Les secrets de la timidité : entre profondeur psychologique et isolement
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Murakami disait que les rivières les plus profondes sont celles qui coulent avec le plus de tranquillité. La timidité présente presque les mêmes traits, même si cette sérénité de caractère n’est pas toujours accompagnée par la satisfaction personnelle. En effet, les personnes timides souffrent souvent d’une pointe d’isolement, du poids de l’incompréhension extérieure et de l’angoisse de ne pas se sentir suffisamment apte socialement.
Ce fut au dix-neuvième siècle que la timidité a été évoquée pour la première fois en termes psychologiques. Concrètement, ce fut en 1820, date à laquelle l’écrivain Leigh Hunt publia une série d’œuvres curieuses où il entremêlait les lignes de ce style de personnalité avec une image aussi symbolique qu’exagérément poétique.
La timidité a en réalité peu à voir avec le romantisme car elle est par moment une bénédiction et, peu de temps après, un fardeau désespérant. Le docteur Murray B Stein, professeur de psychiatrie à l’Université de San Diego, indique quant à lui que nous sommes confrontés à un profil comportemental extrêmement complexe qui nécessite davantage d’études afin de le connaître.
Plus encore, nous disposons aujourd’hui encore d’une conception fausse voir même erronée, de ce trait de personnalité.
La timidité possède une base biologique
La timidité est différente de l’introversion. Il s’agit d’un point qui doit être clarifié dès le départ compte tenu de la popularité que la personnalité introvertie a obtenu au cours des dernières années grâce à des ouvrages tel que celui du Docteur Susan Cain. La principale différence entre les deux profils est que les personnes timides connaissent généralement de sérieuses complications lorsqu’elles doivent interagir.
Cette crainte incontrôlée d’être évalué négativement signifie que ces personnes évitent souvent un grand nombre de situations, qu’elles font souvent un pas en arrière face à certaines propositions, événements ou dynamiques sociales. Ainsi, ce qui peut dans un premier temps générer un soulagement du fait “d’échapper” à la situation qui leur cause stress ou anxiété, les fait éprouver à long terme frustrations, colère et honte, alimentant progressivement un cercle vicieux redoutable.
Lorsque nous nous interrogeons sur les raisons de cet état, sur le fait de savoir pourquoi la timidité provoque une telle insécurité, une faible compétence sociale ou ce sentiment d’angoisse dans certaines situations, il semble que la réponse se situe dans nos gènes. Le psychologue Jerome Kagan, célèbre pour ses contributions dans le domaine de la personnalité, nous indique que la timidité possède une composante génétique, mais qu’en réalité cela ne détermine pas de façon permanente notre comportement.
Nous pouvons tous changer et nous débarrasser de cette carapace parfois limitante.
Il existe incontestablement un secret majeur autour de ce profil, auquel tout le monde n’a pas conscience : un enfant peut venir au monde en présentant un comportement extrême de timidité. Cependant, cette inhibition peut céder la place à l’ouverture et à l’audace si l’environnement familial est favorable, s’il offre suffisamment de confiance et de compétences sociales adéquates pour rompre l’isolement.
Plus encore, chacun d’entre nous, quel que soit notre âge, pouvons créer des espaces de plus grande ouverture relationnelle en travaillant sur la confiance en soi, l’estime de soi et nos compétences en termes de relations sociales pour vaincre la timidité.
Le côté clair et le côté obscur de la timidité
Il existe différents degrés de timidité. En effet, nous en faisons tous l’expérience au quotidien même si nous nous considérons nous-mêmes comme très extravertis et impulsifs. Il existe toujours des moments ponctuels dans lesquels nous ne nous sentons pas sûr de nous, dans lesquels nous doutons de nos compétences et craignons d’être jugés de manière négative. Il s’agit de quelque chose de normal.
Par ailleurs, il existe un autre secret que peut-être un grand nombre de personnes ne connaissent pas encore : la timidité possède un extrême hautement négatif. Il est estimé que 5% des personnes timides présentent un trouble d’anxiété sociale ou une phobie sociale. De plus, une grande partie de ce secteur de la population ne reçoit aucun traitement ou attention psychologique, rendant leur état sans espoir. Grâce à cette aide, ces personnes pourraient améliorer leur état, se sentir mieux et reprendre le contrôle de leur vie.
A cet effet, des médicaments tels que la paroxétine et les thérapies cognitivo-comportementales sont très efficaces.
Il convient par ailleurs de préciser qu’il existe également des personnes caractérisées par une légère timidité qui ne limite pas complètement leurs compétences sociales. Elles sont, comme dirait l’écrivain Leigh Hunt, des violettes Melanium avec la tête basse qui apprécient leurs espaces de solitude, leur profondeur psychologique et bien sûr leur réserve.
L’Indiana, aux Etats-Unis, dispose de “l’Institut de Recherche sur la timidité”, organisation à partir de laquelle ont été régulièrement publiés des travaux sur le sujet. En effet, il a été récemment révélé qu’un tiers de la population décrite avec ce profil affirme que, dans leur cas, plus qu’une source de problèmes, il s’agit d’une manière d’apprécier la vie à partir d’un autre point de vue, plus prudent et plus distancié.
Néanmoins, de l’autre côté, nous retrouvons encore ceux qui sont clairement insatisfaits et malheureux, qui voit dans les nouvelles technologies un moyen plus sûr d’interagir, mais sans percevoir que ces dernières intensifient encore plus leur isolement social. Il s’agit, comme nous pouvons le deviner, de réalités très diverses dans le profil de la timidité, un domaine qui exige sans aucun doute davantage d’attention et de compréhension.
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