Les personnes qui savent écouter ont aussi besoin d'être écoutées
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Nous apprécions tous les personnes qui savent écouter. Nous apprécions leur hospitalité émotionnelle, leur authentique empathie, leur capacité à valider nos mots, nos histoires et nos sentiments.
Cependant, nous devons bien nous souvenir d’une chose : les personnes qui savent écouter, celles qui sont là pour nous quand nous en avons besoin, ont aussi besoin d’être écoutées de temps en temps. Ce sujet est plus important que ce que nous pourrions croire.
Carl Rogers, grand psychologue humaniste, disait que la base de toute relation saine réside dans l’écoute active, dans la capacité à nous écouter les uns les autres de façon effective. Or, de plus en plus de personnes commencent une thérapie psychologique pour se sentir écoutées « pour la première fois ».
Il y a des personnes qui se dressent comme des figures constamment accessibles, que tout le monde consulte pour partager ses préoccupations, ses problèmes et ses angoisses. Ce sont des personnes refuges qui, curieusement, ne trouvent pas le leur quand elles en ont besoin.
Qui plus est, nombreuses sont celles qui sont tellement habituées à écouter les autres qu’elles finissent par dissimuler leurs besoins. Elles se cachent dans les circonvolutions de la carapace du silence.
Il leur est progressivement plus facile de laisser parler les autres que de leur demander de se taire pendant un moment pour révéler ce qu’elles ressentent, pour dire à voix haute qu’elles ont aussi des préoccupations et qu’elles voudraient qu’on les écoute. Ce sont des situations très communes qui doivent nous inviter à une réflexion poussée.
« Tout comme il y a un art de bien parler, il existe un art de bien écouter. »
–Épictète–
Les personnes qui savent écouter ne savent pas toujours comment demander de l’aide
Une partie des personnes qui savent écouter se sont habituées à ne pas être écoutées. Cette donnée peut nous surprendre mais il s’agit d’une réalité très similaire à celle de ceux qui se sont habitués à se démener avec leurs proches sans rien recevoir en échange.
Il existe de nombreux types d’invisibilité et celle où l’on n’a personne à qui se confier, même si l’on est la figure classique de refuge que tout le monde vient trouver, est sans doute l’une des plus habituelles. Tôt ou tard, ces personnes finissent par entamer une thérapie parce qu’elles ont besoin que quelqu’un les écoute avec sincérité.
En fin de compte, nous avons tous besoin que l’on écoute nos histoires. Chacun de nous mérite un soutien émotionnel auprès duquel il pourrait se confier. Le fait de ne pas pouvoir compter sur quelqu’un pour cela est réellement douloureux.
Mais pourquoi ces situations ont-elles lieu ? Est-ce la faute de la personne qui s’est habituée à écouter et qui ne sait pas être assez assertive pour dire ce dont elle a besoin ? Ou sommes-nous face à un type d’égoïsme relationnel ? Analysons les possibles causes dès maintenant.
Le verbiage narcissique
Cette réalité est très habituelle entre les membres d’un couple et même entre amis. Il y a toujours une personne qui s’est habituée à déverser sur une autre tous types de pensées, d’anecdotes, d’idées ou de problèmes de différents types.
La communication se fait en sens unique et à travers un verbiage narcissique. On ne prend pas en compte l’interlocuteur et on tombe dans un monologue presque compulsif et manquant totalement d’empathie.
Ce type de situations met en avant un type de relation clairement toxique. Le plus interpellant est que celui qui est habitué à utiliser l’autre comme un « conteneur » pour son verbiage vante toujours les mérites de cette personne. Il ne lésine donc pas sur les compliments du style « Qu’est-ce que je ferais sans toi ? Personne ne me comprend aussi bien ».
Les personnes qui savent écouter ont parfois peur d’être jugées
Dans une étude réalisée à l’École de Sciences Psychologiques de l’Université de Manchester (Royaume-Uni), la docteure Pamela Fitzerald a démontré un point que beaucoup d’entre nous peuvent parfaitement comprendre. Quand une personne entame une thérapie psychologique, elle prend en compte un aspect très simple : elle sait que, quoi qu’elle dise, on ne la jugera pas.
Cela nous fait comprendre que beaucoup de ces personnes qui écoutent mais qui évitent de se confier aux autres, le font souvent par peur des critiques. Certaines expériences du passé les ont peut-être privées de cet environnement sûr où elles peuvent se sentir écoutées et validées. Ou le poids des critiques reçues à certains moments les empêche peut-être de s’ouvrir aux autres.
Écouter est parfois plus facile que communiquer
Un autre facteur qui explique pourquoi certains préfèrent écouter plutôt que communiquer est celui du style de personnalité. Le profil introverti se hisse souvent comme cet idéal de la personne à consulter dans l’intimité pour lui expliquer nos expériences et nos pensées.
Cependant, ce dernier (ou cette dernière) ne fait que rarement la même chose et, s’il le fait, il choisit des personnes de choix. Bien souvent, le fait d’écouter est, pour beaucoup de personnes, plus simple que le fait de communiquer. Il suffit d’une écoute active, d’un regard qui comprend et d’une présence.
Le fait de s’ouvrir à l’autre pour exprimer ses sentiments, pour révéler des faits ou des confidences exige un autre type de compétences. Des compétences qui ne sont pas évidentes pour certains types de personnalité (ou que l’on ne peut pas appliquer avec n’importe qui).
Nous méritons tous d’être écoutés : il s’agit d’un acte d’hospitalité émotionnelle
Les personnes qui savent écouter méritent aussi d’être écoutées. Si nous avons ce quelqu’un qui est toujours là pour nous, souvenons-nous de mettre en pratique cette réciprocité et de lui offrir ce qu’il nous donne.
Il est possible que cet ami, cette collègue ou ce proche ait plus de facilités pour écouter que pour communiquer mais, quoi qu’il en soit, nous devons créer des environnements sûrs pour leur permettre de parler quand ils en ont besoin.
Pour conclure, souvenons-nous qu’écouter est beaucoup plus que simplement permettre à l’autre de parler pendant que nous réfléchissons à quoi dire… La communication humaine est aussi un acte d’hospitalité à travers lequel nous accueillons les mots de l’autre et nous les approprions.
Il s’agit de se connecter pour protéger, d’offrir un refuge pour que l’autre se sente en sécurité, de faire preuve de compréhension et d’empathie. Apprenons à pratiquer l’écoute active au quotidien.
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