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Les idées fausses sur les traumatismes, les blessures qui nous accompagnent

6 minutes
Les idées fausses sur les traumatismes, les blessures qui nous accompagnent
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Nous maintenons aujourd’hui encore des idées fausses sur les traumatismes. L’être humain est vulnérable, mais nous oublions parfois à quel point nous pouvons être tenaces. Ainsi, comme le disait Viktor Frankl, avoir une réaction anormale face à une situation anormale est quelque chose de parfaitement normal, une réponse naturelle qui nous permettra finalement de faire ressortir notre côté le plus fort / le plus résistant.

De nombreux psychologues et psychiatres experts dans le traitement des événements traumatiques nous rappellent souvent que tous, à un moment donné dans notre vie, souffrirons d’un événement contraire plus ou moins grave pour lequel nous ne seront pas préparés. Ce pourrait être la perte d’un être cher, un accident, la vision de quelque chose de choquant, une agression, une catastrophe naturelle ou une urgence médicale.

Il est par conséquent très possible que beaucoup de nos lecteurs connaissent cette expérience, cette situation. Il est important de comprendre que lorsque cela se produit, et toujours en fonction de la gravité de cet impact traumatique, notre cerveau ne se rétablit pas du jour au lendemain. Ni même d’un mois à l’autre. Guérir un cerveau blessé plongé dans un état de stress post-traumatique demande du temps, nécessite des efforts et des stratégies d’adaptation adéquates.

Pour y parvenir, il sera utile de savoir qu’il existe des idées fausses sur les traumatismes, lesquelles doivent être éliminées pour initier une approche plus optimale, plus correcte. Voyons cela ci-dessous.

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1. Idées fausses sur les traumatismes : un événement traumatique détruit notre vie

Lorsqu’un thérapeute commence à travailler avec la victime d’un abus, avec une personne qui a été agressée, qui a vécu la perte d’un être cher, etc., il écoute très souvent la phrase suivante de la part de son patient : “Je ne serai plus jamais heureux“.

Il est très compliqué au début pour cette personne d’apprécier un fait : en réalité, le traumatisme a une double nature. D’une part, il présente une aptitude destructrice indéniable, mais le paradoxe est qu’il parvient également à transformer la personne pour la ramener à la vie avec une plus grande ténacité, avec de meilleures ressources personnelles.

Souffrir personnellement de l’adversité ne nous condamne pas à la douleur éternelle, à l’emprisonnement à vie. Si nous cherchons des ressources, du soutien et combinons volonté et effort, le cerveau peut être reprogrammé. La blessure ne disparaîtra pas, mais elle fera moins mal et nous pourrons mener une vie agréable.

2. Le traumatisme apparaît suite à un événement menaçant

Si nous nous référons à la façon dont le traumatisme est définit dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, nous verrons qu’il apparaît comme “ce qui survient après l’expérience de la mort d’un être cher, d’une menace réelle, d’une blessure grave telle qu’une agression, des catastrophes, abus ou maladies qui menacent la vie“.

En réalité, de nombreuses nuances peuvent être introduites dans cette définition. Premièrement, un traumatisme n’apparaît pas comme une “réaction” à ces événements contraires en tant que tels, mais plutôt comme le résultat d’un “effet émotionnel et psychologique” qu’il a sur la personne en particulier. Plus encore, un même événement peut parfois causer des traumatismes chez certaines personnes, et non chez d’autres.

Plus encore, lorsque quelque chose de choquant se produit, la réaction n’est pas immédiate, la blessure n’est jamais instantanée. Elle survient plus tard, au moment où la personne commence à s’interroger sur sa propre vie, sa propre réalité et ce qui entoure les deux.

Par exemple, songeons à une personne qui vient d’être diagnostiquée avec un cancer. Peut-être que cette information en tant que telle est suffisante, à première vue, pour se sentir vaincu et traumatisé. Cependant, pour beaucoup de personnes, le plus choquant n’est pas toujours la maladie elle-même mais de ne pas disposer du soutien du conjoint ou de personnes qui cessent d’être présentes dans les moments les plus difficiles.

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3. Un traumatisme est une maladie mentale

Une autre des idées fausses sur les traumatismes est de les voir ou de les comprendre exclusivement comme des “maladies mentales”. En effet, il s’agit de quelque chose de beaucoup plus profond. Actuellement, de nombreux experts en la matière, tels que le psychologue Richard Tedeschi de l’Université de Caroline du Nord, préfèrent oborder le trouble de stress post-traumatique d’une autre manière.

Si traumatisme signifie “blessure”, nous sommes alors face à quelque chose qui est “brisé”. Par exemple, lorsque quelqu’un souffre d’une chute ou d’un coup, il peut subir la fracture d’un ou de plusieurs os. Par conséquent, lorsque quelqu’un souffre d’un traumatisme psychologique, un fracture apparaît également, une blessure mentale qui rend impossible pour cette personne d’être la même qu’avant. Celui qui subit un traumatisme est “psychologiquement blessé”, et ces blessures peuvent être morales ou émotionnelles.

4. Si nous sommes fort, nous pouvons faire face au traumatisme par nous-même

Nous vivons encore dans une société où nous considérons que celui qui demande de l’aide est faible, celui qui prend des médicaments est fou et que celui qui est fort et peut tout réaliser ne tombe jamais. Il existe cependant certaines données ici : les taux de suicide sont alarmants, et ceux qui apparemment pouvaient tout réaliser seuls ne pouvaient finalement même pas avec leur propre vie. Nous le disions précédemment, les traumatismes nous brisent à l’intérieur et personne, absolument personne, ne peut courir longtemps avec l’âme brisée, l’esprit fragmenté et le cœur érodé.

Il s’agit incontestablement de l’une des idées fausses sur les traumatismes les plus courantes : croire que le temps guérit tout, qu’il est préférable d’oublier que de faire face, qu’une attitude forte fait disparaître toute douleur… Ne le faisons pas, évitons de nous croire cela vu qu’elle nous mènent irrémédiablement à une voie sans issue.

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Pour conclure, les traumatismes ne méritent pas de nous convertir en personnes que nous ne voulons pas être. Nous pouvons cesser de nous sentir prisonniers, nous méritons une existence plus digne et libre de ces poids du passé qui brouillent notre présent. Cherchons de l’aide, travaillons activement sur cette réalité intérieure encore blessée et donnons-nous l’opportunité de nous transformer, de guérir et de vivre pleinement.


Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.