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Zygmunt Bauman : Facebook et le piège des réseaux sociaux

4 minutes
Zygmunt Bauman : Facebook et le piège des réseaux sociaux
Dernière mise à jour : 27 juillet, 2022

Zygmunt Bauman est un sociologue polonais qui a acquis une renommée grâce à l’une de ses œuvres, La modernité liquideDans cette dernière, il dénonce le fait que la postmodernité a entraîné l’écroulement de tout ce qui était “solide”. Plus rien n’est solide. Tout est temporaire et passager.

La jeunesse de Zygmunt Bauman n’a pas été exempte de difficultés. Il a dû fuir de son propre pays, poursuivi par le régime nazi. Finalement, il est parvenu à s’établir en Israël et, à partir des années soixante-dix, a commencé à surprendre le monde avec ses thèses. Ceci lui a valu plusieurs prix importants, comme le titre de “Prince des Asturies” en 2010.

…”Whatsapp, notebook, sms, Internet… Des attaches qui annulent le désir de dialogue, de regard, de contact physique et de tout type de responsabilité communicationnelle qui entraînerait un risque”.

-Jorge T Colombo-

Zygmunt Bauman a analysé le monde contemporain de façon crue. L’un des thèmes qui a occupé ses réflexions les plus récentes est Internet et les réseaux sociaux. Il ne voit pas de grandes qualités en eux. Il les définit plutôt comme des pièges contemporains dans lesquels les gens tombent et sont heureux de le faire.

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Zygmunt Bauman et Facebook

L’une des phrases de Zygmunt Bauman nous interpelle énormément. Il dit la chose suivante: “Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, a gagné 50,000,000,000 dollars avec son entreprise en se concentrant sur notre peur de la solitude. Voici ce qu’est Facebook”. En réalité, il ne fait pas seulement référence à Facebook mais à tous les réseaux sociaux.

Le sociologue a insisté sur le grand mérite de Mark Zuckerberg: celui de s’être rendu compte que le désir humain de ne pas être seul pouvait aller très loin. Sur un réseau social, la solitude n’existe apparemment pas: 24/24 heures, 7/7 jours, quelqu’un est “là”, disposé à lire n’importe laquelle de nos inquiétudes et à soutenir le fait que nous les partagions, en donnant un “like” solitaire.

Les personnes semblent maintenant disposées à faire partie de conversations totalement insignifiantes. Tout cela dans le but de rester “connectées”. Elles ne passent plus leurs journées avec des personnes. Désormais, au quotidien, leur compagnon est un ordinateur ou un smartphone.

L’absence de dialogue et de communauté

L’oeuvre de ce sociologue parle des nouvelles dépendances technologiques. Pour lui, ce sont des forces ravageuses auxquelles personne (ou presque) ne peut résister. Elles ont un pouvoir de congrégation impressionnant. Rien de tel n’avait jamais existé auparavant. Cependant, Zygmunt Bauman pense aussi que l’on n’avait jamais vu autant de communication qui ne débouche pas sur un dialogue, qui ne porte pas de fruits.

Zygmunt Bauman dit que sur Facebook et les réseaux similaires, les gens agissent par “écho”. Ils écoutent uniquement ce qu’ils veulent entendre. Ils ne parlent qu’à ceux qui pensent la même chose. Les réseaux sont donc comme un immense palais des glaces. Ils favorisent les rencontres mais pas le dialogue.

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Établir ou éliminer un contact sur un réseau social est extrêmement simple. Dans la vie réelle, ce n’est pas vraiment le cas. Il faut assumer chacun de nos actes. Sur Internet, non. Il y a un échange de messages mais pas de dialogue. Des différences mais pas de débat constructif. L’illusion d’être connectés aux autres est en place.

Le règne du “moi public”

Les réseaux sociaux invitent à s’exposer. À montrer et démontrer qui l’on est. Bien sûr, nous ne choisissons de montrer que le meilleur de nous. Nous formons de petites communautés que nous gérons à notre guise. Nous sommes de petits dictateurs dans le règne de notre compte. Nous décidons de qui doit être là ou non. Les absences et les présences ne nous affectent pas du tout.

Le “moi” occupe une place décisive sur les réseaux sociaux. Sans nous en rendre compte, nous devenons dépendants de cette exposition publique sur les réseauxNous voulons être identifiés et reconnus d’une façon déterminée, et nous pouvons même nous sentir frustrés si nous n’y parvenons pas.

Zygmunt Bauman voit, dans les réseaux sociaux, un piège pour l’être humain. Il pense que ce type d’espace a une incidence décisive sur ce qu’il appelle “la culture liquide”. Dans cette dernière, ce sont les liens humains précaires qui règnent en maîtres. Des amours sans visage et sans engagement. Des vagues de sentiments et d’idées qui sont présentes aujourd’hui mais qui disparaîtront demain. Des gens qui s’amusent tandis que le pouvoir politique et économique les contrôle de plus en plus et de mieux en mieux.

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Pour Zygmunt Bauman, le panorama n’est pas réjouissant. Nous nous transformons en personnes désinformées alors que les informations ne cessent de circuler. Nous ne savons jamais en quoi nous devons croire. Malgré toute cette communication, nous vivons dans un monologue incessant. La mondialisation est telle que l’individualisme est devenu de plus en plus agressif. Apparemment, cette grande liberté nous a rendu plus dociles que jamais face aux impositions de ceux qui décident de nos modes de vie.

 

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.