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Le transfert et le contre-transfert

7 minutes
Le transfert et le contre-transfert
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González

Écrit par Daniela Alós
Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Le transfert et le contre-transfert sont deux termes fondamentaux de la psychanalyse. Ils font office de piliers pour la pratique clinique dans la mesure où ils constituent une partie fondamentale de la relation analytique. Par ailleurs, bien qu’il s’agisse de deux concepts différents, le transfert et le contre-transfert sont clairement indissociables.

La rencontre analytique cède la place à une interaction patient-analyste, dans un espace où l’inconscient peut circuler aussi librement que possible. Cette interaction initie une dynamique entre le transfert et le contre-transfert, de la part du patient ainsi que de l’analyste.

Qu’est-ce que le transfert ?

Le terme transfert n’est pas exclusif de la psychanalyse, il est également utilisé dans d’autres domaines. Il semble exister ici un dénominateur commun : il fait allusion à l’idée de déplacement ou de substitution d’un lieu à un autre. Ainsi, par exemple, il peut être observé dans les relations médecin-patient ou étudiant-enseignant.

Dans le cas de la psychanalyse, le transfert s’entend comme la recréation de fantasmes infantiles pour lesquels le destinataire est la personne de l’analyste. Le transfert constitue la superposition de quelque chose de précédent sur quelque chose d’actuel, devenant ainsi une zone privilégiée pour avancer dans le sens de la guérison.

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Dans les premiers temps, Freud considérait le transfert comme le plus grand obstacle au processus thérapeutique. Il le considérait comme une résistance de la part du patient à accéder à son matériel inconscient. Cependant, il ne lui a pas fallu longtemps pour se rendre compte que son rôle transcendait cette résistance.

Ainsi, Freud, dans son texte Dynamique du transfert de 1912, présente le transfert comme un phénomène paradoxal : en dépit de constituer une résistance, il est fondamental pour le travail d’analyse. Il distingua alors le transfert positif – fait de tendresse et d’amour – du transfert négatif – vecteur de sentiments hostiles et agressifs -.

“L’analysé ne se souvient pas, en général, de tout ce qui est oublié et réprimé, mais le ressent. Il ne le reproduit pas comme un souvenir, mais comme une action ; il le répète, sans savoir, bien entendu, qu’il le fait.”

-Sigmund Freud-

Contributions d’autres psychanalystes sur le concept de transfert

Après Freud, un grand nombre d’ouvrages ont été consacrés à la question du transfert, en repensant le sujet et en le comparant au développement original du phénomène. Tous s’accordent sur le fait qu’il est basé sur la relation qui se produit dans la situation thérapeutique entre l’analyste et le patient.

Ainsi, selon Melanie Klein, le transfert est conçu comme une reconstitution, lors de la séance, de tous les fantasmes inconscients du patient. Le patient, lors du travail analytique, évoquera sa réalité psychique et utilisera la personne de l’analyste pour revivre des fantasmes inconscients. 

Dans la conception de Donald Woods Winnicott, le phénomène de transfert dans l’analyse peut être compris comme une réplique du lien maternel, d’où la nécessité de l’abandon de la neutralité rigoureuse. L’usage que le patient peut faire de l’analyste en tant qu’objet de transition, tel qu’il le décrit dans son article “L’usage d’un objet” de 1969, donne une autre dimension au transfert et à l’interprétation. Il affirme que le patient a besoin du lien thérapeutique pour réaffirmer son existence.

Lien transférentiel

Il a été précisé que le transfert est lié avec la récréation des fantasmes de l’enfance sur la personne de l’analyste. Pour ce faire, un lien transférentiel doit tout d’abord être établi, permettant au patient de recréer et de travailler sur les fantasmes de l’enfance.

Pour créer le lien, il est nécessaire que, une fois que le patient accepte son désir de travailler sur ce qui lui arrive, il recoure à l’aide d’un analyste supposé comprendre ce qui lui arrive. Lacan l’a nommé “sujet supposé savoir”. Cela produira le premier niveau de confiance dans cette relation, qui donnera lieu à un travail analytique.

Cependant, tout au long du parcours analytique, des manifestations dans le lien transférentiel peuvent apparaître, manifestations auxquelles l’analyste doit être attentif et doit traiter opportunément, tels que : les signes d’engouement à l’encontre du thérapeute, la tendance à vérifier le pouvoir de leur attractivité en réduisant l’analyste à la position d’amant, la tendance à suivre les indications du thérapeute sans les remettre en question, les améliorations rapides sans travail ni effort parallèle, et d’autres signes plus subtils, comme arriver fréquemment en retard aux rendez-vous ou les allusions fréquentes à d’autres professionnels.

