Le petit Albert, l'enfant perdu de la psychologie

L'expérience du petit Albert a fait couler beaucoup d'encre. On s'est notamment interrogé sur la véritable identité et le sort du bébé qui a été soumis à des expériences traumatisantes pour démontrer qu'on pouvait conditionner l'esprit. On continue à éprouver de nombreux doutes à ce sujet.
Le petit Albert, l'enfant perdu de la psychologie
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González.

Dernière mise à jour : 27 janvier, 2021

L’histoire du petit Albert est l’une des plus confuses et controversées de la psychologie. Celui qui a mené cette expérience n’est autre que le célébrissime John B. Watson, considéré comme le père du béhavorisme ou comportementalisme. En résumé, cette expérience souhaitait démontrer que le comportement des êtres humains se conditionne en fonction des stimuli et de réponses.

Le comportementalisme prétend, en substance, que le comportement humain peut être conditionné ou “dressé”. À la différence d’autres écoles, pour les comportementalistes, le bonheur d’un adulte en Chine est parfaitement égal à celui d’un bébé au Mexique. Peu importe ce qu’il se passe à l’intérieur de chacun. Ce qui compte, c’est le comportement que l’on observe.

Pour démontrer son hypothèse de base, John Watson a eu recours à une série d’expériences. La plus célèbre d’entre elles est celle du petit Albert, un bébé de 9 mois. Après l’expérience, personne n’a su ce qu’il était advenu du bébé. Néanmoins, certains chercheurs se sont adonnés à la tâche de vérifier ce qu’il s’était passé avec lui. Ils ont ainsi fait d’étonnantes découvertes.

John B. Watson

L’expérience du petit Albert

Avant de s’intéresser à ce qu’il s’est passé avec Watson, rappelons brièvement en quoi a consisté l’expérience du petit Albert. Selon les notes de Watson, l’enfant était le fils de la nourrice d’un orphelinatOn l’a choisi pour l’expérience en raison de son caractère tranquille et de son indifférence face aux stimuli externes.

Watson a exposé le bébé à différents stimuli. Un singe, un rat blanc, un papier en train de brûler, etc. Lorsqu’on lui a présenté ces animaux et objets, il s’est montré attentif. Il s’est néanmoins montré indifférent d’un point de vue émotionnel. Il exprimait seulement un brin de curiosité.

Ensuite, Watson a introduit un stimulus supplémentaire. À chaque fois qu’apparaissait le rat blanc, il frappait une barre métallique avec un marteau. Il produisait ainsi un bruit violent qui faisait peur au bébé. L’enfant a alors commencé à associer le son avec le rat et après quelque temps, il avait peur rien qu’en voyant l’animal. Il a ensuite généralisé sa peur aux lapins et aux autres animaux à fourrure.

Qu’est devenu le petit Albert ?

L’expérience du petit Albert a permis à Watson de démontrer que le comportement pouvait être conditionné grâce à des stimuliIl a écrit dans ses notes que l’expérience s’était terminée parce que l’enfant avait été adopté. Néanmoins, on n’a jamais su si le comportement craintif s’était maintenu ou non, après la fin de l’expérience.

Avec le temps, quelques chercheurs se sont intéressés au sort du petit Albert. L’un d’entre eux a été le psychologue Hall Beck. En se basant sur les notes de Watson, des recensements et d’autres documents, il a cru avoir trouvé le garçon. Il a publié ses conclusions en 2009.

Il y signalait qu’Albert s’appelait en réalité Douglas Merrite. C’était un enfant qui souffrait d’hydrocéphalie depuis sa naissance et qui est décédé à 6 ans. Ses découvertes ont contesté toute l’oeuvre de Watson. De plus, elles ont conféré un caractère monstrueux à son expérience. Il aurait démontré sa théorie auprès d’un enfant handicapé.

Un bébé en train de pleurer à l'image du petit Albert

Autres hypothèses et nombreux doutes

Un autre psychologue, Russell A. Powell, de l’université Grand McEwan (Canada) a remis en question les conclusions de Beck. Il a également mené ses propres recherches et a publié ses conclusions en 2012. Ces dernières indiquent que le petit Albert se serait appelé William Albert Barger, un enfant qui a grandi normalement et qui est décédé à 88 ans, avec une certaine aversion pour les animaux.

Les hypothèses de Beck ainsi que celles de Powell sont très solides, mais pas concluantes. Enfin, en juin 2014, le chercheur Tom Bartlett a publié un nouvel article. Il est parvenu à la conclusion que les 2 enfants ont participé à l’expérience.

Le sujet, dans le fond, implique un débat sur la validité du comportementalisme, une école qui a été très critiquée par son caractère réducteur. On y ajoute une certaine antipathie pour la personne de John Watson. Cet homme a été répudié pour avoir divorcé de son épouse afin de se marier avec Rosalie Rayner, une étudiante qui a été son assistante.

John Watson a été expulsé et on lui a retiré l’intégralité de ses diplômes universitaires. Marié avec son assistante, il a eu 2 enfants avec elle, qu’il a éduqués d’une manière strictement comportementaliste. Les 2 enfants ont tous deux essayé de se suicider à l’âge adulte. L’aîné, William, y est parvenu. Dans les années 1950, on lui a restitué tous ses diplômes alors qu’il s’intéressait à un autre domaine : la publicité.

 


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  • Pérez-Delgado, E., Gil, F. T., & Garrido, A. P. (1991). La nueva imagen de John Broadus Watson en la historiografía contemporánea. Anuario de psicología/The UB Journal of psychology, (51), 67-88.

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