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Pouvoir social : définition et types

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Pouvoir social : définition et types
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Dernière mise à jour : 22 décembre, 2022

Un enseignant dispose de pouvoir sur ses élèves. Les parents également sur leurs enfants. Un patron a le pouvoir sur ses employés. Les politiciens ont le pouvoir. Le pouvoir social est présent dans tous les domaines de la vie. Certaines personnes ont un pouvoir sur d’autres, certaines professions ont davantage de pouvoir, mais qu’est-ce que le pouvoir ? Il ne suffit pas de dire que quelqu’un dispose de pouvoir, nous devons définir clairement ce qu’est le pouvoir.

Le pouvoir, c’est la capacité de faire ou d’être quelque chose. La capacité d’exercer une domination hégémonique sur un et/ou plusieurs individus. La capacité d’influencer un et/ou plusieurs individus et d’indiquer l’autorité suprême reconnue dans une société. Comme nous pouvons le constater, la définition du pouvoir est très diffuse. Différentes définitions, théories et typologies du pouvoir ont été présentées tout au long de l’histoire, de sorte que pour mieux comprendre en quoi il consiste il est nécessaire de connaître certaines des définitions les plus acceptées.

Friedrich Nietzsche fut l’un des premiers à parler du pouvoir. Il parlait de la volonté de pouvoir en tant qu’ambition en vue de satisfaire les désirs. Presque à la même époque, Max Weber le définissait comme l’opportunité ou la possibilité existant dans une relation sociale permettant à un individu de satisfaire sa propre volonté. Par la suite, l’émergence du marxisme amena plusieurs auteurs a étudier ce concept. Plus proche de notre époque, un philosophe français, Michel Foucault, a élaboré l’une des plus larges analyses sur le pouvoir. Bien que d’autres auteurs se soient penchés sur ce concept, ceux cités antérieurement ont été parmi les plus pertinents ; sans omettre les travaux inhérents au pouvoir social qui ont émergé de la psychologie.

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Max Weber

Max Weber fut l’un des penseurs les plus importants du 20ième siècle. Bien que son champ d’étude soit très varié, nous nous concentrerons sur sa conception du pouvoir et de la domination. Pour Weber, le pouvoir signifie “la probabilité d’imposer sa volonté, dans une relation sociale, même contre toute résistance et quelle que soit la base de cette probabilité”.

Dans ce cas, le pouvoir implique la capacité potentielle d’imposer la volonté et peut se manifester de différentes manières. Alors que la domination, comprise comme une forme de demande/obéissance, serait le moyen le plus efficace d’exprimer le pouvoir.

Il existe différents types de domination. L’un des plus importants serait la légitimité, qui est la croyance en la validité d’un ordre ou d’une relation sociale spécifique. Les formes de légitimité dans la domination sont au nombre de trois :

  • La domination légale rationnelle : “elle se base sur la croyance en la légalité de l’ordre établi et du droit de donner des ordres par ceux qui disposent de la compétence pour exercer la domination selon cet ordre”.
  • La domination traditionnelle : “elle est basée sur la croyance habituelle du caractère sacré des traditions qui ont toujours existé et sur la légitimité des membres pour exercer l’autorité en vertu de ces traditions”.
  • La domination charismatique : “elle est basée sur la manifestation extraordinaire de la sainteté, de l’héroïsme ou de l’exemplarité d’une personne et de l’ordre créé ou révélé par cette personne”.
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Le marxisme

Selon Karl Marx “le mouvement politique de la classe ouvrière a comme objectif final la prise du pouvoir politique (lettre à Bolte, 29 novembre 1871)”. Lorsqu’il s’agit de la conquête du pouvoir social, la lutte politique des classes est la base. En outre, elle passe avant d’autres formes de lutte de classes telles que la lutte économique ou la lutte idéologique. Bien que, selon Marx, les changements dans la base économique puissent influencer la prise du pouvoir, les pratiques politiques auront davantage de poids (Sánchez Vázquez, 2014).

Cependant, Marx n’a pas réalisé une théorie du pouvoir. Il laisse néanmoins entendre que “le pouvoir politique à proprement parler est la violence organisée par une classe pour en opprimer une autre” (Marx et Engels). Par conséquent, d’autres marxistes approfondiront plus tard les théories du pouvoir social. Par exemple, pour Antonio Gramsci (1977), le pouvoir des classes dirigeantes sur le prolétariat et toutes les classes soumises au modèle de production capitaliste n’est pas simplement dû au contrôle des appareils répressifs de l’État. Ce pouvoir est fondamentalement dû à “l’hégémonie” culturelle que les classes dirigeantes parviennent à exercer sur les classes soumises à travers le contrôle du système éducatif, des institutions religieuses et des médias.

