Peut-on vivre sans amis ? Découvrez la réponse
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Peut-on vivre sans amis ? Face à cette question, plus d’une personne dira probablement “Bien sûr que c’est possible ! C’est vrai, je n’ai pas d’amis et je suis en vie“. C’est vrai, on ne manque pas d’oxygène parce qu’on n’a pas de liens sociaux, notre cœur ne s’arrête pas, et on ne s’éteint pas emporté par le vent juste pour cette raison.
Mais comment vivre sans eux ? Connaissons-nous le bien-être ou sommes-nous des victimes régulières du vide existentiel ? Il est certain que personne ne perd sa vie parce qu’il n’a pas au moins un ami.
Toutefois, dans de nombreux cas, cette situation entraîne de la tristesse, de la déception et du découragement. N’oublions pas que l’un des principaux motifs de thérapie est le sentiment de solitude, le fait de ne pas pouvoir créer de liens sociaux solides et de ne pas avoir quelqu’un avec qui parler, rire et partager de bons moments de vie.
Les humains sont des êtres sociaux et le cerveau a besoin de cette interaction de qualité avec les pairs pour profiter d’émotions positives, se sentir validé et en sécurité. Maintenant, comme le souligne la psychologie de l’évolution, avoir des amis n’est pas nécessaire pour notre survie, mais cela améliore la qualité de vie et favorise le sentiment de bonheur.
Est-il possible de vivre sans amis ?
On dit souvent que la qualité de nos relations sociales est nourrie par ce que nous avons vécu au sein de notre famille. Cependant, ce n’est pas tout à fait vrai.
Certaines personnes ont un passé traumatique dû à des parents abusifs ou peu aimants et, pourtant, ont construit leur vraie famille sur les liens de l’amitié. Parfois, c’est même l’inverse : avoir une famille aimante ne garantit pas toujours que nous nouerons des amitiés solides.
D’autre part, et au-delà de tout cela, personne ne peut nier que les bons amis donnent de la couleur à la vie. Ce sont des constatations fortuites qui, contrairement à la famille, ne nous viennent pas naturellement. Et presque sans savoir comment, ils deviennent complices, des trésors inattendus qui voyagent avec nous pendant une certaine période, et parfois pour toujours.
Il y a des amis qui vont et viennent, c’est vrai. De fausses amitiés et des amitiés qui font de nous des gens meilleurs. Cependant, il y a ceux qui, par manque de compétences sociales ou aussi pour avoir accumulé plus de quelques déceptions, ont été privés de ces figures pendant longtemps. La question est donc de savoir si l’on peut vivre sans amis.
Nous pouvons vivre sans amis parce que nous sommes une société de plus en plus individualiste
On peut vivre sans amis, c’est vrai. Un projet de recherche mené à l’université de l’Arizona par le Dr Melika Demir et le Dr Ingrid Davidson a montré quelque chose d’intéressant qui nous invite à réfléchir. On a découvert qu’en effet, les amitiés sont une variable pour connaître le bonheur. Cependant, en moyenne, ce facteur n’est pas le plus important aux yeux des gens.
Ce qui est le plus décisif, c’est la satisfaction des besoins fondamentaux et aussi le sentiment de compétence. Il est plus souhaitable de se sentir indépendant, de couvrir les aspects fondamentaux tels que la nourriture, le travail, le logement ou même d’avoir un partenaire. Un autre facteur est ajouté, à savoir les “relations liquides”.
Comme le dirait le philosophe et sociologue Zygmunt Bauman, la société est de plus en plus individualiste. Cela rend les liens plus fragiles, peu fiables et même insaisissables. Les amis vont et viennent, ils durent rarement, et bien que cela puisse générer de la désaffection, certaines personnes s’y habituent.
Je n’ai pas besoin d’amis, car j’ai des interactions sociales avec beaucoup de gens
Les gens doivent avoir accès à une interaction sociale quotidienne, au moins dans sa forme la plus élémentaire. Parler avec des collègues de travail, échanger des conversations avec les voisins, avec ceux qui nous vendent du pain tous les jours… Ce sont des moments qui nous font du bien, au point que beaucoup de gens n’ont pas besoin d’aller plus loin.
C’est-à-dire qu’ils ne veulent pas ou ne cherchent pas à consolider des liens solides qui deviendront de véritables amitiés. Ce genre d’interaction plutôt superficielle suffit donc à certains hommes et femmes, qui pourraient dire sans risque qu’il est en effet possible de vivre sans amis.
Ne pas avoir de solides amitiés a-t-il un prix ?
Nous savons que nous pouvons vivre sans amis. De nombreuses personnes n’ont pas ce type de lien pour une raison ou une autre et elles continuent à vivre leur vie. Mais ce constat a-t-il un coût psychologique ? Il est vrai que chaque personne est un monde : certains le vivent mal, d’autres se sentent épanouis dans leur solitude.
Cependant, ce n’est ni normal ni recommandé. Il est intéressant de garder ceci à l’esprit : les suicides sont de plus en plus fréquents dans cette société individualiste aux relations fragiles. Le fait de ne pas avoir d’amis ne nous tue pas en soi, c’est vrai, mais cela rend la vie plus difficile.
Nous avons besoin d’amitiés de qualité, de personnes en qui nous pouvons avoir confiance pour créer des espaces dans lesquels nous pouvons nous nourrir émotionnellement. L’amitié rend notre existence plus complète, lui donne plus de sens et nous offre ce type de soutien qui a un effet si positif sur notre santé mentale.
L’absence de cette dimension crée des vides et des blessures dans lesquels naviguent la désaffection et la solitude, qui adhèrent et déforment douloureusement notre réalité. Ne nous en privons pas… Cherchons des gens avec qui nous pouvons partager nos passions, avec qui nous pouvons grandir, rire, partager… Les bienfaits de l’amitié sont incalculables.
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