Pourquoi les gens font-ils des commérages ? Voici ce que dit la science

Les ragots sont comme la fumée toxique qui envahit une bonne partie de nos environnements sociaux. Rumeurs, critiques, commentaires trompeurs sur des personnes que l'on ne connaît pas en profondeur ou qui ne sont pas présentes...
Pourquoi les gens font-ils des commérages ? Voici ce que dit la science
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater.

Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Pourquoi les gens font-ils des commérages ? Qu’est-ce qui pousse l’être humain à avoir ce comportement presque depuis la nuit des temps et dans presque n’importe quel endroit ?

La vérité est que parler et évaluer quelqu’un d’absent est quelque chose de « très humain ». En outre, nombreux sont ceux qui poussent un tel comportement à l’extrême. L a psychologie sociale souligne qu’ il s’agit d’une manière d’ acquérir du pouvoir. Quiconque faits des commérages sur les autres en créant de fausses histoires acquiert une certaine position au sein d’un certain groupe.

Il y a en outre quelque chose de frappant et contradictoire : nous savons tous que ce type de comportement est nuisible et irrespectueux. D’une certaine manière, nous comprenons très bien la théorie classique des trois filtres de Socrate selon laquelle avant de parler nous devons évaluer si ce qui va sortir de notre bouche est “vrai”, est “bon” et “nécessaire”. Nous le faisons néanmoins quotidiennement.

Que nous dit la science à ce sujet ? A nalysons- le .

« Il faudrait imposer cette règle : ne jamais répéter une déclaration malveillante sans en vérifier le contenu. Même s’il est vrai qu’ ainsi nous ne parler ions jamais de rien ».

-André Maurois-

gens font-ils des commérages

Explications sur les raisons pour lesquelles les gens font des commérages

Avant d’approfondir pourquoi les gens font des commérages, il convient d’admettre l’évidence : nous l’avons tous fait à un moment ou à un autre. Cependant, les commérages ne répondent pas toujours à un comportement négatif. Comme nous le découvrirons ci-après, il remplit souvent un rôle informatif visant à réduire l’incertitude.

École, travail, environnements familiaux et groupes WhatsApp, les commérages sont à l’ordre du jour. Découvrir que notre collègue de bureau trompe sa compagne, voir que notre prof vient de se faire tatouer, que notre voisin a soudainement acheté une voiture de sport… Il existe de nombreux déclencheurs qui incitent aux ragots. M ais c e qui nous motive à les user est le simple désir d’échanger des informations entre nous.

Certaines études, comme celles menées à l’Université de Californie (États-Unis), indiquent quelque chose d’important. Les hommes comme les femmes font des commérages. Les femmes participent toutefois beaucoup davantage à des échanges d’informations neutres, tandis que les hommes sont plus enclins à utiliser des potins de valence négative.

Voyons ce que la science dit d’autre à ce sujet.

Nous sommes “programmés” pour faire des commérages

La psychologie évolutionniste souligne que les commérages sont une faille héritée de nos ancêtres préhistoriques. L’inquiétude ou la curiosité pour la vie des autres est ancrée dans notre cerveau.

Selon ce que l’anthropologue Robin Dunbar nous explique dans son livre Grooming, Gossip, and the Evolution of Language, faire des commérages facilitait l’union du groupe. En plus de renforcer les liens entre un petit groupe de personnes, cela nous perm ettait d’obtenir des informations auprès d’autres groupes sociaux pour me pas être surpris.

De plus, cet échange d’informations facilita encore plus le développement du langage. On pourrait donc dire qu’à l’aube de notre développement en tant qu’humanité, ce comportement facilita également notre survie et notre développement psychosocial.

Pour nos ancêtres, les commérages étaient un moyen d’évaluer qui était de confiance et qui pouvait constituer une menace pour le groupe.

Pourquoi les gens font-ils des commérages ? Pour avoir du pouvoir au sein d’un groupe

L’étude suscitée de l’Université de Californie, dirigée par le Dr Megan L. Robbins, souligne d’autres données intéressantes :

  • Les plus jeunes sont plus enclins à faire des commérages que les personnes plus âgées.
  • Une partie des conversations qui ont lieu dans les environnements professionnels peuvent être qualifiées de potins. Cependant, les trois quarts d’entre eux sont neutres. Autrement dit, ce sont de simples échanges d’informations face à l’incertitude de l’environnement.
  • Après les potins de valence neutres abondent ceux négatifs.
  • Les extravertis font beaucoup plus de commérages que les introvertis. Ils veulent ainsi gagner en notoriété au sein d’un certain groupe. Être celui qui échappe aux commentaires injurieux et dégradants leur fait croire qu’ils assument une position de pouvoir. La fin justifie toujours les moyens, s’ils gagnent ainsi des adeptes (des personnes qui, loin d’arrêter les commérages, les valident et les répandent davantage).
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Le besoin de faire partie d’un groupe : les commérages comme connecteurs sociaux

Il est nécessaire de prendre en compte la solitude si on se demande pourquoi les gens font des commérages. D’une part, les jeunes qui utilisent des rumeurs cherchent fréquemment à occuper le devant de la scène – le sensationnalisme peut être un moyen très bon marché d’atteindre cet objectif. La scène classique consistant à rassembler un groupe dans un coin de la salle et à partager des informations soi-disant confidentielles est un classique.

Cependant, la raison change à un âge avancé. C’est du moins ce qu’indique un travail de recherche mené par le Docteur Stacy Torres de l’Université de Californie. Quand nous vieillissons, les commérages constituent notre ciment social, le moyen de rester en contact les uns avec les autres et de trouver une motivation simple.

Une façon de surmonter la solitude est de parler avec d’autres personnes de rumeurs spécifiques qui signalent l’activité de voisins ou de personnes célèbres – références communes -, de cette série qu’ils suivent à la télévision ou d’un élément qui pourrait générer la controverse.

Il ne s’agit pas forcément de commérages négatifs. C ‘est parfois la simple curiosité et surtout l’envie masquée de parler à quelqu’un de n’importe quoi. Pour conclure, la « science des rumeurs » nous permet d’approfondir le comportement humain, ses nuances uniques ainsi que ses besoins. Il s’agit toujo urs du reflet clair de qui nous sommes.

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  • Dunbar, Robin (2015) Grooming, Gossip, and the Evolution of Language. Harvard University Press
  • Eckhaus, Eyal & Ben Hador, Batia. (2018). To gossip or not to gossip: Reactions to a perceived request to gossip – A qualitative study. Trames. Journal of the Humanities and Social Sciences. 22. 273. 10.3176/tr.2018.3.04.
  • Robbins, M. L., & Karan, A. (2019). Who Gossips and How in Everyday Life?. Social Psychological and Personality Science, 1948550619837000.

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