La slow life, une autre façon d'être heureux
Combien de fois nous sommes-nous retrouvés pris au piège dans ce tourbillon créé par la frénésie du monde ? Beaucoup trop, probablement. Vivre à un rythme vertigineux nous fait perdre des moments, des nuances, des sensations, des détails… Détails qui, bien souvent, marquent la différence. C’est dans les années 80 qu’est apparu le mouvement slow life ou vivre lentement.
De plus en plus de gens ont choisi de suivre cette philosophie de vie. En quoi consiste-t-elle et quels bénéfices peut-elle nous apporter ? Poursuivez votre lecture pour en savoir plus sur cette tendance.
Malheureusement, dans notre culture, le mot “lent” peut avoir des connotations négatives, en le comparant à des termes comme paresseux ou fainéant. Essayons de briser cette association. Vivre lentement ne signifie pas mal vivre ou vivre de manière irresponsable : cela signifie vivre en prêtant attention au moment présent, en profitant de chaque instant.
Nous vivons vite, très vite, et nous ne nous en rendons même pas compte. Ce n’est pas un hasard si 53 % des personnes qui souffrent de stress finissent par développer des troubles émotionnels comme l’anxiété ou la dépression. Ceci se produit parce que quand nous voulons nous rendre compte que nous n’allons pas bien, il est déjà trop tard.
Vivre à un rythme frénétique a des conséquences
Plus nous grandissons et plus nous apprenons ce que signifie vivre rapidement. Nous apprenons à courir pour ne pas arriver en retard à l’école et à entrer en courant dans la cour pour ne pas arriver en retard en classe. À partir en courant pour les activités extra-scolaires et à sortir de celles-ci encore plus vite pour arriver à la maison et faire les devoirs. En courant aussi, évidemment. Une douche express, un dîner expédié et au lit car demain, ce sera la même chose.
Tout cela se répète quand nous arrivons à l’université et quand nous entrons dans le monde du travail. Nous nous préparons pour que la vie devienne cette “chose qui passe pendant que nous passons des heures et des heures au travail”. Travail auquel nous arrivons en courant et dont nous sortons de la même façon car il y a sûrement quelqu’un ou quelque chose qui nous attend à la maison, que ce soit notre famille dont nous devons nous occuper, des rapports à terminer ou une lessive à étendre.
Le syndrome de la grenouille
Avez-vous déjà entendu parler du syndrome de la grenouille ? Il peut nous aider à comprendre la raison pour laquelle nous considérons comme normal d’être un peu stressés. Si nous mettions une grenouille dans une casserole d’eau bouillante, elle sauterait constamment pour essayer de s’échapper.
Or, si nous mettons une grenouille dans de l’eau à température ambiante et augmentons progressivement cette dernière, la grenouille adaptera sa température corporelle à l’eau qui devient de plus en plus chaude et mourra bouillie, mais sans s’en rendre compte.
Cela peut sembler dur, mais c’est plus ou moins ce qui nous arrive. Dès notre enfance, nous nous sommes retrouvés plongés dans un monde et une société où tout va vite, mais de façon “anti-naturelle”. Or, au fil des ans, comme la grenouille, nous nous adaptons à quelque chose qui finit par nous sembler normal.
Le plus préoccupant est que nous pouvons même finir par penser que le stress est quelque chose de positif car sans lui, nous nous ennuyons. Cela vous parle, n’est-ce pas ? Mais quand nous comprenons que vivre en mode sprint nous affecte, il est trop tard et nous avons déjà de graves problèmes.
“La vie, c’est ce qui arrive pendant que vous prévoyez autre chose.”
– Allen Saunders –
Que propose la philosophie slow life et quels bénéfices apporte-t-elle ?
Le mouvement lent englobe presque tous les domaines de la vie, de l’alimentation (slow food, l’origine de tout) jusqu’au sexe ou l’éducation, en passant par des aspects comme l’exercice, les loisirs, les voyages, la mode et, bien évidemment, le travail.
Il nous invite à manger des produits naturels en pratiquant le mindful eating, à nous servir de la technologie de façon rationnelle et pratique, à favoriser le petit commerce local, à briser le cycle acheter-utiliser-jeter pour les vêtements (et briser ce que cela implique dans les pays producteurs).
Ce mode de vie nous invite à vivre calmement. Ceci vous permet de profiter des choses et de leur offrir l’attention qu’elles méritent. Qu’est-ce qui est plus important : faire quelque chose rapidement et mal ou lui consacrer plus de temps mais en y focalisant toute notre conscience ?
Sur le plan théorique, il est vrai que cela a toujours l’air simple. Or, ce mouvement slow life donne une série de recommandations sur la façon dont nous pouvons commencer à “vivre lentement”. Dans un premier temps : soyez patient. Personne ne change tout un système de vie en une journée.
