Le syndrome de l'empereur ou de l'enfant tyran
Rédigé et vérifié par le psychologue María Vélez
Il est de plus en plus fréquent de voir des petits enfants défiant et se moquant de leurs parents ou d’autres figures d’autorité. Le plus préoccupant étant que ces attitudes semblent aller crescendo jusqu’au point extrême où les parents sont maltraités par leurs enfants. Nous parlons du syndrome de l’empereur, de l’enfant tyran ou de l’enfant roi.
Aussi bien au niveau professionnel que dans la vie quotidienne, la tendance habituelle est de voir des enfants frapper leurs parents, les insulter, se moquer d’eux, etc., dans le but d’obtenir tout ce qu’ils veulent à un moment précis.
Ce qui est le plus frappant, c’est que plus le petit garçon ou la petite fille agit comme un tyran, plus l’adulte de référence fait des efforts pour lui obéir. Un adulte débordé face aux exigences de son enfant, qui finit par se sentir coupable de ne pas réussir à satisfaire ses désirs.
Pour connaître exactement les caractéristiques du syndrome de l’empereur, nous allons interpréter une situation réelle que j’ai pu vivre il y a quelques semaines, au cours des vacances d’été. Étudions-la en détails.
Description de la situation : l’enfant roi ne veut pas manger
Une famille composée d’un père, d’une mère et d’un enfant de 5 ans environ est en train de manger dans un restaurant, entourée de beaucoup de gens. La mère, presque en panique, essaye de donner à manger à son fils, une chose que ce dernier sait faire de façon autonome mais qu’il refuse de faire à ce moment précis.
Le problème n’est pas que l’enfant ne veuille pas manger mais qu’il veuille uniquement boire le verre de Coca-Cola que sa mère vient de commander au comptoir. Le petit garçon ne veut absolument pas lâcher le verre. À ce moment précis, la mère croit que la meilleure chose à faire est de négocier avec son fils et elle lui dit “tu ne pourras boire le Coca que si tu manges ton escalope”.
Le mauvais comportement et les mots méprisants de l’enfant envers sa mère ne font qu’augmenter. On peut écouter “je n’ai pas l’intention de manger ce truc dégoûtant parce que tu me le demandes” ou “je t’ai déjà dit que je ne vais rien manger, tu ne comprends rien quand je te parle ?”. Pendant ce temps, le père est un simple spectateur du conflit qu’il observe avec un visage impassible.
Après avoir lutté avec le verre de Coca, la mère ne trouve pas de solution et abandonne. L’enfant finit par boire tout ce qu’il veut, en se moquant de sa mère et en lui donnant un coup de pied sous la table.
La touche finale est une réprimande de la mère que, bien sûr, l’enfant ne prendra pas sérieusement : “tu vas voir, aujourd’hui tu seras privé de piscine”. À ce niveau, le petit empereur peut compter sur beaucoup de ressources pour sortir triomphant de la situation. En ce qui concerne les situations à venir, il sait qu’il n’aura qu’à forcer un peu plus avec le verre de Coca-Cola.
Caractéristiques du syndrome de l’empereur
Sur la base de la situation que nous venons de décrire, nous pouvons signaler quelques caractéristiques du syndrome de l’empereur ou de “l’enfant roi”.
- Une perception exagérée de ce qu’on lui doit. Il ne demande pas, il exige, jusqu’au point de n’être satisfait par rien du tout. Lorsqu’il réussit à avoir ce qu’il veut, il veut encore plus de choses.
- Une faible tolérance à la frustration, un ennui ou une négation face à ce qu’on lui demande. Dans ce cas, il répond par des crises de colère, des insultes ou de la violence devant la famille et les ami-e-s, et peu importe si cela se passe dans un lieu public.
- Il a peu de stratégies pour résoudre des problèmes par lui-même. Il est habitué à ce qu’on les résolve pour lui.
- Son égocentrisme lui fait croire fermement que le monde tourne autour de lui.
- Il trouve toujours des justifications à ses comportements et fait culpabiliser les autres.
- Il ne fait pas preuve d’empathie. Par conséquent, il ne ressent pas de remords lorsqu’il crie, menace ou agresse physiquement.
- Il remet en question les normes et les punitions de ses parents et dit de ceux-ci qu’ils sont méchants ou injustes. Cet aspect tourne à son avantage car il réussit à les faire se sentir mal… Ils lui cèdent donc encore plus de privilèges.
- Il ne répond pas bien face à des figures d’autorité ou des normes sociales.
- Il a une faible estime de lui-même mais celle-ci est dissimulée sous des comportements tyranniques.
- La majeure partie du temps, il est triste, anxieux, en colère, etc.
Comment en arrive-t-on au syndrome de l’empereur ?
Comme nous le commentions au début, il est de plus en plus fréquent de rencontrer des enfants de ce type. Mais, à quoi est due l’augmentation de ce phénomène?
En plus de l’existence d’une prédisposition génétique, il semblerait que la responsabilité touche principalement deux aspects : un style éducatif permissif et l’influence de la société actuelle.
Le manque de limites claires fait croire aux enfants, de façon erronée, qu’ils ont le droit de faire ce qu’il veulent, quand ils le veulent. Avec ce droit, ils ne sont pas conscients du fait que les récompenses requièrent un effort et qu’ils doivent respecter les autres.
D’un autre côté, nous ne pouvons pas oublier l’influence de la société de consommation et individualiste dans laquelle nous sommes plongé-e-s, ou la journée de travail ultra-rigide que la majorité des parents doivent suivre, qui a des répercussions sur le temps de qualité qu’ils peuvent offrir à leurs enfants.
Un enfant sain a besoin d’avoir des limites claires
Si nous réunissons tous ces facteurs, nous pouvons en arriver à l’hypothèse selon laquelle les plus petits s’habituent à ne pas valoriser les choses et à faire passer leurs désirs immédiats au-dessus de tout. Les parents, eux, finissent par se frustrer. Peu importe ce qu’ils feront, leur enfant voudra toujours plus d’attention.
Pour élever des enfants forts, sains et intelligents émotionnellement, il est important de fixer des limites claires dès le début. Il est essentiel que les enfants passent par un certain degré de frustration pour qu’ils puissent ensuite comprendre que le monde requiert des efforts et du respect envers les autres.
Laisser le monde tourner autour d’eux revient à leur faire une maigre faveur car un enfant qui n’a pas ressenti de frustration est un enfant faible. Dans le futur, il aura beaucoup de mal à affronter de nouvelles situations et à trouver des solutions à des problèmes car il découvrira que la vie n’est pas faite à sa mesure et que tout ne va pas comme il le voudrait.
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- Garrido, V. (2005). Los hijos tiranos. El síndrome del emperador. Ariel, Barcelona.
- Pereira, R., & Bertino, L. (2009). Una comprensión ecológica de la violencia filio-parental. Violencia familiar, 226.
- Urra, J. (2012). El pequeño dictador. Grupo Ilhsa SA.
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