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La région cérébrale de la culpabilité

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Saviez-vous que le sentiment de culpabilité se manifestait dans une zone bien particulière du cerveau ?
La région cérébrale de la culpabilité
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

La région cérébrale de la culpabilité semble fonctionner différemment d’une personne à une autre. S’il est vrai qu’en moyenne, la majorité des gens ressentent le poids de son impact, il semblerait que certains individus activent à peine cette aire. C’est par exemple le cas des narcissiques et des profils potentiellement violents.

Pour parler de la culpabilité, nous devons d’abord comprendre deux aspects très intéressants. Pour commencer, nous sommes face à une émotion clé dans le comportement de l’être humain. Même si nous avons tendance à l’associer à des réalités internes plutôt négatives (Fischer, Shaver et Carnochan, 1990), en vérité, cette émotion nous aide à réguler notre comportement social.

Le poids de la culpabilité nous pousse à corriger des comportements et motive les personnes à se comporter de façon correcte. En agissant de la sorte, nous évitons la souffrance de ce poids qui, bien souvent, peut s’installer indéfiniment dans notre cerveau. Par ailleurs, et une bonne partie de nous l’a probablement déjà vécu, nous nous trouvons devant l’une des émotions les plus difficiles à gérer.

Sigmund Freud avait déjà affirmé, à son époque, que l’être humain se servait de mécanismes de défense sophistiqués pour se protéger de l’influx de la culpabilité. Car son ombre, le souvenir d’une chose que nous avons faite ou non, est très compliquée à gérer. Cependant, et c’est peut-être là qu’apparaît le côté positif, sentir la marque de sa douleur signifie que nous en sommes conscients, ce que beaucoup d’autres personnes ne pourraient ni dire ni démontrer.

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La région cérébrale de la culpabilité : où se trouve-t-elle ?

Il y a peu de temps, nous avons été témoins d’une nouvelle tuerie de masse. L’attaque de deux mosquées de la ville de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, nous a fait découvrir un nouveau type de profil dans le monde des criminels. Une personne qui a diffusé en direct son massacre sur Facebook, dans le but d’atteindre le plus grand nombre de personnes et, selon ses dires, pour perpétuer son oeuvre et en inspirer d’autres.

Le plus frappant de cet acte est assurément la froideur absolue du protagoniste. Comme dans un jeu vidéo, il n’a fait que tirer sur toutes les personnes qui se trouvaient sur son chemin, avec une totale tranquillité. La brutalité, l’absence de conscience et de culpabilité par rapport à ce qu’il a fait est plus qu’évidente. Qu’est-ce qui se cache derrière ce type de personnes ? Quels mécanismes dirigent ou expliquent ces comportements ?

Le cortex orbitofrontal latéral, la région cérébrale de la culpabilité

L’Université de Monash a mené une étude en se servant précisément de certains jeux vidéos extrêmement violents. Le docteur Molenberghs, responsable de ce travail, cherchait à comprendre où se trouvait la région cérébrale de la culpabilité. Pour cela, et à travers des imageries par résonance magnétique, il a essayé de voir ce qui se produisait chez les sujets tandis qu’ils étaient soumis à un jeu vidéo dans lequel ils devaient ôter la vie à un grand nombre de victimes.

Les scanners cérébraux ont révélé une absence d’activité neuronale dans le cortex orbitofrontal latéral. Ceci coïncidait parfaitement avec d’autres études précédemment réalisées par le neurobiologiste et philosophe Gerhard Roth. Ce dernier a mené un profond travail de recherche dans diverses prisons pour comprendre ce qui se passait dans le cerveau d’assassins, de violeurs et d’autres prisonniers qui avaient commis des actes violents.

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Les résultats ont été clairs. Le docteur Roth parlait d’ailleurs d’une zone de cruauté lorsqu’il se référait à la région cérébrale de la culpabilité. Le cortex orbitofrontal latéral, à la différence des personnes qui souffrent du poids de la culpabilité, ne montraient qu’une très faible activité, voire aucune. Cela peut parfois être dû à la présence d’une tumeur. Cependant, dans la majorité des cas, on ne sait pas pourquoi ce dysfonctionnement se produit.

Certains psychologues pensent que l’exposition continue à la violence favorise souvent l’accoutumance de cette aire. Ceci pourrait expliquer le comportement de l’assassin de Nouvelle-Zélande, qui a dit qu’une partie de sa violence venait de sa passion pour les jeux vidéo. Ce n’est malgré tout qu’un facteur parmi tous ceux qui mènent à ce type de profils si obscurs.

Ressentir de la culpabilité nous rend humains

La région cérébrale de la culpabilité est liée, à son tour, au sentiment de honteCes deux dimensions nous font ressentir des sensations gênantes, extrêmement dérangeantes et parfois douloureuses. Cependant, il s’agit aussi d’émotions motivantes qui nous poussent à nous améliorer et à nous comporter d’une autre façon pour atténuer ce mal-être.

Tout ceci est positif et renferme cette essence qui nous rend humains, nous transforme en êtres sociaux qui veulent agir du mieux qu’ils le peuvent pour eux-mêmes et pour les autres. Ces types de réalités psychobiologiques n’ont pas lieu chez les psychopathesles narcissiques ou ces personnes capables de faire du mal sans rien ressentir.

Cette capacité de réflexion par rapport à l’acte commis ou d’empathie vis-à-vis de la personne à qui l’on a fait du mal ne semble pas être présente chez ce type de profils. Cette idée est assez effrayante et nous oblige à accepter une réalité pourtant évidente : des profils comme celui de Brenton Tarrant, le meurtrier de Christchurch, continueront à apparaître.

L’obscurité cérébrale dont parlait le docteur Gerhard Roth existe bien. La région cérébrale de la culpabilité ne travaille pas de la même façon chez tous les êtres humains et cela peut aboutir à des actes extrêmement nocifs pour l’humanité. 

 


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  • Turan, N., & Cohen, T. R. (2015). Shame and Guilt. In Encyclopedia of Mental Health: Second Edition (pp. 144–146). Elsevier Inc. https://doi.org/10.1016/B978-0-12-397045-9.00067-7
  • Lickel, B., Schmader, T., Curtis, M., Scarnier, M., y Ames, DR (2005). La vergüenza y la culpa vicaria. Procesos grupales y relaciones intergrupales , 8 (2 SPEC. ISS.), 145–157. https://doi.org/10.1177/1368430205051064

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