Les métaphores de la lutte anti-terroriste
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Le combat contre le terrorisme porte le nom de lutte anti-terroriste. Les États, ainsi que les forces et organes de sécurité sont les principaux acteurs qui s’acquittent de cette tâche. Le terrorisme est un phénomène qui change constamment. Aussi, la lutte antiterroriste doit s’adapter aux nouvelles formes de terrorisme si elle veut être efficace. Elle est complexe et difficile à interpréter. C’est pourquoi l’utilisation de métaphores est très répandue pour la comprendre.
Les métaphores sont des figures littéraires dans lesquelles un mot ou une phrase représente un objet ou une idée différente suggérant une similitude ou une analogie. L’emploi de métaphores permet de comprendre des phénomènes complexes de manière simple. Cependant, les métaphores les simplifient également et fournissent un faux sentiment de compréhension totale. Ainsi, bien qu’elles aident à mieux comprendre les événements qu’elles représentent, elles effacent aussi d’autres concepts qui sont laissés de côté. En effet, ils sont incompatibles avec la métaphore.
La lutte anti-terroriste comme “guerre”
La métaphore de la guerre indique qu’elle se produit entre États. Elle montre que l’ennemi est une entité nationale identifiable opposée à notre nation. Donc, l’existence des deux étant impossible, l’un d’entre eux doit disparaître. Effectivement, vous ne pourrez jamais parvenir à un accord. En d’autres termes, c’est un conflit à somme nulle, la victoire de l’un suppose la défaite de l’autre. L’ennemi veut nous détruire. Par conséquent, nous devons nous défendre en conquérant ou détruisant son territoire.
En outre, être en état de guerre a d’autres connotations. Par exemple, l’unité nationale et la mobilisation en soutien à la cause. De cette manière, ceux qui critiquent sont vus comme anti-patriotes ou traîtres. De même, la guerre implique des valeurs telles que la solidarité, l’héroïsme, le courage et le sacrifice. Et, bien sûr, Dieu est à nos côtés ; la dimension morale est donc claire. Évidemment, on gagnera les guerres par la force militaire. Aussi, le chef de l’Etat doit concentrer tout son pouvoir, ce qui peut conduire à restreindre les libertés.
L’anti-terrorisme comme “application de la loi”
L’application de la loi et la guerre sont deux moyens de protéger les citoyens d’un pays. Le choix de l’un ou de l’autre dépend de l’ampleur de la menace. Alors que la métaphore de la guerre met l’accent sur l’ennemi, la loi, elle, se concentre sur le crime.
La métaphore de l’application de la loi se focalise sur les coupables et ne tolère pas les dommages collatéraux tels que la guerre. Dès lors, les coûts sont moins élevés. De plus, au lieu de tuer, la peine correspond généralement à une peine de prison. De cette façon, s’il est faux, le dommage causé est moindre qu’en temps de guerre.
“Le terrorisme est la tactique consistant à exiger l’impossible sous la menace des armes.”
-Christopher Hitchens-
La lutte anti-terroriste comme “confinement d’une épidémie sociale”
Les deux métaphores précédentes font face à des manifestations de la violence, mais pas aux facteurs qui les ont provoquées. La métaphore de l’épidémie sociale utilise la triade épidémiologique. Elle se compose d’un agent externe, d’un hôte susceptible et d’un environnement qui les met en contact. De plus, le vecteur ou l’émetteur est dans ce même espace. Dans le cadre du terrorisme, les agents sont les terroristes tandis que les vecteurs sont les conduits utilisés pour propager l’idéologie. Ainsi, l’environnement favoriserait le militantisme, tel que les conflits ou la répression politique.
Cette métaphore de la lutte contre le terrorisme en tant qu’épidémie sociale a également d’autres implications. Par exemple, il y a des personnes immunisées. Celles-ci sont protégées contre les agents en raison de motivations telles que la robustesse psychologique ou le soutien social. Le combat contre la terreur viserait principalement à éviter la contagion. Ici, l’idéologie radicale correspondrait à l’agent ou au virus.
La lutte anti-terroriste comme programme de “réduction des préjugés”
Les trois métaphores précédentes sur le combat contre le terrorisme considéraient celui-ci comme un problème externe suscitant la nécessité de le traiter. Cependant, la métaphore de la réduction des préjugés prend en compte l’interaction entre deux communautés dont le conflit peut générer le terrorisme. Ainsi, cette analogie représente un groupe de personnes ayant des attitudes négatives envers un autre groupe.
C’est pourquoi il serait bon de convertir ces comportements. En effet, en d’autres termes, cela réduira les préjugés. Éliminer les perceptions erronées et construire une identité commune seraient donc les objectifs de la lutte anti-terrorisme sous-jacents dans cette métaphore. La représentation maximale de cette-dernière est le contact entre les membres des différents groupes en conflit. En résumé, en plus de simplifier et d’aider à comprendre, les métaphores ont de plus grandes implications. Nous devons donc être prudents lorsque nous les utilisons pour interpréter la réalité.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Kruglanski, A. W., Crenshaw, M., Post, J. M., & Victoroff, J. (2008). What should this fight be called? Metaphors of counterterrorism and their implications. Psychological Science in the Public Interest, 8(3), 97-133.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.