Le cortex orbitofrontal, siège de notre comportement social
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Le cortex orbitofrontal est l’une des zones cérébrales les plus intéressantes. Il est lié à notre personnalité, à nos émotions et surtout au comportement social. S’il est vrai que nous avons encore beaucoup d’inconnues à résoudre sur cette zone du cerveau, ce que nous en avons appris jusqu’ici est sans aucun doute très révélateur et expliquerait bien des choses sur le comportement humain.
Nous sommes certains que de nombreux lecteurs connaissent le curieux cas de Phineas Gage. Cet opérateur des chemins de fer a subi un violent accident en 1848 avec des résultats curieux. Suite à une explosion, une barre de fer lui perfora le crâne. Cette perforation traversait précisément le cortex orbitofrontal et, bien que Gage n’ait perdu connaissance à aucun moment et que son histoire ait été décrite comme un miracle médical, nous pouvons dire que ce jeune opérateur ne fut plus jamais la même personne.
“Le cortex orbitofrontal comprend la surface ventrale du lobe frontal et est fondamental pour les processus tels que les émotions et notre comportement social.”
Ce curieux cas a été l’un des plus précieux pour les neurosciences, précisément parce que nous avons su pour la première fois à quel point cette zone de notre cerveau pouvait être pertinente. Après l’accident, Phineas Gage est devenu impudique, impulsif, irresponsable et même agressif. Ses relations sociales ont été gravement perturbées, il perdit son travail et bien qu’il fit partie d’un cirque pendant un certain temps, nous pouvons dire qu’il mourut quelques années après en raison de graves crises d’épilepsie dont il souffrait.
Antonio Damasio, neurologue très connu, est l’un des scientifiques qui ont étudié le cas plus Phineas Gage, concluant quelque chose d’essentiel : le lobe orbitofrontal est directement liée à nos émotions et à la prise de décision.
Où se situe le cortex orbitofrontal ?
Comme l’indique le terme lui-même, le cortex orbitofrontal est situé dans la partie frontale du cerveau. Il est juste au-dessus de nos orbites, ou cavités oculaires, et possède également des connexions directes avec les zones sensorielles et les structures du système limbique liées à l’émotion et à la mémoire.
Fonctions du cortex orbitofrontal
La plupart des choses que nous connaissons sur le cortex orbitofrontal sont essentiellement dues à l’étude de patients souffrant de lésions cérébrales ou d’affections diverses liées à cette région. Le cas de Phineas Gage fut incontestablement le plus révélateur, mais nous pouvons dire qu’il existe encore aujourd’hui beaucoup d’inconnues, beaucoup de doutes auxquels les neurologues tentent d’apporter des réponses afin de démêler un peu plus grands mystères du cerveau humain.
Voyons ci-après quelques-unes des fonctions qui se situents dans le cortex orbitofrontal.
Le traitement des émotions sociales
- Paul. D MacLean, physiologiste et neurologue bien connu du début du XXe siècle, avait déjà évoqué en son temps la relation entre le cortex orbitofrontal et nos émotions. Nous ne pouvons pas oublier que cette zone est connectée au système limbique ainsi qu’à l’amygdale. Or, la particularité de cette région est qu’elle articule les émotions liées à nos comportements sociaux : l’agressivité, le manque de respect, savoir vivre ensemble en favorisant des interactions appropriées avec les autres…
- Cette structure abrite également un “système de surveillance”. En d’autres termes, nous essayons grâce à elle de nous comporter en fonction d’un contexte, en nous adaptant à un équilibre social où nous contrôlons nos impulsions les plus basiques.
Le système de récompense
- Le cortex orbitofrontal est également lié aux comportements que nous, les humains, effectuons en fonction des récompenses ou des punitions que nous recevons.
- Il a été constaté, par exemple, que les patients avec une blessure dans ce domaine peuvent cesser d’être sensibles aux punitions. Ils ne se soucient pas des conséquences de leurs actions, mais ils deviennent obsédés par les récompenses. S’ils ne les reçoivent pas, ils deviennent agressifs, impulsifs et frustrés.
Cela rend incontestablement difficile la coexistence adéquate dans un environnement social.
La prise de décisions
Outre ces processus liés à nos comportements et nos émotions, cette zone de notre cortex frontal possède une relation étroite avec ce comportement complexe que constitue l’acte de prendre une décision.
- Nous avons observé, par exemple, que c’est dans cette structure que se situe notre motivation lorsque nous prenons l’initiative d’un comportement ou d’une action déterminé. Les personnes ayant une lésion du cortex orbitofrontal pourraient montrer une grande apathie, inhibition ou même un mutisme lors de la prise de décision.
- Plus encore, un fait frappant est que si elles franchissent le pas et initient un type d’action en fonction d’un problème, elles seront incapable d’évaluer quelle option est la moins risquée, la plus prudente et adaptée aux attentes du contexte social le plus proche. Il est courant en effet qu’elles optent pour des options qui les ramènent au même point de départ, au même problème.
Il s’agit de comportements curieux mais également très éprouvants pour la personne elle-même et son entourage.
Les dommage du cortex orbitofrontal
Il existe plusieurs tests neuropsychologiques pour évaluer un possible dommage du cortex orbitofrontal chez un patient. Ainsi, des tests tels que le test de discrimination visuelle, le jeu de l’Iowa ou le test de Faux Pas, sont très utiles pour évaluer l’incidence de toute altération dans cette région.
Nous savons que les personnes avec un traumatisme dans cette zone ou avec une lésion cérébrale acquise, montrent généralement les altérations psychologique suivantes :
- Parler vulgairement
- Problèmes d’interaction sociale dus au manque d’empathie
- Hypersexualité
- Abus de substances
- Comportement criminel tel que vol, agression, etc
Le traitement de ces patients est généralement très complexe. Il est fréquent qu’ils restent dans des centres spécialisés pour les maladies mentales dans la mesure où ils sont dérivés par ordonnances judiciaires. En général, ils reçoivent un traitement psychologique et pharmacologique basé sur les caractéristiques et les besoins particuliers. Nous sommes incontestablement devant une réalité très délicate, de celle dont nous apprenons tous les jours davantage de choses.
Références bibliographiques
Zald David, Rauch Scott (2006). Le cortex orbitofrontal. Oxford University Press
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
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