La manipulation émotionnelle, une façon fréquente de résoudre les conflits internes
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Vous devez être plus qu’habitué-e à entendre parler de la manipulation émotionnelle. De ses façons d’entrer en jeu et des victimes qu’elle laisse sur son passage. Il s’agit sans doute de l’un des comportements qui génère le plus d’effets pernicieux chez la victime, surtout en raison de son caractère silencieux et létal.
La personne qui manipule émotionnellement a un plan d’action parfaitement défini dans sa tête. Elle est consciente des faiblesses de sa proie et sait comment démonter ses défenses pour la vaincre. La vaincre peut impliquer qu’elle se fasse passer pour la victime et que l’autre en soit coupable. Que l’autre personne lui donne finalement raison et accède à ce qu’elle veut.
Elles triomphent aussi quand elles réussissent à générer certaines émotions chez l’autre, en fonction de ce qui les intéresse. Le plan, comme nous le disions, est tout tracé. Et ces personnes n’auront aucun scrupule à utiliser les moyens nécessaires pour s’approprier la volonté de l’autre, comme un outil nécessaire pour leur objectif.
La dissonance cognitive, une origine fréquente de la manipulation émotionnelle
Vous vous êtes sûrement rendu-e compte que le terme utilisé en psychologie est celui de “dissonance cognitive“. La dissonance cognitive fait référence au conflit interne que nous vivons quand deux pensées qui ne paraissent pas congruentes entre elles s’abritent dans notre esprit. Ou quand une pensée ne cadre pas dans notre système de croyances ou avec notre comportement.
Ce conflit interne, cette tension qui ronge la pensée, finit par mener à un résultat plutôt curieux. Nous ferons tout pour éviter cette sensation de déracinement cognitif dans lequel nous nous sommes plongé-e-s sans nous en rendre compte. Cette sensation d’inconsistance interne nous déplace d’une telle façon que nous ferons tout notre possible pour l’éliminer.
Nous avons besoin de ressentir une congruence interne entre ce que nous ressentons et ce que nous pensons, entre nos croyances et nos attitudes… entre ce que nous pensons et la manière dont nous agissons. Quand nous nous retrouverons à ce carrefour, nous en sortirons par n’importe quel moyen, même si c’est en prenant la main de l’auto-tromperie.
L’auto-tromperie est le subterfuge par excellence de toute dissonance cognitive
Comme nous le disions auparavant, nous ferons tout pour ne pas avoir à supporter pendant longtemps cette sensation si désagréable qui s’est emparée de notre corps. Nous éviterons de prendre conscience de toutes ces informations qui font augmenter cette dissonance et nous ferons “la sourde oreille” face à tout ce qui peut nous déstabiliser encore plus.
Le/La manipulateur-trice émotionnel-le sait comment agir face à la dissonance cognitive, en s’auto-trompant pour atteindre son objectif. Par exemple, il y a des personnes qui se sentent incapables de mettre fin à une relation de couple ; ces personnes feront tout ce qui est en leur pouvoir pour inverser la situation et pour que ce soit l’autre qui mette un point final à l’histoire.
Jorge veut quitter María parce qu’il vient de rencontrer une autre fille avec laquelle il a ressenti une “connexion spéciale”. María, en revanche, qui n’est pas au courant de cela, ne veut pas le quitter parce qu’elle est très amoureuse de lui. Bien. Face à cette situation, Jorge fera tout son possible pour que María n’en puisse plus de cette relation et pour qu’elle y mette fin une bonne fois pour toutes. Plus tard, il la fera se sentir l’unique responsable de la rupture. “Ah, mais non, c’est toi qui m’a quitté, je n’ai jamais rien voulu de ça !”.
Le/La manipulateur-trice transfère la faute sur l’autre et est exempt-e de toute culpabilité
Face à l’inconfort extrême que lui produit l’affrontement entre ce qu’il aimerait être, quelqu’un de fidèle, et ce qu’il est en ce moment, quelqu’un d’infidèle, Jorge choisit de manipuler émotionnellement María pour que ce soit elle qui résolve la situation… Pour, au final, qu’elle en soit l’unique coupable. Le plus probable est que María ne comprenne même pas ce qu’il se passe réellement parce que peu de personnes peuvent concevoir qu’un conjoint agisse de cette manière. D’un autre côté, le comportement de Jorge n’est pas forcément conscient.
Le fait est que Jorge ne s’imagine pas mettre fin à une relation qu’il aimerait achever parce qu’une autre personne est apparue dans sa vie. Dans sa tête, il ne veut pas avoir le rôle de bourreau, alors celle-ci, pour le protéger, le fera passer pour la victime. Et, parce qu’il n’accepte pas cette réalité, parce qu’il n’assume pas sa responsabilité, il manipulera María jusqu’à ce que la corde se rompe définitivement. Et peu importe le mal qu’il lui fera.
Si María est celle qui le laisse, il n’a plus à se sentir coupable d’avoir voulu la quitter pour une autre personne. Parce que c’est “très mal vu” et parce que cela peut lui coûter cher. En revanche, de cette façon, le conflit interne se résout et il réussit à sortir triomphant de cette bataille.
C’est pour toutes ces raisons que la manipulation émotionnelle, parfois, se duplique dans un chaos cognitif qui cherche à s’en débarrasser coûte que coûte. Les personnes manipulatrices chercheront un bourreau, un coupable qui les fera passer pour des victimes ou qui les placera dans une situation qui justifiera leurs pensées ou comportements.
L’autre sera coupable. Et elleux seront toujours, en fin de compte, les victimes malheureuses dans leurs relations.
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