Selon la science, une estime de soi excessive fait diminuer l'empathie

Une faible estime de soi nous apporte des problèmes, mais un niveau élevé de cette compétence psychologique dérive vers des comportements narcissiques et un manque d'empathie.
Selon la science, une estime de soi excessive fait diminuer l'empathie
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater.

Dernière mise à jour : 27 juillet, 2022

Beaucoup ne seront pas surpris de savoir qu’une estime de soi excessive fait diminuer l’empathie. Le premier trait apporte souvent avec lui des problèmes de cohabitation, des conflits et des comportements qui évoquent clairement un profil narcissique.  Ceux qui vivent en permanence avec une couronne sur la tête se déconnectent des autres.

L’estime de soi est cet élément qui, quand elle est absente ou s’affaiblit, entraîne beaucoup de problèmes parmi les plus communs. La faible auto-efficacité, l’insécurité, l’anxiété et le substrat même de la dépression sont, dans une bonne partie des cas, étroitement liés à une faible estime de soi.

Si le manque d’estime de soi est un problème, un niveau élevé de cette dernière l’est aussi. Comme cela se produit toujours dans la vie et dans l’univers du bien-être mental, les carences et le manque de contrôle de soi rendent tout équilibre impossible.

Il est surprenant de voir à quel point le fait de « bénéficier » d’un concept de soi et d’une appréciation personnelle élevés biaise complètement la compétence empathique. Analysons cela.

Homme masqué.

Pourquoi une estime de soi excessive fait-elle diminuer l’empathie ?

Cela peut nous sembler surprenant, mais quand les experts nous signalent que l’estime de soi excessive renferme un problème potentiel, cela n’a rien d’un hasard. Au moment où nous avons quelqu’un qui se complimente lui-même de façon démesurée, il faut savoir qu’il attend que les autres en fassent de même.

Quand nous sommes face à une personne qui se perçoit comme meilleure que les autres, elle commence à considérer avec froideur et mépris ceux qui l’entourent. Problèmes relationnels, conflits au travail, difficultés à socialiser… Un faible concept de soi et une faible estime de soi plongent toute personne dans un état de vulnérabilité continue.

Néanmoins, vivre au sommet de l’auto-appréciation dérive vers des comportements agressifs. Selon la psychologie sociale, cela se remarque fréquemment dans le domaine du travail.

La théorie de l’auto-vérification et la haute estime de soi

William Swann est professeur de psychologie sociale et de la personnalité à l’Université du Texas, et également auteur de la théorie de l’auto-vérification. En quoi consiste ce concept ? Nous nous trouvons devant une approche intéressante et éclairante qui nous permet de comprendre pourquoi l’estime de soi excessive fait diminuer l’empathie.

Une personne avec un niveau excessif d’estime de soi est constamment en train de « s’auto-vérifier ». En d’autres termes, elle a besoin de se réaffirmer dans chaque chose qu’elle fait, pense et décide. Elle renforce ainsi la vision qu’elle a d’elle-même.

Le problème arrive quand elle s’attend à ce que les autres en fassent de même. Elle veut et elle espère que tous ceux qui l’entourent vérifient et valident son concept de soi, chaque trait, chaque compétence, action ou délibération. Le docteur William Swann souligne que cela peut être problématique dans le domaine des organisations et de l’entreprise.

Quand nous avons un leader, un directeur ou un collègue de travail qui veut absolument que les autres renforcent ses compétences, il est facile de le voir se retrouver complètement déconnecté de son propre environnement, sans même connaître (ou presque) les réalités proches… qui deviennent étrangères. L’empathie est presque absente chez ce type de profil.

Le narcissique anthropique : quand une estime de soi excessive fait diminuer l’empathie

Nous le signalions au début : l’estime de soi excessive est une caractéristique commune chez une personnalité narcissique. Des études, comme celle réalisée à l’Université de Géorgie (Etats-Unis), nous indiquent que l’amour-propre et la validation du moi ont deux portraits très différents.

D’un côté, nous avons une personne qui, avec une estime de soi positive, est capable d’aller de l’intérieur vers l’extérieur. C’est-à-dire qu’elle a une vision et une perception saine d’elle-même et, dans le même temps, elle est capable de voir, de respecter et de se connecter à la réalité de l’autre.

De l’autre, nous avons une personnalité narcissique qui applique une « vision anthropique ». Toute mobilisation psychologique, toute ressource attentionnelle, émotionnelle et motivationnelle est dirigée vers elle-même.

Elle ne fait pas preuve d’empathie, elle n’est pas capable de distinguer ou de ressentir les réalités des autres. Qui plus est, dans une bonne partie des cas, en ne recevant pas l’attention et la validation externe dont elle a besoin, elle peut faire preuve d’attitudes et de comportements agressifs et peu respectueux.

Couple qui discute.

L’alimentation d’une estime de soi excessive : les sérieuses conséquences

Une estime de soi excessive fait diminuer l’empathie et cela a un impact évident au niveau relationnel et social. Quand quelqu’un n’est pas capable de comprendre et de donner une visibilité à la personne qui se trouve en face de lui, il finit par marquer une distance. Et, dans de nombreux cas, ces figures finissent dans le vide de l’ostracisme.

Mais ce n’est pas tout. Des travaux de recherche, comme ceux menés par les psychologues Carol Dweck et Ellen Leggett, nous signalent des données révélatrices. L’estime de soi excessive est liée à une mentalité fixe : en d’autres termes, il s’agit de personnes inflexibles, peu ouvertes aux changements et aux défis, car elles ont peur de se montrer incompétentes.

Par ailleurs, elles ne voient pas leurs échecs, n’acceptent pas les critiques, sont immatures et gèrent très mal leurs émotions. Cela nous démontre une fois de plus que les extrêmes – même au niveau des constructions psychologiques – sont problématiques.

Une évaluation trop positive de soi-même n’est pas seulement dangereuse. C’est le germe de l’agressivité relationnelle, un ennemi pour la cohabitation et un défi au moment de créer des environnements de travail respectueux et productifs. Gardons bien cela à l’esprit.


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