La thérapie transdiagnostique de Norton pour les troubles de l'anxiété
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Lors de ces dix dernières années, la psychologie clinique a fait de nombreux progrès au niveau des traitements. L’un d’eux consiste à aborder les problèmes psychologiques à travers les thérapies transdiagnostiques.
Habituellement, les thérapeutes apprennent et utilisent un traitement spécifique pour chaque psychopathologie. Cependant, plusieurs études ont démontré qu’utiliser une approche commune pour différents troubles de la même catégorie pourrait être plus efficace (thérapie transdiagnostique).
Une thérapie transdiagnostique est une thérapie qui essaye de se focaliser sur les points communs entre différents troubles. Par exemple, au niveau des troubles de l’anxiété, la panique, les phobies ou l’anxiété généralisée partagent une série de caractéristiques propres à leur entités. Ces caractéristiques peuvent être les pensées menaçantes, l’hyperactivation physiologique ou les comportements d’évitement.
Alors, appliquer une thérapie cognitivo-comportementale concrète pour un désordre spécifique aurait-il un sens? Selon le groupe de Norton de l’Université d’Houston (Norton, Hayes et Hopes, 2004; Norton et Hope, 2005), ce ne serait pas nécessaire.
Tout d’abord, les chercheurs ont mené un premier essai clinique en appliquant une thérapie cognitivo-comportementale transdiagnostique à un groupe hétérogène de patients souffrant de différents troubles de l’anxiété. Puis, ils ont découvert que l’anxiété s’améliorait. Tout comme le diagnostic secondaire comorbide qui n’avait rien à voir avec l’anxiété, comme par exemple la dépression.
“La combinaison a été plus efficace que la TCC combinée à d’autres types de traitements du trouble de l’anxiété”.
Qu’est-ce que la thérapie transdiagnostique pour l’anxiété ?
La clé de la thérapie transdiagnostique consiste en le fait que le thérapeute soit capable de trouver le noyau de base commun aux différents troubles de l’anxiété.
Peu importe que vous souffriez de panique, de phobie des araignées ou de trouble obsessionnel compulsif. Avec cette thérapie, nous oublions les étiquettes spécifiques. Le patient souffre d’anxiété, quelle que soit la façon dont elle se manifeste.
Cette pathologie nucléaire commune sur laquelle Norton se base est déterminée par la structure du modèle tripartite sur l’affection, l’anxiété et la dépression (Clark et Watson, 1991)
Pour Clark et Watson, le modèle tripartite sur la dépression et l’anxiété suggère que la dépression et l’anxiété possède des composants partagés (affect négatif généralisé) et spécifiques (anhédonie et hyperactivation physiologique).
Norton a pris ces références et a affirmé que l’affect négatif pouvait être considéré comme un composant psychopathologique de l’anxiété et de la dépression. Selon ce modèle théorique, les processus et composants du traitement ne se sont pas basés sur les différentes manifestations de l’anxiété naissant de troubles distincts.
Les ingrédients utilisés dans le protocole cognitivo-comportemental transdiagnostique ont été:
Psychoéducation
On explique aux patients quelles sont les manifestations de l’anxiété en général, comment elles surgissent et comment elles se maintiennent. En suivant le modèle tripartite, on leur donnera aussi des informations sur l’affect négatif, commun à l’anxiété et à la dépression.
Savoir gérer cette émotionnalité, en s’éloignant des distinctions artificielles, peut conduire à une amélioration des comorbidités de chaque patient.
La comorbidité peut se définir comme ces pathologies qui s’associent souvent à un problème principal. L’anxiété et la dépression en sont un exemple. En fait, dans la majorité des cas, elles sont tellement unies qu’elles deviennent indistinguables. Il faut alors les expliquer en s’appuyant sur l’affect négatif.
Restructuration cognitive
Nous partons de la base selon laquelle il existe une série de pensées automatiques négatives et au caractère menaçant chez la majorité des patients souffrant d’anxiété. Nous savons déjà que l’anxiété est la réponse face à l’intuition d’un danger potentiel.