Plongez-vous dans la slow life
Levez-vous quelques minutes plus tôt. Vous ne le regretterez pas ! Douchez-vous et déjeunez en prenant votre temps, évitez d’arriver à votre travail ou à votre lieu d’étude en haletant. Si vous pouvez, allez-y en marchant, en prêtant attention à votre promenade. Si vous ne pouvez pas, ne sortez pas votre téléphone dans les transports publics.
Vivez avec moins de choses. Fuyez la consommation, achetez ce dont vous avez besoin. Si vous vous arrêtez un instant et regardez autour de vous, vous vous rendrez sûrement compte que vous n’avez pas besoin de plus mais de moins. Vous pouvez mettre en pratique la règle des 7 jours : quand vous voulez acheter quelque chose que vous pensez nécessaire, attendez pendant 7 jours et, une fois ce laps de temps écoulé, si vous en avez encore besoin, achetez-le. Cette période de réflexion vous aura aussi donné l’opportunité d’évaluer d’autres options et de comparer les prix pour parvenir à un meilleur achat.
Vivez et profitez du présent. Nous vivons tourmentés à cause d’un passé que nous ne pouvons pas changer. Et nous avons peur d’un futur dont nous ignorons tout. Par conséquent, le présent est la seule chose que nous avons : nous ne devrions donc jamais le laisser passer. Cette forme de vie invite à la méditation et à la pratique du yoga et d’autres disciplines qui favorisent la connexion esprit-corps et dont le mantra est “ici et maintenant”.
Essayez, chaque jour, de faire quelque chose de bien pour quelqu’un. Contrairement à ce que nous pourrions penser, ce fait peut être plus positif pour nous-mêmes que pour la personne que l’on aidera. Petit à petit, cela deviendra automatique pour vous.
Autres idées pour favoriser la slow life
Faites partie d’un groupe ou d’une communauté. Du volontariat, un sport d’équipe, des voyages… Nous sommes des êtres sociaux et, comme l’a dit Tajfel, l’identité social est déterminée par l’appartenance à certains groupes. Par ailleurs, le concept de soi est conditionné par le sens émotionnel et l’évaluation que nous faisons sur l’appartenance à des groupes.
Élaborez un journal de gratitude. Prenez un moment chaque jour pour noter trois points positifs de la journée. Il peut s’agir d’actions, de pensées, de sentiments ou d’événements. Au début, vous serez peut-être surpris de voir que vous ne trouvez même pas trois choses. Puis, petit à petit, vous apprendrez à apprécier les petites choses et à être capable de les générer vous-même.
Même si une chose ne vous semble pas importante, écrivez-la. Les pensées finissent toujours par être déplacées par d’autres que nous considérons plus importantes. Écrire est une façon de les rendre présentes et nous pourrons même y avoir recours lorsque nous aurons un mauvais jour. Cette technique se travaille avec des patients qui ont des symptômes dépressifs. Vous seriez surpris de voir à quel point cela peut être bénéfique, alors n’hésitez pas et essayez-la !
Déconnectez. C’est le point le plus difficile. Mettez votre téléphone en silencieux, sortez sans le prendre, éteignez-le si vous en êtes capable. Vous n’imaginez pas à quel point cela fait du bien de ne pas se sentir esclave de la technologie.
Comment pratiquer le slow life dans une ville ?
Comme vous pourrez le voir, il est assez simple d’appliquer n’importe où les règles précédemment citées. Mais ce n’est pas tout… Aussi incroyable et impossible que cela puisse paraître, il existe des villes slow (cittaslow) sur toute la planète. Ce sont des villes où les gens apprécient les promenades, les conversations…
Ces villes promeuvent le tourisme lent, respectueux et avec un faible impact environnemental. On y favorise les activités touristiques respectueuses du milieu environnemental, culturel et social, et avec les valeurs d’une communauté.
Comment est né ce mouvement ?
Ce mouvement est né en 1986 en Italie. Il vient de Carlo Petrini et de son effroi lorsqu’il a vu un McDonald’s sur la Plaza de España de Rome.
Il a donc dirigé le mouvement contre la nourriture rapide et a fondé la philosophie slow food, avec laquelle il essayait de protéger les traditions culinaires locales, ses produits et le plaisir gastronomique. Le reste s’est développé à partir du mouvement slow food, jusqu’à devenir une véritable philosophie de vie.
Réflexion personnelle
J’ai eu l’immense chance de connaître quelques villes du Sud-Est asiatique et l’une des premières choses qui a attiré mon attention a été le calme avec lequel les gens vivaient. Vous y verrez toujours des gens faire la sieste, sur leur moto, sur des escaliers au milieu de la rue, dans un parc ou même sur une vache.
La majorité vit de façon très modeste et j’ose même dire qu’ils vous offriront toujours un sourire ou feront toujours un geste pour vous aider. Par ailleurs, surtout dans ces pays bouddhistes, la pratique de la méditation est plus que répandue. Ces gens sont de véritables experts en slow life. Cela ne vous fait pas envie ?
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.