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Les clés pour comprendre les phobies spécifiques

6 minutes
Vous connaissez très certainement des personnes qui ont peur des chiens ou d'être enfermées dans un ascenseur. Ces situations sont très improbables, et pourtant, elle perturbent de nombreuses personnes. Nous abordons ici le sujet des phobies spécifiques.
Les clés pour comprendre les phobies spécifiques
Cristina Roda Rivera

Rédigé et vérifié par Psychologue Cristina Roda Rivera

Dernière mise à jour : 13 février, 2023

Les phobies spécifiques renvoient à la peur extrême et irrationnelle suscité par un objet ou une situation particulière. Il existe de nombreuses phobies spécifiques, des plus étranges comme la coulrophobie aux plus banales comme la claustrophobie.

Traditionnellement, les phobies spécifiques se divisent en quatre catégories : les phobies animales, les phobies des blessures par injection, les phobies de l’environnement naturel et les phobies situationnelles. Pour poser le diagnostic de phobie simple ou spécifique, les spécialistes se basent sur les critères diagnostiques du DSM-V ou de la CIM-10.

Les phobies spécifiques font partie des troubles anxieux les plus courants. Concernant l’impact qu’elles ont sur la vie de la personne, on retrouve de grandes différences individuelles. En effet, les phobies spécifique limitent certaines personnes, alors que d’autres ne ressentent qu’un léger inconfort.

Les caractéristiques inhérentes de l’apparition d’une phobie spécifique

L’une des difficultés du diagnostic d’une phobie spécifique a trait à la frontière entre la peur adaptative et la peur phobique. Il existe un accord plus ou moins général concernant les caractéristiques révélatrices d’une réaction de peur phobique :

  • Disproportion par rapport aux exigences de la situation.
  • Impossibilité pour la personne d’expliquer ou de raisonner
  • Manque de contrôle.
  • Évitement de la situation redoutée.
  • Peur qui persiste dans le temps.
  • Inadaptation.
  • Non spécifique à un certain stade ou à un certain âge.

Parmi lesdites caractéristiques, les plus importantes pour différencier la peur phobique et adaptative sont la persistance, l’ampleur et la nature inadaptée de la peur phobique par rapport à la peur adaptative.

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Âge d’apparition, prévalence et répartition par sexe

La prévalence des phobies spécifiques importantes varie d’environ 3 % à 12 % parmi la population générale. L’âge d’apparition peut considérablement varier. La prévalence la plus importante concerne les enfants âgés entre 10 et 13 ans.

Des phobies spécifiques surviennent chez 2 à 4 % des enfants. Cependant, seul un petit nombre d’enfants consultent. De plus, on remarque aussi que les phobies spécifiques sont plus fréquentes chez les filles que chez les garçons. Les symptômes ont par ailleurs tendance à survenir à un plus jeune âge chez les filles que chez les garçons.

Les caractéristiques cliniques

Les patients qui souffrent de phobies spécifiques sont moins enclins à rechercher une aide extérieure que ceux qui souffrent d’autres types de phobies. Par ailleurs, le niveau de détérioration peut être minime, surtout si la probabilité de confrontation avec l’objet phobique est faible.

La plupart des personnes qui cherchent de l’aide pour surmonter leur phobie le font pour l’une de ces trois raisons :

  • Le stimulus phobique acquiert une plus grande présence ou pertinence.
  • Un événement brutal a fait apparaître certaines peurs qui n’existaient pas auparavant, lesquelles conditionnent la vie quotidienne de la personne.
  • La personne en a marre de vivre avec cette peur et décide de résoudre son problème.

La gamme de stimuli qui déclenche la réaction de peur chez un individu souffrant d’une phobie spécifique est faible. En revanche, la nature des stimuli pouvant potentiellement déclencher une réaction phobique est énorme.

Les clés pour comprendre certaines phobies spécifiques

Bien que les études familiales suggèrent que les phobies spécifiques peuvent plus facilement survenir si des parents au premier degré en souffrent, ces phobies peuvent également survenir à cause d’une expérience directe et aversive de la situation ou de l’objet phobique.