Evidemment, dans les troubles anxieux, les pensées sont exagérées et manquent de réalité. Avec un bon entraînement en restructuration cognitive, nous pouvons aider les patients à détecter leurs pensées sur de futurs dangers et à les remplacer, à travers un dialogue socratique, par d’autres qui seront plus ajustées à la réalité.
Par exemple, quand on est sujet à la panique, il est habituel de retrouver des pensées comme “Je vais faire une crise de panique”, “Je vais devenir fou-folle”. Or, avec un trouble de l’anxiété généralisée, des idées semblables peuvent apparaître : “et si ma fille se faisait violer en rentrant tard cette nuit ?“.
L’objectif est que le patient se centre sur la réalité, avec les données dont il dispose et n’essaye pas d’imaginer des situations futures qui ne se sont pas produites; si elles se produisaient, elles ne seraient certainement pas comme il les imagine.
Exposition avec prévention de la réponse
On l’utilise comme mesure d’exposition pour les stimulus que l’on craint. Le format peut ainsi être in vivo, à travers l’imagination ou intéroceptif, c’est-à-dire un moyen de s’exposer à des sensations internes qui naissent fréquemment avec le trouble de panique.
Avec l’exposition, nous ne parvenons pas qu’à l’accoutumance physiologique à l’anxiété et aux stimulus qui provoquent l’anxiété. Le patient, en utilisant la prévention de la réponse, cesse aussi de mettre en place des comportements d’évitement. Il peut s’agir de compulsions dans le trouble obsessionnel compulsif, de vérifications dans le trouble d’anxiété généralisée ou de prise d’anxiolytique dans le trouble de panique.
Conclusions sur la thérapie transdiagnostique
La thérapie transdiagnostique donne de bons résultats. Selon Norton, la santé mentale des patients s’amélioraient nettement plus qu’avec un traitement standard. Par ailleurs, le traitement aurait un grand impact sur le diagnostic secondaire. Deux tiers des comorbidités disparaîtraient, contre 40% dans le cas d’une thérapie spécifique.
Il s’agit donc d’une approche plus efficace, que ce soit pour le patient ou pour le thérapeute. Celui-ci peut rassembler un ensemble de personnes connaissant la même problématique. Cela suppose un gain de temps extrêmement important.
La perspective psychopathologique transdiagnostique permet de comprendre les troubles mentaux d’un point de vue plus dimensionnel, à partir de la convergence de différents processus psychologiques communs à des ensembles de troubles. Le traitement, lui, est plus holistique et intégral.
Une émotion à prendre en compte: le dégoût
Nous pouvons aussi parler du fait que l’on ait sous-estimé l’importance de certaines émotions comme le dégoût. Des études récentes ont souligné que, comme pour l’affect négatif, l’anhédonie ou la peur jouent un rôle très important dans certains troubles liés à l’anxiété, surtout les phobies et les TOC.
On n’a pas encore déterminé à quel point l’émotion du dégoût fait partie du facteur général d’affectivité négative. Pourtant, tout semble indiquer qu’elle pourrait donner forme à une dimension transdiagnostique générique de sensibilité au dégoût. Cette dernière peut être impliquée de façon étiologique dans certains groupes de troubles mentaux.
La TCC devrait inclure la modification de cette construction dans les nouveaux protocoles transdiagnostiques. Cependant, les résultats sont actuellement prometteurs et ne concernent pas que des adultes. Des progrès ont aussi été faits avec les enfants et les adolescents, pour qui il est encore plus difficile de réaliser un diagnostic spécifique.
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- Norton, P. J. (2012). Group cognitive-behavioral therapy of anxiety: A transdiagnostic treatment manual. New York: Guilford.
- Sandín, B.; Chorot, P.; Valiente, R. (2012). Transdiagnostico: Nueva frontera en psicología clínica. Revista de Psicopatología y Psicología Clínica. Vol. 17, N.º 3, pp. 185-203.
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