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Pourquoi rions-nous parfois à des moments inappropriés ?

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Avez-vous déjà ri au milieu d'un enterrement ? La science nous dit qu'un rire inapproprié peut être dû à une réaction normale (et cathartique) ou à un problème neurologique.
Pourquoi rions-nous parfois à des moments inappropriés ?
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Rire à haute voix lors d’un enterrement ou lorsqu’il y a une minute de silence. Rire sans arrêt lorsqu’un ami subit une chute spectaculaire ou lorsque nous recevons une mauvaise nouvelle. Si cela vous est déjà arrivé, vous vous êtes sûrement demandé pourquoi nous rions parfois à des moments inappropriés. La réponse à cette question ne pourrait pas être plus intéressante.

La science nous dit que nous ne savons pas tout sur le mécanisme du rire. Nous tenons tous pour acquis que c’est ce geste social qui nous permet de nous connecter les uns aux autres. C’est aussi le canal qui facilite l’expression des émotions positives, comme le bonheur, la joie, la surprise ou l’illusion.

Cependant, il est important de savoir que le rire est la clé pour parfois libérer des états psychophysiques de grande tension et d’anxiété. Le cerveau y recourt comme une ressource pour la catharsis émotionnelle. En fait, comme le disent les neuroscientifiques, le rire est l’un des comportements les plus importants et les plus méconnus des êtres humains.

“La personne souffre si terriblement dans le monde qu’elle a été forcée d’inventer le rire.”

-Friedrich W. Nietzsche-

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Raisons pour lesquelles nous rions à des moments inappropriés

Lorsque nous rions à des moments inappropriés, nous sommes conscients de notre comportement déformé. En d’autres termes, nous savons que cette réaction émotionnelle n’est pas l’idéale dans cette situation, mais elle survient quand même et dans la plupart des cas elle est même rassurante. Cela nous détend quelques instants, bien qu’après nous devions faire face à la confusion sociale.

Est-ce une sorte de folie passagère ? Y a-t-il quelque chose qui ne va pas chez nous? La vérité est que, parfois, ce rire inattendu et inapproprié répond à un certain type de psychopathologie. Mais en moyenne, cette réaction est une réponse psychologique à l’anxiété et à la tension. Ce que notre cerveau fait, c’est promouvoir cette réaction pour soulager tout ce qui contenait l’inconfort.

Par conséquent, ce rire soudain aux funérailles ou ce rire quand on nous donne de mauvaises nouvelles n’est rien de plus qu’un mécanisme de catharsis. Grâce à cette réaction, nous pouvons atténuer la tension négative contenue.

Ainsi, et comme un fait curieux, une chose sur laquelle la science insiste souvent est que les origines évolutives du rire ont répondu, en réalité, plus à un mécanisme de survie qu’à la simple expression de plaisir ou de plaisir. Nous rions pour nous connecter socialement avec les autres et aussi pour passer outre les émotions négatives.

Quand le rire ne favorise pas le lien, à quoi ça sert ?

Des travaux de recherche, comme ceux menés à l’University College de Londres, nous rappellent que le rire est une émotion sociale et qu’il apparaît plus fréquemment lors de nos interactions sociales. Il favorise le lien, la connexion, l’affection et la régulation émotionnelle. Tout cela est clair pour nous.

Maintenant, que se passe-t-il lorsque nous rions parfois à des moments inappropriés et seuls ? Cela nous révèle qu’en effet, le rire n’a pas pour seul but de favoriser la connexion ou le lien humain. De plus, parfois on ne rit même pas “de quelque chose ou de quelque chose”, on rit pour soulager l’inconfort, le stress ou l’anxiété contenue.

En fait, cela nous est arrivé à tous à un moment donné. Après une mauvaise journée, un de ces jours où tout va mal, nous rentrons à la maison pour trouver un réfrigérateur ou une machine à laver en panne. C’est ce qui nous manquait, cela ne fait aucun doute. Cependant, au lieu de réagir avec épuisement ou plus de frustration, on finit par éclater de rire…

Parfois, nous pouvons parler de quelque chose de très pénible et défavorable, et pourtant notre esprit et notre corps répondent par des rires. Il s’agit d’un mécanisme normal généré par une anxiété contenue et qui vise à atténuer l’inconfort.

Le côté obscur du rire à des moments inappropriés

Le rire n’est pas seulement présent chez les humains. On sait qu’il transcende aussi d’autres espèces comme les grands singes. Maintenant, quelque chose de commun entre nous et les chimpanzés ou les gorilles, c’est que le rire est spontané et est lié à certaines situations. Le fait qu’il survienne spontanément, de manière inappropriée et seul est unique.

Nous avons déjà souligné que la plupart du temps ce comportement est le résultat du stress. Cependant, il a aussi un côté pathologique. Des travaux de recherche, tels que ceux menés à l’Université Aga Khan et à l’Université Columbia, indiquent que le rire inapproprié peut être à l’origine de divers troubles neurologiques. Par exemple, les éléments suivants :

  • Epilepsie gelstique (celle dont souffre le personnage du Joker).
  • Maladies démyélinisantes (telles que la sclérose en plaques, la neuromyélite optique ou l’encéphalomyélite aiguë disséminée).
  • Maladies de la paralysie bulbaire et pseudobulbaire.
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Le rire a le pouvoir de surpasser les autres émotions

Les gens rient à des moments inappropriés, c’est une preuve et cela nous est arrivé à tous. Cela nous invite à faire une réflexion importante. Le rire est un mécanisme biologique, social et psychologique essentiel pour l’être humain. Il nous aide à nous connecter les uns aux autres et à exprimer des émotions de valence positive.

Cependant, il a également un autre objectif et est d’annuler ou de réguler ces émotions complexes. L’anxiété, l’angoisse, la tristesse, la frustration, la colère, le stress ou la simple surcharge de pensées peuvent parfois conduire à des rires inappropriés et involontaires. Avec elle, cette tension interne est soulagée.

Grâce à ces rires, deux choses se produisent : nous vivons une certaine catharsis, c’est-à-dire que l’état émotionnel s’atténue et nous prenons conscience qu’il y a une série de réalités auxquelles nous devons faire face. C’est la clé, gérer ce qui fait mal ou inquiète.


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