On pense qu’une telle expérience suractive potentiellement l’amygdale, une structure fondamentale impliquée dans le développement et la coordination de l’expression physiologique de la peur.

Phobie des animaux

La phobie des animaux renvoie à la peur des animaux qui ne sont normalement pas dangeureux. Par exemple : les oiseaux, les chiens, les chats, etc. La personne en a peur et les évite. La peur a tendance à se déclencher lorsque les animaux sont en mouvement.

En règle générale, les personnes craignent un type d’animal et non des espèces différentes. Seule une minorité craint les dommages que l’animal peut leur causer.

Aussi curieux que cela puisse paraître, après les premières expositions, dans lesquelles la personne utilise généralement la stratégie d’évitement qui renforce cette peur, la personne tend à davantage craindre l’intense mal-être d’une éventuelle exposition que la possibilité que l’animal puisse attaquer.

Phobie du sang

La phobie du sang et des blessures présente plusieurs caractéristiques distinctives et uniques. La plus importante est la réaction physiologique cardiovasculaire biphasique. Elle peut même se transformer en une brève asystolie.

Elle s’accompagne de nausées, de sueurs, de pâleur et parfois d’évanouissements. Tout comme pour la phobie animale, l’anxiété est davantage liée à l’anticipation d’un éventuel black-out qu’au stimulus phobique.

Phobies situationnelles

Ces phobies regroupent de nombreuses situations. Les plus représentatives sont toutefois la phobie de l’avion, de la conduite automobile, des lieux bondés, des hauteurs et des ponts.

L’aspect le plus distinctif est qu’une telle phobie survient généralement à la fois seule et dans le cadre d’un trouble panique avec agoraphobie. Certains auteurs en sont venus à considérer qu’il s’agit d’une forme modérée d’agoraphobie.

Prévalence, épidémiologie et évolution des phobies spécifiques

La prévalence des phobies spécifiques importantes oscille entre 3 % à 12 % au sein de la population générale. Elles peuvent survenir à n’importe quel moment de la vie, mais il semble que l’âge moyen soit compris entre 7 et 16 ans, sur la base d’ ne fourchette qui va de 3 à 67 ans.

La peur des animaux et du sang est la plus précoce (entre 7 et 9 ans). La peur des hauteurs, la claustrophobie et la phobie de la conduite automobile sont les plus tardives (entre 20 et 25 ans).

La prévalence la plus élevée chez les enfants se situe entre 10 et 13 ans.

Les personnes souffrant d’une phobie simple sont plus nombreuses que les agoraphobes et les phobiques sociaux. Près de la moitié des phobiques sociaux et des phobiques simples sont également agoraphobes. Bien qu’ils soient très nombreux, peu d’entre eux demandent de l’aide.

Le degré de perturbation peut devenir tolérable dans la phobie spécifique. La phobie spécifique prédomine chez les femmes par rapport aux hommes avec un ratio de 1 / 1,7. Cela se confirme surtout dans la phobie des animaux.

Plus les peurs d’une personne sont spécifiques, plus le risque que les phobies coexistent avec un autre trouble anxieux est grand.

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L’intervention pour traiter les phobies spécifiques

L’intervention privilégiée pour ce type de phobies combine exposition et désensibilisation systématique. Les données recueillies dans différentes études nous indiquent que ses effets persistent de 6 à 12 mois après le traitement.

Cette thérapie expose le patient au stimulus redouté, mais de manière progressive et graduelle. Ce processus essaie d’habituer la personne au stimulus, favorisant ainsi la diminution de l’anxiété qui apparaît naturellement en présence du stimulus.

La personne peut comprendre, dans le traitement cognitif supérieur, que le stimulus n’est pas vraiment une menace. L’objectif de l’intervention est qu’elle le comprenne aussi au niveau réactif.

Dans la mesure où les phobies spécifiques surviennent souvent dans des conditions prévisibles et circonscrites, l’utilisation de la benzodiazépine peut sembler cliniquement appropriée pour les cas plus légers. Les études sur la benzodiazépine n’ont toutefois pas montré que, grâce à elle, les résultats de l’intervention se maintiennent dans le temps.


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