Les Vikings, des assassins sanguinaires ?

Craints par leurs contemporains, la description des Vikings dans l'Histoire ne correspond pas toujours à celle des légendes. Il semblerait que les Vikings étaient plutôt des fermiers que des guerriers.
Les Vikings, des assassins sanguinaires ?
Juan Fernández

Rédigé et vérifié par l'historien Juan Fernández.

Dernière mise à jour : 22 décembre, 2022

Parmi tous les peuples qui se sont retrouvés dans les pages de l’Histoire, les Vikings sont sans doute l’un des plus connus et admirés. Source d’inspiration de nombreux romans, séries et long-métrages, nous avons tous une image bien définie de ces marins et guerriers. Néanmoins, les connaissances historiques que nous possédons de ce peuple sont loin d’être très claires et, souvent, elles contredisent les légendes populaires.

Il est essentiel de prendre en considération le point suivant : comme c’est le cas avec de nombreux autres peuples de l’Histoire, les textes contemporains qui parlent des Vikings pendant les VIII ème ou IX ème siècles ont été écrits par leurs ennemis.

À ces écrits, s’ajoute l’incroyable choc culturel qu’a supposé l’arrivée des Vikings ou Normands pour l’Europe occidentale et méridionale. Toutes ces informations donnent un cocktail explosif qui est arrivé jusqu’à nous. Mais les Vikings étaient-ils réellement cruels, sanguinaires et des agresseurs invincibles comme le dit l’Histoire ?

L’Europe au VIII ème siècle

Pendant l’an 476 après JC, Romulus, le dernier empereur du versant Ouest de l’Empire romain est renversé par Odoacre. Cet événement semble marquer la fin d’une ère, mais la réalité est bien différente.

Après la crise du III ème siècle, l’arrivée successive des tribus barbares et la perte du pouvoir de Rome supposent la désagrégation de l’Empire et l’apparition de territoires plus ou moins indépendants. Depuis notre perspective, les Arabes et les Vikings ne sont que deux peuples de plus à avoir envahi le monde chrétien pendant ces siècles-là. Depuis leur perspective, c’est tout le contraire.

Ce qui est certain, c’est que les nouveaux royaumes nés de l’union de la culture romaine et des barbares jouissaient d’une certaine stabilité et de paix. Hormis l’exception de la péninsule ibérique, les autres territoires ne craignaient pas l’invasion des peuples païens.

Les barbares ont été romanisés et christianisés, et la guerre entre chrétiens respectait certains codes. La menace arabe n’était pas présente sur la côte cantabrique, dans le Nord et dans les terres intérieures. Les Saxons et autres peuples qui adoraient encore les anciens dieux ne constituaient pas une forte menace.

Une attaque de Vikings

Les Vikings sur les côtes

Pendant l’an 793 après JC, au sein du monastère de Lindisfarne en Angleterre, a lieu la première attaque normande importante en Occident. Cette attaque marque le début de l’ère Viking. Les affrontements sont terriblement inégaux.

De nombreux monastères, ports et populations proches des côtes européennes manquent de défenses. Ce n’est pas le cas du monde méditerranéen. Les moines et les villageois n’ont aucune préparation militaire. Face à cette faiblesse, les pillages sont fréquents.

Les Vikings, pas encore christianisés, ne respectaient pas les lieux saints. Après des siècles de “paix chrétienne”, la barbarie des géants du Nord est absolument traumatisante. Notre vision actuelle des Vikings est issue de ces récits.

Les victoires de Abd al-Rahman II, Ramire Ier et de Louis III le démontrent : les Vikings étaient vulnérables.

Des barbares impitoyables

Les victimes des pillages des Vikings ont recueilli toutes les cruautés et tortures commises par ces derniers. Les sources écrites décrivent un panorama jamais vu auparavant, et il est difficile de discerner les exagérations.

Certains chefs comme Ragnar qui est aujourd’hui célèbre semblent se démarquer par leur sauvagerie. D’autres, en revanche, ne se différencient pas des armées de l’époque. Il semble clair que les pratiques comme “l’aigle de sang” sont le fruit de l’imagination des chroniqueurs.

De nos jours, les preuves archéologiques montrent que les Vikings étaient des commerçant et des agriculteurs, pas tellement des soldats. D’ailleurs, ils n’auraient tiré parti de leur habileté pour la navigation et les pillages seulement après la crise de surpopulation dans leur terre natale. Même pendant les périodes de grande violence, leur principale source de revenus continuait d’être le commerce.

Des bateaux de Vikings

L’invincibilité des Vikings

Leurs bateaux capables de naviguer sur les fleuves européens leur ont permis d’attaquer des peuples par surprise. Leur taille qui, aujourd’hui, correspond à la moyenne européenne, à l’époque médiévale les faisait passer pour des géants. Leurs tactiques de terreur favorisaient la capitulation de leurs adversaires et leur permettaient ainsi d’éviter les combats. Leur discipline militaire, en marge de ce que nous pouvons considérer aujourd’hui, était intense pour l’époque. Néanmoins, malgré tout cela, les Vikings étaient loin d’être invincibles.

Bien qu’ils aient bel et bien accumulé des victoires surprenantes en Europe de l’Ouest et de l’Est, la conquête n’a jamais été leur but. Les attaques rapides et les fuites ont favorisé les pillages. Mais les monarques européens n’ont pas tardé à prendre des mesures.

Les victoires de Abd al-Rahman II, Ramire Ier et de Louis III le démontrent : les Vikings étaient vulnérables. Après les premières décennies dramatiques, les Vikings se sont alliés aux différentes factions de la politique européenne jusqu’à complètement s’intégrer dans un monde où ils étaient si craints fut un temps. De nos jours, les légendes et l’Histoire s’entremêlent dans un héritage de l’un des peuples les plus fascinant de l’époque médiévale.

 


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  • Moskowich, Isabel (2002). El mito vikingo: el escandinavo como el “otro” en la Inglaterra medieval, UDC.
  • Jones, Gwyn (1984). A History of the Vikings (revised edition), Oxford.

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