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Pensée équilibrée : un regard à l'écoute du monde

6 minutes
Pensée équilibrée : un regard à l'écoute du monde
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Une pensée équilibrée nous permet de cerner le monde sans filtres et avec un minimum de distorsion. Avec authenticité et sans s’embourber dans des préjugés, sans que les images ne soient bouleversées par les distorsions cognitives. Assumer et pratiquer ce type d’approche nous permettrait de laisser de côté un large éventail d’éléments négatifs : de l’anxiété à ces spirales de découragement qui nous hantent parfois.

Lorsque nous entendons le mot «équilibre», plusieurs idées viennent à l’esprit. L’une d’elles est sans doute l’image classique de quelqu’un qui s’avance sur une corde suspendue dans l’air, essayant de ne pas tomber, avançant avec difficulté mais avec assez d’habileté pour ne pas tomber dans le vide. Son équilibre, loin d’être sur ses pieds, se trouve surtout dans son esprit. Cette image en tant que telle, ne peut pas être plus pertinente.

“Le bonheur n’est pas une question d’intensité, mais d’équilibre et d’ordre, de rythme et d’harmonie.”

-Thomas Merton-

 

Dans notre quotidien, nous nous retrouvons souvent dans cette même situation. Notre réalité est parfois chaotique, exigeante, complexe et même douloureuse. La vie est la corde elle-même et nous ces acrobates qui doivent maintenir l’équilibre pour ne pas perdre le contrôle. L’application d’une pensée équilibrée est la clé pour y parvenir, car à partir de cela aussi nos émotions trouvent le calme et nos “pieds” la direction pour nous permettre d’atteindre un but spécifique.

Cependant, il faut dire que ce n’est pas facile à atteindre. Notre cerveau fonctionne la plupart du temps inconsciemment et par automatismes. Ces raccourcis mentaux découlent souvent de nombreux préjugés, de nombreuses attitudes limitatives et de schémas très rigides qui nous conduisent parfois à des extrêmes. Nous devons donc assumer le contrôle et la puissance de son être pour trouver la flexibilité et cet équilibre magique qui réordonne (presque) tout.

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Pensée équilibrée : trouver le calme au milieu de l’incertitude

Il y a quelques années, une étude intéressante a été réalisée au centre médical universitaire de Hambourg-Eppendorf. On a pris un groupe de patients souffrant de dépression et d’autres ayant un trouble obsessionnel-compulsif (TOC). Ils ont été inclus dans un programme d’entraînement métacognitif qui a duré un an. Le but était concret, et stimulant: amener ces personnes à tolérer l’incertitude, à réduire les distorsions cognitives, à réfléchir sur leurs propres pensées et à améliorer leurs processus de raisonnement.

Le résultat de cette étude était très positif, au point que dans de nombreux cas, il était possible de réduire les doses de médicaments. Tout cela nous invite à conclure avec l’expression classique que «bien penser nous aide à mieux vivre». L’application d’une pensée équilibrée est donc un moyen très utile d’investir en nous-mêmes et une aide inestimable pour faire face à beaucoup de ces schémas mentaux qui nous laissent piégés dans les trous noirs. Voyons maintenant quels sont ces processus internes qui enlèvent généralement, précisément, la qualité de vie.

Beaucoup de nos pensées sont déformées

L’anxiété, les soucis constants et les peurs travaillent à travers des ancres négatives. Nous l’expérimentons presque sans nous en rendre compte, nous focalisant sur ce qui se passera,  sur cette erreur d’hier, sur ce que je pense qu’il peut arriver de mal … Ce schéma cognitif est souvent basé sur un type d’ingénierie esprit très sophistiqué en plus d’implacable: les pensées déformées. Parmi ceux-ci, nous pouvons trouver ce qui suit, ceux que nous appliquons habituellement plus fréquemment au jour le jour :

