Les étapes du développement psychosocial d'Erikson
Relu et approuvé par Psychologue Sara González Juárez
Erik Erikson a développé, dans la seconde moitié du XXe, siècle l’une des théories les plus populaires et influentes concernant un type de développement : le développement psychosocial.
Les étapes du développement psychosocial d’Erikson répondent à une théorie psychanalytique intégrale qui identifie une série d’étapes par lesquelles passe chaque individu sain au cours de sa vie. Chaque étape se caractérise par une crise psychosociale opposant deux forces en conflit.
Tout comme Sigmund Freud, Erikson croyait que la personnalité se développait en suivant une série d’étapes. La différence fondamentale est que Freud a basé sa théorie du développement sur la série regroupant les étapes psycho-sexuelles. Pour sa part, Erikson a lui fondé son étude sur le développement psychosocial. L’impact qu’avaient les interactions et les relations sociales sur le développement et la croissance des êtres humains intéressait Erikson.
“Les conflits d’un homme représentent ce qu’il est ‘réellement’ “.
-Erik Erikson-
Etapes du développement psychosocial d’Erikson
Chacune des huit étapes décrites par Erikson dans sa théorie du développement psychosocial se base sur les étapes précédentes. Cela permet de faciliter la progression dans les différentes périodes du développement. Ainsi, nous pouvons évoquer un modèle qui représente d’une certaine manière un fil conducteur vital.
Erikson a affirmé le fait que les individus expérimentent à chaque étape un conflit qui représente un point décisif en matière de développement. Il s’agit en fait d’une sorte de stimulation pour l’évolution. Ces conflits sont centrés sur le développement ou non d’une qualité psychologique. Au cours de cette étape, le potentiel de croissance personnelle est élevé, mais le potentiel d’échec l’est également.
Ainsi, si certaines personnes se confrontent au conflit avec succès, elles seront capables de surmonter cette étape grâces à leur force psychologique. Cette dernière leur servira ensuite tout au long de leur vie. Mais si au contraire, elles ne parviennent pas à surmonter efficacement ces conflits, il est probable qu’elles ne parviennent pas à développer les compétences essentielles nécessaires pour faire face efficacement aux défis définissant les étapes suivantes.
Erikson a également découvert qu’un esprit de compétition développé permet de motiver les comportements et les actions. De cette manière, chaque étape de la théorie du développement psychosocial d’Erikson fait référence au fait de devenir compétent dans un domaine de la vie.
Si l’étape est bien traversée, la personne aura une sensation de maîtrise. En revanche, si l’étape est mal traversée, la personne devra vivre avec un sentiment d’insuffisance vis-à-vis de cet aspect du développement.
Etape 1 : Confiance VS Méfiance (0 à 18 mois)
Dans la première étape des étapes du développement psychosocial d’Erikson, les enfants apprennent ou non à avoir confiance en les autres. La confiance est étroitement liée à l’attachement, à la gestion des relations et à la mesure dans laquelle le bambin attend que les autres satisfassent ses besoins personnels.
Un bébé est totalement dépendant. Pour cette raison, le développement de la confiance se base sur la fiabilité et la capacité des proches de l’enfant à prendre soin de lui, et particulièrement sa mère.
Si les parents exposent l’enfant à une relation d’affection au sein de laquelle la confiance prime, il est fort probable que le petit adopte cette posture vis-à-vis du monde.
Au contraire, si les parents n’établissent pas un environnement sain et ne satisfont pas les besoins basiques de l’enfant, celui-ci apprendra probablement à ne rien attendre des autres. Le développement de la méfiance peut donner naissance à des sentiments de frustration, de doute, d’indifférence vis-à-vis de l’environnement. L’enfant n’attend rien ou très peu de ce dernier.
Etape 2 : Autonomie VS Honte et doute (18 mois – 3 ans)
Au cours de la seconde étape des étapes du développement psychosocial d’Erikson, les enfants acquièrent un certain niveau de contrôle sur leur corps ce qui leur permet de développer leur autonomie.
En étant capables de compléter avec succès des tâches par eux-mêmes, ils acquièrent un sentiment d’indépendance et d’autonomie. Ainsi, en permettant aux enfants de prendre des décisions et de gagner en contrôle, les parents et proches peuvent aider les enfants à développer leur autonomie.