Michel Foucault

Foucault a soutenu que le pouvoir est partout, parce qu’il ne vient de nulle part. Par conséquent, le pouvoir ne pourrait pas se trouver dans une institution ou un État, et l’idée marxiste visant à prendre le pouvoir ne serait pas réalisable. Le pouvoir est un rapport de forces qui se produit dans une société à un moment donné. Ainsi, le pouvoir, étant le résultat des relations de pouvoir, est partout. Et les sujets ne peuvent pas être considérés comme indépendants de ces relations.

Foucault, mettant à mal les conceptions antérieures relatives au pouvoir, se demande : comment les relations de pouvoir peuvent-elles produire des règles de droit qui, à leur tour, produisent des discours de vérité ? Bien que le pouvoir, le droit et la vérité se réajustent, le pouvoir garde toujours une certaine influence prépondérante sur le droit et la vérité.

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Bien que Foucault analyse le pouvoir dans différents contextes et époques, l’une des conceptions les plus importantes est celle du biopouvoir (Foucault, 2000). Le biopouvoir est une pratique des états modernes par lesquels ils contrôlent la population. Le pouvoir moderne, selon l’analyse de Foucault, est codifié dans les pratiques sociales et dans le comportement humain à mesure que le sujet accepte graduellement les subtiles règles et les attentes de l’ordre social. Le biopouvoir conduit à une régularisation biologique de la vie. Nous rencontrons un exemple classique avec les hôpitaux psychiatriques, les prisons et les tribunaux, lesquels définissent les normes par lesquelles une partie de la population s’écarte de la société (Foucault, 2002).

Le pouvoir social en psychologie

Au sein de la psychologie sociale, John French et Bertram Raven (1959) ont proposé cinq formes de pouvoir. Sur ces cinq formes se baseraient les ressources sur lesquelles s’appuient ceux qui exercent le pouvoir. Ces  formes de pouvoir sont les suivantes :

  • Pouvoir légitime : pouvoir d’un individu ou d’un groupe grâce à la position et aux obligations du chef au sein d’une organisation ou d’une société. Le pouvoir légitimé confère à celui qui l’exerce une autorité formelle déléguée.
  • Pouvoir de référence : capacité de certaines personnes à persuader ou à influencer les autres. Il est basé sur le charisme et les compétences interpersonnelles de celui qui détient le pouvoir. Ici la personne soumise au pouvoir prend comme modèle celui qui exerce le pouvoir et tente d’agir comme lui.
  • Pouvoir expert : il dérive des compétences ou de l’expertise de certaines personnes et des besoins de l’organisation ou de la société en matière de compétences. Contrairement aux autres catégories, ce type de pouvoir est généralement très spécifique et limité au domaine particulier dans lequel l’expert est qualifié.
  • Pouvoir de récompense : il dépend de la capacité du leader à accorder des récompenses matérielles. Il se réfère à la façon dont l’individu peut donner aux autres certains types d’avantages en récompense, tels que : du temps libre, des cadeaux, des promotions, des augmentations de salaire ou de responsabilité.
  • Pouvoir de coercition : il se base sur la capacité d’imposer une punition par celui qui le détient. Il peut être assimilé à la capacité d’éliminer ou de ne pas donner de récompenses et trouve sa source dans le désir de ceux qui s’y soumettent d’obtenir des récompenses avec courage, mais influencé négativement par la peur de les perdre. Cette peur est ce qui, finalement, assure l’efficacité de ce genre de pouvoir.
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Comme nous avons pu le constater, les conceptions du pouvoir social furent diverses et largement influencées par les époques. D’une conception du pouvoir comme domination sur une personne, le pouvoir a ensuite été compris comme un réseau complexe de relations. Cette conception du pouvoir, plus actuelle, nous indique que nous sommes toujours impliqués dans des relations de pouvoir. Chaque interaction que nous effectuons sera caractérisée par les différences de pouvoir existantes. Par conséquent, être conscient du pouvoir social est un premier pas pour éviter son influence et non pour l’exercer.

Bibliographie

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Nietzsche, Friedrich Wilhelm (2005). Ainsi parlait Zarathoustra. Un livre pour tout le monde et pour personne. Madrid : Valdemar.

Sánchez Vázquez, Adolfo (2014). Entre réalité et utopie. Essai sur la politique, la morale et le socialisme. Mexique : Fonds de Culture Economique.

Weber, Max (2005). Économie et société. Mexique : Fonds de Culture Economique.

Weber Max (2007). Sociologie du pouvoir. Les types de domination. Madrid : Alliance éditoriale.

 



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