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Bien évidemment, ce types de situations ne surviennent pas uniquement chez le patient, des manifestations contre-transférentielles peuvent également survenir. En effet, l’analyste doit aussi être attentif et s’analyser lui-même si se produisent des manifestations telles que : discuter avec le patient, avoir des impulsions l’amenant à demander des faveurs au patient, rêver du patient, disposer d’un intérêt excessif pour le patient , être incapable de comprendre le matériel devant être analysé lorsque le patient fait référence à des sujets similaires à ceux vécus par l’analyste, la négligence pour maintenir le cadrage de l’analyse, présenter des réactions émotionnelles intenses liées au patient, etc.

Qu’est-ce que le contre-transfert ?

Le terme contre-transfert a été introduit par Freud dans “Les perspectives d’avenir de la thérapie psychanalytique” en 1910. Il est décrit comme la réponse émotionnelle de l’analyste aux stimuli provenant du patient, comme le résultat de l’influence de ce dernier sur les sentiments inconscients de l’analyste.

L’analyste doit être attentif à ces phénomènes qui pourraient se produire pour une raison simple :  ils pourraient constituer un obstacle à la guérison. Bien qu’il existe également un certains nombres d’auteurs qui soutiennent que tout ce qui est ressenti dans le contre-transfert, que nous savons n’avoir rien à voir avec l’analyste, peut être renvoyé ou signalé au patient.

Il est possible que les sentiments que le patient suscite chez l’analyste, du fait d’être renvoyé, peuvent générer une prise de conscience de ces derniers ou une meilleure compréhension de ce qui se passe dans la relation thérapeutique. Quelque chose qui n’avait peut-être pas été partagé à travers les mots jusqu’à ce moment. Par exemple, revivre une scène de l’enfance et que l’analyste commence à se sentir triste ; cependant, le patient l’interprète et y voit de la colère. L’analyste peut lui renvoyer ce qu’il ressent afin que le patient entre en contact avec l’émotion réelle qui est masquée par la colère.

Relation entre le transfert et le contre-transfert

D’une part, le contre-transfert est défini par sa direction : les sentiments de l’analyste dans sa relation avec le patient. D’autre part, il est défini comme un équilibre qui ne cesse d’être une preuve supplémentaire que la réaction de l’un n’est pas indépendante de ce qui provient de l’autre. Autrement dit, le contre-transfert est lié à ce qui se passe dans le transfert, de sorte que l’un influence l’autre.

“Le transfert et le contre-transfert s’influencent mutuellement.”

Dès lors, le contre-transfert peut être un obstacle si l’analyste y réagit. S’il se laisse emporter par les sensations qu’il éprouve pour le patient – amour, haine, rejet, colère -, il enfreint la loi de l’abstinence et de la neutralité qu’il se doit de respecter. Loin de profiter au travail analytique, il y porterait ici préjudice.

De telle sorte que le point de départ est le transfert du patient. Ce dernier communique – ou essaye – toutes ses expériences et l’analyste répond seulement à ce que le patient dit avec ce qui lui semble pertinent, sans placer ses propres sentiments dans les interventions qu’il effectue. Le patient revit les fantasmes, les vit, mais ne le fait pas de manière consciente, raison pour laquelle l’interprétation joue un rôle fondamental pour le soigné.

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Fonction du transfert et du contre-transfert

L’analyse présuppose que le lien transférentiel entre le patient et son analyste soit déjà été établi. C’est dans le jeu entre le transfert et le contre-transfert que naissent les sentiments, les désirs inconscients, les tolérances et les intolérances.

À partir de la relation transférentielle, l’analyste pourra effectuer les interventions : interprétations, signalements, coupures de session, etc. Ce n’est que si le lien transférentiel est établi qu’il sera possible de réaliser un travail plus en profondeur. Dans le cas contraire, les interventions n’auront pas le même effet.

Pour tout cela, dans la relation analytique, la rigoureuse neutralité de l’analyste, associée à une écoute flottante qui le dépouille de sa subjectivité – de ses propres affections et de son histoire -, est ce qui permettra au transfert d’être utilisé en tant que canal pour le travail en consultation. L’analyste doit devenir une sorte d’écran vide où le patient peut transférer son matériel inconscient.



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  • Ruiz J. Transferencia y contratransferencia. Del Psicoanálisis a la Psicoterapia Analítica Funcional. Revista de Ciencias sociales, Humanas y Artes. 2013; 1(2): 52-58.
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