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Le monde requiert plus de compassion et moins de pitié

5 minutes
Parfois nous avons pitié, alors que nous ferions mieux d'être compatissants.
Le monde requiert plus de compassion et moins de pitié
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Le monde a besoin de plus de compassion. Cependant, la majorité d’entre nous se limite à ressentir de la pitié. Ce sentiment passif au travers duquel nous nous limitons à expérimenter de la tristesse pour ceux qui souffrent de carences, pour ceux qui abandonnent leur pays, pour ceux qui vivent dans l’échelon le plus bas de notre société. Cependant, la compassion est l’unique sentiment actif, l’unique sentiment qui fait tout son possible pour alléger la souffrance d’autrui.

L’inconfort associé au mot “compassion” est quelque chose de très curieux dans notre quotidien. Personne n’aime ressentir la compassion des autres car cela met d’une certaine manière en évidence un désavantage. Cela souligne une dimension qui ne se situe pas sur le même niveau d’opportunités que les autres. Cependant, si nous faisons référence à ce terme dans le domaine du bouddhisme, l’approche est différente.

“La pitié ne coûte rien, mais ne vaut rien non plus. Nous nécessitons davantage de compassion.”

-Josh Billings-

Dans ce dernier cas, la compassion est un outil exceptionnel qui nous permet de nombreux succès. La première chose est de voir le monde avec une vision plus humaine, affectueuse et sensible. On y ajoute l’engagement authentique visant à souhaiter soulager la douleur. On rend ainsi les choses possibles pour contrer ce désavantage.

D’autre part, nous avons une dimension supplémentaire : l’auto-compassion. Nous devrions personnellement être proactifs vis-à-vis de nos propres carences et besoins.

En résumé, il ne suffit pas d’expérimenter de la pitié. Il ne suffit pas d’identifier ceux qui souffrent et de nous mettre à leur place un instant pour être en accord avec leur chagrin puis s’éloigner ensuite et oublier avec la distance. Nous avons besoin d’action, de volonté, d’engagement envers les autres. Et ce également envers nous-même, envers notre réalité interne que nous laissons parfois de côté sans y avoir recours.

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Plus d’engagement et plus de compassion

Souvent, nous laissons de côté la grande implication psychologique qu’ont certains termes. Ainsi, le mot “pitié” cache dans les recoins de ses syllabes des dimensions curieuses et frappantes. Certains s’aventurent d’ailleurs à dire que lorsque nous expérimentons cette émotion nous appliquons l’empathie la plus basique. Nous sommes donc capables de connecter avec la souffrance d’autrui. Nous savons que l’autre a mal, qu’il souffre et nous connaissons l’impact de cette souffrance sur sa situation personnelle.

Cependant, ressentir de la pitié pour quelqu’un ne revient pas seulement à ressentir de l’empathie. Nous appliquons également un sentiment de supériorité. Il existe une évidence sur ce qui nous sépare de l’autre : cela peut être le statut, la culture, l’économie ou même la distance physique propre à notre espèce lorsque nous ressentons de la pitié pour un animal.

D’autre part, nous avons la compassion, ce mot qui nous donne une piste sur la manière d’agir. Ce terme vient du latin, “cum patior“, et pourrait se traduire comme le fait de “souffrir ensemble” ou “d’affronter ensemble les émotions“. Comme nous pouvons le voir, les distances se dissolvent dans ce cas afin d’établir une proximité d’égal à égal. Ainsi, on participe à la douleur de l’autre dans un but très claire : nous engager à améliorer la situation.

Nous pouvons donc affirmer que la compassion correspond à la confluence de trois constituants basiques :

  • La composante émotionnelle : Nous nous connectons avec la souffrance d’autrui de manière active en expérimentant avec lui la motivation. C’est un désir fort de générer du bien-être.
  • La composante cognitive : En percevant la douleur d’autrui nous l’évaluons. Nous pouvons ensuite faire des conclusions sur le besoin d’élaborer un plan d’action.
  • La composante comportementale : Nous prenons la décision d’établir une série d’actions afin de résorber la situation compliquée.

L’empathie n’est pas synonyme de compassion. La majorité d’entre nous exprime de l’empathie concernant les émotions d’autrui. En revanche, cette connexion ne pousse pas à l’action. La compassion implique en plus de faire preuve d’un sentiment actif. Une action qui part des émotions mais qui vise un objectif défini : améliorer la situation de l’autre.

 

La compassion, un instinct que nous devons récupérer

Le monde requiert plus de compassion, plus de personnes ne se limitant pas à contempler la douleur d’autrui. Le monde requiert des individus investissant les moyens (dans la limite de leurs possibilités) pour générer un changement positif. Comme nous l’avons signalé au début, ce mot sous-entend souvent une implication complexe et inconfortable dans notre vocabulaire. Nous n’aimons pas que les autres ressentent de la compassion à notre égard. La majorité du temps, nous réagissons négativement lorsqu’il s’agit de recevoir de l’aide extérieure.

Cependant, comme plusieurs scientifiques nous l’expliquent dans une étude de l’Université de Berkeley (Californie), nous devrions être capables de renouer avec cet “instinct primaire”. La compassion serait la réponse naturelle et automatique nous ayant permis de survivre en tant qu’espèce.

Il a même été démontré que les enfants de 2 à 3 ans font preuve de compassion au travers de leur comportement vis-à-vis d’autres enfants sans besoin de recevoir aucun type de récompense en échange. C’est une réaction, un type de réponse qui tend lamentablement à disparaître avec le temps en raison de notre conditionnement social.

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Curieusement et pour finir, il vaut la peine de souligner une donnée fournie par le docteur Dachner Keltner, après l’étude précédemment citée de l’Université de Berkeley. La célèbre phrase : “seuls les plus aptes survivent” attribuée à Charles Darwin ne serait en réalité pas de l’auteur de l’Origine des Espèces. Cette idée, cette phrase fut bercée par Herbert Spencer et les darwinistes sociaux, qui désiraient justifier la supériorité de classe et de race.

Charles Darwin souligna quelque chose de très différent. Comme il l’expliqua dans ses écrits, les sociétés appliquant davantage de compassion avaient le plus de probabilité d’évoluer. D’après ses mots : “les instincts sociaux et maternels tels que la compassion sont meilleurs que tous les autres. Les communautés qui incluent un plus grand nombre de membres ayant de la compassion prospèrent davantage, car cette caractéristique favorise la survie et la floraison de notre espèce“.

 

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.