La neuroéthique : caractéristiques et développement
Rédigé et vérifié par Psychologue Bernardo Peña Herrera
La neuroéthique est une discipline qui s’est frayée un chemin dans la communauté scientifique internationale. En effet, un grand nombre d’études et de recherches sur le cerveau ont été réalisées ces dernières années.
Cependant, il s’agit d’une discipline qui n’est reconnue en tant qu’entité propre que depuis 2002. Date à laquelle un groupe de spécialistes venus de différents domaines scientifiques s’est réuni pour étudier les implications éthiques et sociales de la recherche sur le cerveau, la bioéthique classique étant considérée trop générique.
En 2003, une conférence sur la neuroéthique a été organisée pour la première fois par la Society for Neuroscience. Mais ce n’est qu’en 2006 que la Neuroethics Society a été créée. Il s’agit d’un groupe réunissant des professionnels qui se consacrent à l’étude des répercussions sociales, juridiques, politiques et éthiques liées aux progrès des neurosciences.
Comme on peut le constater, le développement de cette discipline est relativement récent. Or, il ne cesse d’être curieux et intéressant. Nous allons maintenant nous pencher sur la neuroéthique. De ses origines à sa situation actuelle afin de la découvrir plus en profondeur.
L’apparition de la neuroéthique
Pour comprendre l’émergence de la neuroéthique en tant que science, il est nécessaire de prendre en compte l’interdisciplinarité présente dans les neurosciences. En effet, celles-ci sont composées d’un grand nombre de disciplines différentes qui se consacrent à l’étude du système nerveux.
Au fil du temps, le besoin de compréhension entre ces disciplines s’est accru. Il a été rapidement accompagné de préoccupations sur des questions éthiques communes. Les questions classiques liées au fonctionnement du système nerveux et aux relations esprit-cerveau y sont donc pour beaucoup.
A tout cela s’ajoute la grande avancée, en peu de temps, de la bioéthique. Une branche de la science orientée avant tout vers les aspects éthiques liés aux sciences de la vie. Comme la biologie ou la médecine. Il s’agissait d’une impulsion motivante pour les neuroscientifiques, car ils ne voulaient pas être laissés pour compte.
D’autre part, la progression parallèle des neurosciences a eu pour conséquence que les axes de la recherche scientifique se sont orientés vers des questions plus liées à l’aspect intérieur de l’être humain. Par exemple, sur les pathologies ou les fonctions cognitives et émotionnelles qui peuvent surgir en nous.
C’est pourquoi, peu à peu, le besoin s’est fait sentir de créer une discipline qui s’attacherait à établir les préceptes appropriés pour coordonner la recherche dans ces domaines. Et c’est ainsi que la neuroéthique a vu le jour.
La réunion de San Francisco en 2002
Les universités de Stanford et de Californie ont organisé une réunion à San Francisco (Californie) en 2002 qui a marqué la naissance de la neuroéthique comme discipline scientifique. C’est à l’occasion d’un congrès auquel ont participé quelque 150 neuroscientifiques que les bases de la discipline ont été jetées.
Lors de cette réunion, les spécialistes ont dû se mettre d’accord sur sa définition et son champ d’étude. Il en est résulté la définition suivante :
“L’étude des questions éthiques, juridiques et sociales qui se posent lorsque les découvertes scientifiques sur le cerveau se traduisent par des pratiques médicales, des interprétations juridiques et des politiques sanitaires ou sociales. Ces découvertes se produisent dans des domaines allant de la génétique ou de l’imagerie cérébrale au diagnostic et à la prédiction des maladies. La neuroéthique devrait examiner comment les médecins, les juges et les avocats, les responsables des assurances et les politiciens, ainsi que la société dans son ensemble, traitent tous ces résultats.”
Cependant, bien que la neuroéthique fasse ses premiers pas dans ce sens, il reste encore de nombreux aspects à clarifier et à définir. Comme par exemple le fait que la quasi-totalité de l’orientation de la discipline concerne les maladies du système nerveux.
En outre, un autre problème réside dans le peu d’attention accordée à la prévention et à l’aspect fonctionnel du système nerveux, au détriment évident des sciences telles que la psychologie. Comme on peut le constater, il reste encore un long chemin à parcourir pour obtenir une vision plus large et plus synthétique de cette discipline.
Caractéristiques et développement de la neuroéthique
Le développement de la neuroéthique et de ses caractéristiques reflète l’évolution de quatre grands domaines de travail :
- Les sciences neurales et le moi : cet aspect traite de questions telles que la relation entre les neurosciences et la liberté et la responsabilité humaines. De plus, il étudie les bases biologiques de la personnalité, du comportement et des émotions.
- Les sciences neurales et les pratiques sociales : dans ce cas, la recherche se concentre sur les pathologies sociales, traitant également des processus d’apprentissage et de mémoire, ainsi que des questions de responsabilité personnelle et pénale. Cela conduit à toucher certains aspects de la neuropsychiatrie légale.
- L’éthique et la pratique des neurosciences : il s’agit de l’éthique appliquée à la pratique clinique. Elle couvre des aspects tels que la neurochirurgie, la psychopharmacie, la thérapie génique, les prothèses neurales, etc. De plus, ce domaine vise à orienter à la fois la recherche et les approches thérapeutiques des pathologies nerveuses.
- Les neurosciences et le discours public : il s’agit de la relation entre les neurosciences et la formation académique des chercheurs, ainsi que des aspects liés à la diffusion, sans oublier la relation avec les médias sociaux.
La neuroéthique se définit donc comme une jeune science pluridisciplinaire. Avec une grande projection et des objectifs de travail à long terme. C’est, et ce sera, un domaine de recherche fructueux. Après tout, il s’agit d’une question purement humaine.
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