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Les applications mobiles pourront-elles traiter les problèmes de santé mentale ?

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Une application mobile pourra-t-elle dans le futur traiter les problèmes de santé mentale comme l'anxiété, la dépression ou encore détecter d'éventuelles pensées suicidaires ? En réalité, ces ressources existent déjà. Nous analysons ce phénomène.
Les applications mobiles pourront-elles traiter les problèmes de santé mentale ?
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Dernière mise à jour : 01 mars, 2023

Cela semble être une contradiction, mais en réalité, cet objectif pour améliorer la santé mentale est en pratique depuis plusieurs années. Il est vrai que nous nous concentrons presque toujours sur la nocivité des téléphones portables et sur la façon dont leur utilisation excessive est liée à des sentiments de solitude, d’isolement ou d’anxiété.

Cependant, lorsque nous mettons les technologies en notre faveur, les avantages sont indéniables. Maintenant, nous ne pouvons pas nier qu’il y a une certaine controverse et une profonde préoccupation sur cette question. Va-t-on remplacer la psychothérapie par ce type d’ applis ? La réponse est clairement non. Une application ne peut pas remplacer le travail d’un professionnel.

Malgré cela, nous ne pouvons pas nier que l’intelligence artificielle progresse de plus en plus et l’une de ses réalisations indéniables est de surveiller notre humeur lorsque nous utilisons nos réseaux sociaux. Les avancées dans ce domaine se sont déjà tournées vers des applications promues comme “santé mentale”.

À tel point que nous avons des ressources qui surveillent notre humeur et suivent les pensées négatives et les idées suicidaires. Ces applications peuvent servir de mécanisme pour détecter certaines réalités et certains besoins psychologiques qui peuvent ensuite être consultés (et traités) avec un spécialiste.

Le but de la plupart des applications de santé mentale est de surveiller notre humeur, pas de la traiter.

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Applications mobiles et problèmes de santé mentale : comment sont-ils liés ?

La montée en puissance des applications qui cherchent à être les alliées de notre santé mentale est déjà imparable. Le développement de ces ressources a augmenté de façon exponentielle. Ils sont simples, accessibles et surtout : pas chers. De même, un autre fait se produit : une bonne partie de ces applications sont développées par des psychiatres et des psychologues.

mindLAMP en est un exemple. Cette application est conçue par le psychiatre John Torous et ses collègues du Beth Israel Deaconess Medical Center. Le but n’est pas de soigner ou d’intervenir, mais de surveiller la santé mentale des usagers. En d’autres termes, la personne est encouragée à décrire comment elle se sent et des jeux mentaux sont joués qui testent des capacités cognitives telles que l’attention et la mémoire.

La personne peut prendre conscience de ce qu’elle est et cela peut l’inciter à faire des changements. Par conséquent, lorsqu’on leur demande si les applications mobiles seront capables de traiter les problèmes de santé mentale, nous pouvons dire qu’elles ne cherchent aujourd’hui qu’à évaluer et à promouvoir de meilleures habitudes de vie.

Mais demain, la technologie a bien vocation à être ce service auxiliaire capable de remplacer les professionnels…

Les applications de santé mentale seront-elles la fin de la thérapie ?

À l’heure actuelle, les applications en santé mentale ne remplacent pas le travail des professionnels. Cependant, il semble évident que ces applications cherchent à offrir un soutien aux personnes qui, en raison de divers facteurs (notamment économiques), ne peuvent pas accéder à ces ressources.

Les téléphones portables et leurs applications sont bon marché, accessibles et facilitent l’anonymat. Ceci est parfois critique pour certaines personnes, car il existe encore aujourd’hui une stigmatisation considérable autour de la santé mentale. Cependant, face à la question de savoir si les applications mobiles pourront traiter les problèmes psychologiques, une nuance s’impose.

La technologie coexistera avec nous de nombreuses façons à l’avenir. L’application idéale pour demain sera celle dans laquelle plusieurs professionnels de la santé mentale seront en ligne 24h/24 et 7j/7 pour nous. Services couverts et financés par les États.

Psychologie numérique : types d’applications existantes

Beaucoup d’entre nous ont vu ou même utilisé certaines de ces applications de santé mentale. Elles sont attirantes, elles attirent notre attention et il est facile d’y recourir lorsque l’on se sent un peu plus débordé, inquiet voire angoissé.

De plus, comme nous l’avons souligné, certains sont conçus par des professionnels et peuvent être utiles dans certains aspects spécifiques. Nous l’analysons.

  • Applications pour adolescents. Il existe des ressources mobiles qui aident les adolescents à entrer en contact avec des spécialistes lorsqu’ils traversent une période difficile. Ils peuvent enregistrer vos pensées et vos émotions.
  • Applications pour la prévention du suicide. Ces types d’ applications doivent encore être développées un peu plus, mais elles sont utiles pour détecter les pensées négatives et les idées suicidaires. Ils ont également une ligne qui se connecte avec des professionnels.
  • Applications pour l’anxiété. Elles ont des exercices de méditation, de relaxation profonde et des exercices basés sur la thérapie cognitivo-comportementale.
  • Applications pour le contrôle des dépendances. Il s’agit d’une autre ressource très courante qui vise à aider les personnes souffrant de diverses dépendances à contrôler leurs impulsions, leurs pensées, etc.
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Pour le moment il n’y a aucune preuve

Les applications de santé mentale, également appelées MHapps, ont déjà plusieurs investigations pour évaluer leur utilité. Un exemple en est celui réalisé en 2016 à l’Université Monas, qui a démontré l’absence totale de preuves thérapeutiques pour ces ressources.

Cependant, on peut citer des travaux plus récents, comme ceux réalisés par l’Universitat Jaume I en collaboration avec l’Université Dalhousie. Ces analyses mettent en évidence le manque de fiabilité lorsqu’il s’agit de traiter des conditions telles que la dépression, l’anxiété, les traumatismes, le stress, les dépendances, le spectre de la schizophrénie et d’autres troubles psychotiques.

Bien sûr, il est souligné que les téléphones portables peuvent être des ressources à fort potentiel pour médiatiser notre bien-être psychologique et que des processus un peu plus innovants doivent être développés pour obtenir un réel bénéfice.

Pour conclure, l’avenir de la santé mentale nécessitera des changements et des avancées profondes. Cependant, pour être utiles, tous doivent obéir à un principe fondamental : faciliter l’accès des psychologues aux personnes. Le simple fait de fournir des soins primaires avec ce type de professionnels serait essentiel.

La technologie ne remplacera pas la thérapie psychologique ou les médicaments, mais elle peut être une ressource auxiliaire et complémentaire.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


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