelqu’un ou à quelque chose de vous dominer et de prendre le contrôle de votre esprit est une forme subtile de suicide psychologique.”
-Walter Riso-
Tes besoins émotionnels, mes besoins émotionnels
Nous avons tous des besoins émotionnels. Le premier est de se sentir aimé, car l’amour, après tout, est l’oxygène de la vie et dont une relation est la nourriture principale. D’autres besoins sont par exemple de se sentir en sécurité, reconnu, libre d’agir, de décider et de communiquer, etc.
Toutes ces dimensions apparaissent dans tout lien affectif car toute relation est dynamique, elle est en constante évolution et donc, ces réalités doivent être présentes et prises en charge au quotidien. C’est comme quelqu’un qui a une fleur délicate, et en prend soin en nourrissant ses racines et en lui fournissant une lumière adéquate. Si nous la négligeons, elle finira par flétrir.
Nous pourrions donc définir un besoin émotionnel comme un désir interne qui, une fois satisfait, nous fait nous sentir bien, heureux et en équilibre. Mais s’il manque, le malheur et la frustration surgissent. Ainsi, des experts en la matière comme le Dr Willard F. Harley, auteur de nombreux ouvrages sur les relations de couple, nous explique dans un ouvrage intitulé Leurs Besoins, qu’une de nos erreurs les plus récurrentes est de privilégier les besoins affectifs de l’autre sur les nôtre. Ainsi, il propose de prendre en compte certains aspects.
Les besoins émotionnels ont aussi des limites
En amour il y a des limites, s’il y a des barrières qui délimitent des espaces que personne ne doit dépasser. Un exemple, je ne peux pas demander à mon partenaire de satisfaire un besoin si avec ça, je le force à changer sa façon d’être. Je ne peux pas exiger qu’une personne introvertie, timide et réservée soit plus ouverte car socialement et pour mon travail, j’aime avoir une personne avec ce profil.
Il y a des responsabilités qui n’incombent qu’à nous-mêmes
Il y a une réalité très courante dans les relations de couple et c’est la suivante : penser que l’autre personne a l’obligation de combler mes vides, d’être le support de mon estime de soi et cette figure qui renforcera mon image de soi. Nous devons être clairs, notre partenaire n’a pas le besoin ou l’obligation de nous sauver de quoi que ce soit, ou d’agir comme cet élément de base pour notre croissance personnelle.
Il y a donc des besoins affectifs qui doivent venir d’une relation préalablement couverte. Il n’est pas sain de commencer une relation lorsque l’estime de soi est faible, lorsqu’il y a un excès de peur, lorsque nous avons besoin de nous accrocher à quelqu’un ou à quelque chose presque désespérément pour nous défendre de la solitude. Toutes ces réalités nous conduisent vers des destinations de grande souffrance.
Répondre aux besoins de l’autre sans négliger les nôtres
Il n’y a pas de secret spécifique et exclusif qui nous permet de construire des relations heureuses et durables ; en fait, il y a beaucoup de clés. Il y a la communication, affection, souci de l’autre, empathie, réciprocité… Ainsi, savoir répondre aux besoins affectifs du couple doit toujours aller de pair avec cet autre renversement essentiel : se rappeler que les nôtres sont tout aussi importants.
Il ne faut donc pas avoir peur d’exiger d’être pris en compte. N’attendons pas non plus que l’autre « devine » ce dont nous avons besoin. L’amour ne nous donne pas de pouvoirs magiques, il nous donne des responsabilités d’adultes. Par conséquent, il est conseillé de communiquer, d’exprimer avec assurance ce dont nous avons besoin et ce que nous attendons de l’autre personne. Cet échange d’informations nous permettra de construire un espace où l’on se nourrit, où l’on apprend à mieux se connaître et à continuer à grandir en couple sans jamais cesser d’être nous-mêmes.
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- Harley, Willard (2002) His Needs, Her Need. New York: REVEL FLEMING
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