  • Filtrage : nous nous concentrons sur les détails négatifs en les intensifiant.
  • Pensée polarisée : dans notre réalité, il n’y a pas de tons intermédiaires, tout est bon ou mauvais, blanc ou noir.
  • Sur-géneralisation : des plus petites et les plus insignifiantes choses, nous pouvons faire des conclusions effrayantes et dramatiques.
  • Points de vue catastrophiques :  rien de bon ne va se produire, il est clair que quoi que vous fassiez, tout ira mal
  • Personnalisation : tout événement occasionnel, de même que tout ce que font, pensent ou disent les autres, aura à voir avec vous.
  • Raisonnement émotionnel : ce que nous ressentons est ce qui nous définit. Si nous échouons, nous sommes des échecs irrémédiables.
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Compte tenu de ces schémas de pensée, il est tout à fait possible que plus d’un se demande si, pour corriger cela, l’idéal serait de «penser positivement», d’aller dans la direction opposée. Bien, aussi curieux que cela puisse paraître, ce n’est pas non plus le cas. Il n’est pas question de faire du positivisme extrême, de se dire que «tout ira bien».

Si nous faisions ainsi, nous appliquerions également un raisonnement déformé. Il ne s’agit donc pas d’aller aux extrêmes, de ne penser qu’aux mauvaises ou aux bonnes choses. Le bon «équilibriste» va calmement, étape par étape, et assume la pleine responsabilité de voir ce qui l’entoure avec attention et objectivité.

Comment mettre en pratique une pensée équilibrée ?

L’application d’une pensée équilibrée à notre vie de tous les jours réduira non seulement le risque de souffrir de stress, d’anxiété, mais également de tomber dans le cercle de la dépression. Penser de manière équilibrée améliore par ailleurs notre vie en commun parce que nous évitons de faire usage des «ismes», c’est-à-dire des préjugés, de l’égoïsme, du fanatisme…

La pensée équilibrée se détache et abandonne beaucoup de ces pièges internes qui nous empêchent de vivre pleinement en nous aimant un peu plus et en respectant ceux qui nous entourent. Apprenons donc à en faire usage.

“La vie est comme faire du vélo; pour garder l’équilibre, tu dois continuer à bouger.”

-Albert Einstein-

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Clés pour appliquer une pensée équilibrée

La première étape consiste à s’adonner au calme. Parfois, nous allons trop vite parce que nous sommes habitués à vivre automatiquement. Vivre ainsi intensifie l’apparition de pensée « déséquilibrée », c’est à dire qui ne raisonne pas, qui est emportée, qui ne voit pas, n’apprécie pas … Ralentissons, octroyons-nous des moments de silence et de calme.

  • La deuxième étape consiste à ne pas faire d’hypothèses. Y parvenir peut s’avérer difficile, mais évitons, autant que possible, de tomber dans des jugements rapides, en utilisant des étiquettes … Cela serait peut être plus rapide, mais cela augmenterait aussi considérablement nos erreurs.
  • Arrête de nous saboter. Dites “non” à la distorsion de la réalité et refusez d’être sans cesse les victimes. Respectez-vous, ayez confiance en vous et voyez des opportunités là où auparavant vous n’imaginiez que des portes fermées.
  • Acceptez l’incertitude. La pensée équilibrée tolère l’incertitude, ne la craint pas parce qu’elle pense que tout ce qui va arriver n’est pas mauvais. Si tel est le cas, nous avons des stratégies adéquates pour faire face à ce qui peut arriver.
  • Ne déformez pas la réalité, apprenez à voir les choses telles qu’elles sont, telles qu’elles se produisent. Ne soyons pas obsédés par la façon dont nous aimerions que tout soit, soyons plus réceptifs, plus humbles.
  • Faites plus confiance aux autres: n’excluez pas celui qui pense différemment. Ne vous sentez pas supérieur ou inférieur à qui que ce soit. Pratiquez l’acceptation et mettez de côté les ressentiments.

Finalement, nous sommes conscients qu’une pensée équilibrée n’est pas facile à appliquer au jour le jour. S’y adonner implique de restructurer de nombreuses étagères de notre être, de briser des murs, de corriger des approches et de nous permettre d’être un peu plus «libre». Faisons donc de cet objectif un exercice quotidien, apprenons à développer une approche plus calme, réceptive et équilibrée.

 

 

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.