Le temps libre, un droit et un devoir

C'est seulement pendant notre temps libre que toutes les facettes humaines peuvent émerger, celles qui ne sont pas sujettes à l'impératif de la production. Se reposer est un droit et un devoir, car c'est à ce moment-là que nous pouvons exercer au mieux notre liberté.
Le temps libre, un droit et un devoir
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Dernière mise à jour : 19 janvier, 2020

Pendant très longtemps, les loisirs étaient perçus comme une activité négative. “L’oisiveté est la mère de tous les vices”, disait-on. Cette idée négative du temps libre s’est répandue en raison des intérêts qui primaient pendant l’ère industrielle, la consigne étant de produire le plus possible.

Dans ce contexte, les idéologies selon lesquelles le travail est la seule activité louable dans la vie se sont popularisées.

Produire toujours plus pour générer plus d’excédents a conduit à une activité industrielle sans contrôle. Parmi les conséquences de cette activité industrielle excessive figurent la destruction significative de l’environnement et une diminution considérable de la qualité de vie des travailleurs.

Vivre uniquement pour le travail conduit vers la maladie physique et mentale. C’est pourquoi, à l’heure actuelle, certains revendiquent l’importance du temps libre, estimant qu’il s’agit non seulement d’un droit mais aussi d’un devoir.

“Le loisir est le meilleur des biens.”

-Socrate-

Maintenant, grâce à la science, nous savons que le repos est tout aussi fondamental que le travail. Le cerveau et l’organisme dans son intégralité ont besoin de périodes de repos et de tranquillité pour fonctionner correctement.

Lorsque nous nous reposons autant que nous travaillons, nous sommes plus productifs, plus créatifs et plus sains. Le problème est que le temps libre ne fait pas autant partie de notre éducation que le travail.

Le temps libre dont profite un homme

Le temps libre, un droit

Comme nous le savons tous, il fut un temps où le droit au repos était très limité. C’était à l’époque où les concepts de journée de travail légale et de salaire minimum n’existaient pas. Les employeurs n’avaient alors aucun problème à embaucher des travailleurs pour des journées de 14 heures, voire plus. Et ce, pour pas grand chose en retour.

Comme en ce temps-là nombreux étaient ceux qui ne possédaient rien, les travailleurs acceptaient ces conditions totalement injustes. C’est dans ces circonstances que sont apparus dans plusieurs endroits du monde les syndicats et les organisations syndicales.

Des travailleurs de toute la planète ont lutté pour obtenir des droits basiques et universels. Ces luttes ont permis d’arriver au système des trois huit, à savoir 8 heures de travail, 8 heures de repos et 8 heures de vie familiale.

Dans de nombreux pays du monde, ce schéma est toujours d’actualité mais, dans encore beaucoup d’endroits, les conditions de semi-esclavage persistent. Il est important de garder à l’esprit qu’il s’agit d’un droit qui a été obtenu grâce à des luttes difficiles, lesquelles ont, qui plus est, coûté la vie à de nombreuses personnes. Renoncer volontairement à un droit signifie contribuer à sa disparition éventuelle.

Le temps libre, un devoir

S’accorder du temps libre est un acte d’amour propre. C’est une façon de préserver son bien-être, raison pour laquelle cet acte est nécessaire. Se reposer est une responsabilité que nous avons envers nous-mêmes.

Ce point semble une vérité tellement évidente, et pourtant, dans le monde actuel, cette vérité a été oubliée. La notion d’obligations est si forte que de nombreuses personnes ne supportent pas d’avoir du temps libre au cours duquel elles n’ont de comptes à rendre à personne.

Bertrand Russel, un célèbre penseur anglais, a beaucoup parlé de ce sujet. Dans l’un de ses écrits, il expose un exemple plutôt intéressant. Il plante un décor dans lequel des usines produisent toutes les épingles dont un pays a besoin ; ces usines comptent sur cent travailleurs qui travaillent huit heures par jour. Tout à coup, apparaît une technologique capable de générer cette même production en deux fois moins de temps. Que devrait-il se passer et que se passe-t-il en réalité ?

Russell nous dit que, dans ce cas hypothétique, de nombreux travailleurs perdraient leur travail, soit parce que les usines n’ont plus besoin d’autant de main-d’œuvre, soit parce que certaines usines font faillite. Pour lui, les travailleurs et les usines concernés devraient travailler deux fois moins. Il n’y aurait ainsi que des gagnants : le volume de production serait le même et les travailleurs auraient plus de temps libre.

Le temps libre au soleil

La protection de son temps

À l’heure actuelle, la société de consommation a fait changer les priorités de nombreuses personnes ; nous ne travaillons plus nécessairement pour satisfaire nos besoins basiques mais pour gagner plus d’argent afin de consommer plus, afin d’acheter des choses, que nous en ayons besoin ou non… Remplacer constamment les biens, être toujours en train d’acheter et toujours en train de payer.

C’est pour cette raison que de nombreuses personnes acceptent de travailler au-delà du raisonnable : elles ont besoin de plus d’argent parce que le marché est insatiable. Il y aura toujours une nouvelle offre chaque fois plus tentante.

Celui qui a des vêtements voudra encore plein de nouveaux vêtements. Celui qui a une maison aura envie d’avoir une maison plus grande, et celui qui a une voiture aura envie de posséder un avion.

La consommation génère un mode de vie fermé : les personnes travaillent pour consommer et elles consomment pour travailler. Le temps libre est dédié aux achats et à la consommation.

Penser au temps libre manque de sens pour certains, cela les inquiète même. Cette façon de voir les choses n’est pas saine : il est important d’accorder de la valeur à notre temps libre, car c’est à ce moment-là que nous nous connectons à notre véritable essence et à la vie.

 


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  • Pieper, J. (1998). El ocio y la vida intelectual. Ediciones Rialp.


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