Les enfants qui complètent avec succès cette étape sont généralement dotés d’une estime personnelle saine et forte. Au contraire, ce qui ne le font pas auront toujours l’impression de se déplacer sur un sol trop instable : eux-mêmes (leur propre support).
Erikson était persuadé que le fait d’atteindre un équilibre entre l’autonomie, la honte et le doute permettait d’atteindre la volonté. Cette dernière correspond à la croyance basée sur le fait que les enfants peuvent agir avec intention, de manière raisonnée et avec des limites.
Etape 3 : Initiative VS Culpabilité (3 à 5 ans)
Au cours de la troisième étape décrite par Erikson, les enfants commencent à développer leur pouvoir et leur contrôle du monde au travers du jeu. C’est un apprentissage d’une valeur incalculable en ce qui concerne les interactions sociales. Lorsque l’on atteint un équilibre idéal d’initiative individuelle et la volonté de travailler avec les autres, nous acquérons la qualité d’ego également connue comme objectif.
Les enfants qui traversent cette étape avec succès se sentent capables de guider les autres. Ceux qui ne parviennent pas à acquérir ces compétences sont probablement ceux qui conserveront longtemps un sentiment de culpabilité, de doutes et un manque d’initiative.
La culpabilité est bonne dans le sens où elle prouve la capacité d’un enfant à reconnaître ses erreurs. Cependant, une culpabilité excessive et non méritée peut pousser un enfant à laisser de côté des défis car il ne se sent pas capable de les affronter. Le sentiment de culpabilité est en réalité l’un des principaux nutriments de la peur.
Etape 4 : Ardeur au travail VS Infériorité (5-13 ans)
A cette période, les enfants commencent à réaliser des tâches plus complexes. Aussi, leur cerveau atteint un degré de maturité très élevé. Cela leur permet de commencer à gérer les abstractions. Ils peuvent également reconnaître leurs habilités et celles de leurs camarades.
En fait, les enfants préfèrent généralement qu’on leur attribue des tâches associées à davantage de challenge et d’exigence. Lorsqu’ils parviennent à les réaliser, ils espèrent recevoir une certaine reconnaissance.
Le succès dans la recherche d’équilibre au cours de cette étape du développement psychosocial nous pousse à parler de compétences. Les enfants développent de la confiance vis-à-vis de leurs capacités à effectuer les tâches qui leurs sont attribuées. Un autre progrès important est qu’ils commencent à distinguer de manière plus réaliste les défis pour lesquels ils sont préparés et ceux pour lesquels ils ne sont au contraire pas préparés.
Si les enfants ne sont pas capables d’agir aussi bien qu’ils le souhaitent, un sentiment d’infériorité fait généralement son apparition. Si cet écho d’infériorité n’est pas abordé correctement et que l’enfant ne reçoit pas d’aide pour gérer émotionnellement ses échecs, il peut choisir de laisser de côté toutes les tâches difficiles par peur de revivre cette situation. Il est donc essentiel de considérer l’effort de l’enfant lorsqu’il s’agit de valoriser une tâche, en séparant l’effort du résultat objectif.
Etape 5 : Identité VS Diffusion d’identité (13 à 21 ans)
Au cours de cette étape des étapes d’Erikson, les enfants se convertissent en adolescents. Ils découvrent leur identité sexuelle et commencent à concevoir l’image de la personne future à laquelle ils souhaitent ressembler. A mesure que nous grandissons, nous tentons de trouver nos buts et nos rôles dans la société afin de solidifier notre identité unique.
Au cours de cette étape, les jeunes doivent tenter de discerner les activités qui sont adaptées à leur âge et celles qu’ils considèrent comme étant “infantiles”. Ils doivent trouver un compromis entre ce qu’ils attendent d’eux-mêmes et ce que leur environnement attend d’eux. Pour Erikson, traverser avec succès cette étape permet de créer les bases solides et saines de l’édifice nécessaire à la vie adulte.
Etape 6 : Intimité VS Isolement (21-39 ans)
Au cours de cette étape du développement psychosocial d’Erikson, les adolescents se convertissent en jeunes adultes. Au début, la confusion entre identité et rôle prend fin. Chez les jeunes adultes, il est toujours très important de répondre aux désirs de l’entourage afin de pouvoir “s’intégrer”. Cependant, c’est également au cours de cette étape que l’on commence à tracer des lignes rouges déterminées de manière autonome. Ces dernières sont des aspects que la personne ne sera pas prête à sacrifier pour satisfaire quelqu’un.
