Je ne tiens pas une seule minute : je souffre d'impatience

Je ne tiens pas une seule minute : je souffre d'impatience

Dernière mise à jour : 28 août, 2017

L’impatience est une marque de nos tempsOn retrouve des points de vue ambigus à ce sujet. Tandis que des centaines d’articles et de documents promeuvent l’idée d’une attitude plus tranquille face à la vie, la société valorise tout ce qui permet de faire n’importe quoi plus rapidement. Nous avons atteint le comble en nous inquiétant pour cinq secondes de retard dans la connexion au réseau wifi, sans parler du degré de tolérance que nous avons quand quelqu’un ne démarre pas alors que le feu vient de passer au vert.

Il est important de souligner que l’impatience est un comportement appris. Même si, physiologiquement, certains organismes réagissent avec plus de dynamisme face aux circonstances, cela n’est pas dû au manque de patience. Ce sont la culture et l’éducation qui inoculent cette incapacité à attendre ou à tolérer que quelque chose se fasse lentement.


“La patience est la force du faible et l’impatience, la faiblesse du fort.”

-Emmanuel Kant-


L’impatience est associée à l’incapacité à tolérer la frustration. Ne pas obtenir rapidement le résultat souhaité, en principe, ne devrait pas déboucher sur de l’inquiétude. Cependant, nous nous retrouvons face à une demande sociale de vitesse dans tout ce que nous faisons et dans un même ordre d’idées, l’éducation tend à dissocier les efforts des résultats. On fomente l’idée selon laquelle on doit, par tous les moyens, obtenir ce que l’on désire ; et plus cela se fait rapidement, mieux c’est.

L’immédiat et l’impatience

La perception émotionnelle du temps a souffert de grands changements ces derniers temps. Il existe une hypervalorisation du présent. On insiste beaucoup sur l’idée d’ici et maintenant. À cause de cela, l’absence de résultats immédiats se transforme normalement en source d’angoisse. Ainsi, cette inondation du présent qui va plus vite que ce à quoi nous faisons attention ne fait que nous remplir d’anxiété.

Les concepts de moyen et court terme sont devenus flous pour de nombreuses personnes. On ne donne pas beaucoup de valeur aux processus mais on en accorde beaucoup aux résultats. Il y a une urgence dans tout, car on a popularisé l’idée selon laquelle le temps manque. On ne peut plus “perdre” une minute. Ainsi, le temps a gagné en transcendance, comme un indicateur de compétitivité.

Il y a encore peu de temps, le retard n’avait pas de connotation négative. Il était accepté comme un fait naturel, surtout pour quelques tâches liées à la créativité. On assumait l’idée selon laquelle certains processus exigent plus de temps que d’autres et, pour cette raison, on les laissait s’écouler sans les accélérer. Aujourd’hui, ceci est quasiment impossible. C’est pour cela que beaucoup de personnes recherchent une technique, une méthode, un raccourci qui les mènent rapidement au point qu’elles veulent atteindre.

L’irritabilité et l’impulsivité des impatients

L’impatience est cette boîte où, petit à petit, la tension s’accumule. C’est comme si une corde était tendue entre, à un bout, les efforts effectués et, à l’autre bout, le résultat espéré. Entre ces deux extrémités, il n’y a qu’un laps de temps que beaucoup veulent réduire au maximum.

Ainsi, il est habituel de voir que celleux qui sont impatient-e-s restent dans un état d’irritation constant. Iels souffrent d’une sorte d’avarice du temps. Iels veulent que tout se passe rapidement, mais cette rapidité n’est jamais suffisante pour elleux. S’il y a deux minutes de retard, iels veulent en retirer une. Et ainsi de suite. Comme il est impossible que tout se fasse à l’instant même, un état de colère et de tension se met en place.

Il est également habituel que les impatient-e-s agissent de façon impulsive. Leur obsession pour la rapidité devient un besoin d’agir urgemment avec tout. Il est aussi fréquent de voir qu’iels ne s’arrêtent pas une seule seconde pour penser à ce qu’iels peuvent faire ou dire. Iels veulent réagir, même s’iels doivent se rétracter par la suite. L’irritabilité, qui se trouve en toile de fond, est là pour les aider à agir de cette façon.

Surmonter les états d’impatience

L’impatience n’est ni dans vos gènes, ni dans votre constitution en tant qu’être humain. Comme on l’a expliqué précédemment, il s’agit d’un schéma comportemental qui s’apprend. De ce point de vue, il est possible de rééduquer les émotions pour qu’elles correspondent à une manière d’agir plus constructive. Il y a différentes façons d’atteindre cela, mais l’une des plus efficaces est simplement d’avoir recours à la patience.

Il s’agit, en premier lieu, d’incorporer un rythme subjectif plus lent et posé, sans entrer dans le désespoir. Il est bon de commencer par des exercices de respiration. Cinq minutes par jour pour respirer lentement et profondément.  Une action aussi simple génère des temps différents dans les battements de cœur, dans l’activité du cerveau. De cette façon, vous cesserez d’avoir cette sensation de perdre du temps quand vous devez ralentir ou attendre quelque chose.

Il est utile de cultiver la patience car plus vous serez serein et plus vous aurez de possibilités d’obtenir un bon résultat. Par ailleurs, vous pourrez mieux programmer votre temps et être moins maladroit-e dans vos réactions émotionnelles. Vous augmenterez même cette précieuse sensation de contrôle de vous-même et éviterez de faire des choses pour ensuite les défaire, de dire pour ensuite démentir, de décider pour ensuite regretter. Cherchez des situations qui vous obligent à attendre un peu. Si votre cas n’est pas pathologique, cela suffira à rééduquer votre attente.


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