Il est vrai que cela se produit également au cours de l’adolescence, mais à cette période, c’est le sens qui change. On cesse de défendre les moyens réactifs afin de devenir tout simplement réactifs. Nous faisons en fait référence à l’initiative.
Une fois que les individus ont établi leur identité, ils sont prêts à faire des compromis à long terme avec les autres. Ils deviennent capables de tisser avec les autres des relations intimes et réciproques et ils effectuent volontairement les sacrifices et les compromis requis par ces relations. S’ils ne peuvent pas créer de relations intimes, un sentiment d’isolement non désiré peut se développer. Ce dernier pourra alors donner naissance à des sentiments d’obscurité et d’angoisse.
Si au cours de cette étape, nous ne trouvons pas de partenaire, nous pouvons finir par nous sentir isolés ou seuls. L’isolement peut créer des insécurités et un sentiment d’infériorité car les personnes peuvent finir par croire que quelque chose de mauvaise se cache en elles. Elles peuvent en venir à penser qu’elles ne sont pas assez bien pour les autres et cela peut pousser à des tendances auto-destructrices.
Etape 7 : Générativité VS Stagnation (40 à 65 ans)
Au cours de l’âge adulte, nous continuons de construire nos vies, de nous concentrer sur notre carrière et notre famille. La générativité fait référence au fait de prendre soin des autres au-delà de notre cercle direct de connaissance. A mesure que les personnes se rapprochent de “l’âge médian” de leur vie, leur vision s’étend. Elles s’éloignent de leur entourage direct, incluant leur famille, et atteignent une image plus amble et plus complète en englobant la société et son héritage.
Au cours de cette étape, les individus reconnaissent que leur vie ne se résume pas à leur propre personne. Au travers de leurs actions, ils espèrent faire des contributions qui se convertiront en héritage. Lorsque quelqu’un atteint cet objectif, il éprouve une sensation de réussite. Cependant, s’il sent qu’il n’a pas contribué au panorama général, il peut penser qu’il n’a rien fait ou qu’il n’a pas été capable de faire quelque chose de significatif.
La générativité n’est pas indispensable pour permettre aux adultes de vivre. Cependant, le manque de générativité peut voler un sentiment important de succès à un individu.
Etape 8 : Intégrité de l’Ego VS Désespoir (65 ans et plus)
Au cours de la dernière des étapes proposées par Erikson, les personnes peuvent choisir le désespoir ou l’intégrité. Le vieillissement consiste en grande partie en une accumulation de pertes qui requièrent des compensations. D’autre part, une sensation forte fait son apparition : on a vécu davantage que ce qu’il nous reste à vivre.
Cette perspective du passé peut donner vie au désespoir et à la nostalgie à la manière d’un nuage. Ou au contraire, cela peut permettre de penser que les empreintes laissées, partagées et réussies en ont valu la peine.
L’une ou l’autre des perspectives marquera sans aucun doute ce qu’attendra la personne du futur et du présent.
Ceux qui développent une vision intégrale de leur vie n’ont pas de problème lorsqu’il s’agit de se réconcilier avec des personnes ayant fait partie de leur passé ou certains événements. Elles réaffirmeront la valeur de leur existence et reconnaîtront leur importance, non pas uniquement pour elles, mais également pour les autres.
Commentaire finaux
L’une des forces de la théorie psychosociale est qu’elle présente un contexte large dans lequel nous pouvons identifier le développement tout au long de la vie. Elle nous permet également de souligner la nature sociable des êtres humains et l’importante influence des relations sociales sur le développement.
Cependant, la théorie du développement psychosocial d’Erikson peut être remise en question : les étapes doivent-elles être considérées comme séquentielles ? Se déroulent-elles uniquement dans les catégories d’âges suggérées ? Il existe un débat concernant la capacité des personnes à définir leur identité au cours de l’adolescence. Aussi, une étape ne peut-elle pas commencer même lorsque la précédente n’est pas encore totalement achevée ?
Une faiblesse importante de la théorie du développement psychosocial d’Erikson correspond à la faible description et au manque de développement des mécanismes exacts permettant de résoudre les conflits et de passer d’une étape à la suivante. En ce sens, la théorie ne détaille pas correctement le type d’expériences nécessaires à chaque étape afin de résoudre avec succès les conflits et de pouvoir passer à l’étape suivante.
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