Le langage des baisers

Le langage des baisers

Dernière mise à jour : 16 octobre, 2015

Nous embrassons par plaisir et par engagement, nous embrassons passionnément, lentement et doucement, nous embrassons pour calmer nos ardeurs, nous embrassons avec chaleur, nous embrassons avec froideur, nous nous enveloppons avec un baiser et nous disons au revoir avec.

A travers nos lèvres, nous transmettons une énorme quantité d’émotions et de sensations. Les lèvres et les baisers sont les armes les plus puissantes de l’être humain. 

Si la raison pour laquelle les lèvres ont évolué ainsi n’est pas évidente, il existe des chercheurs comme Gordon G. Gallup qui considèrent que les lèvres sont ainsi, dans le but de faciliter la sélection du conjoint.

En lien avec cette idée, ce chercheur a affirmé dans une interview pour la BBC en septembre 2007 que “embrasser implique un échange complexe d’informations : information olfactive, information tactile et ajustements de posture qui sont utilisés comme des mécanismes inconscients, produits de l’évolution, et qui permettent que les gens déterminent leur degré de compatibilité génétique”. 

Dans ces cercles de recherche, on affirme même qu’embrasser révélerait le degré d’engagement du couple, ce qui est clé lorsqu’on souhaite avoir des descendants. De plus, un baiser mal donné pourrait déterminer l’évolution de la relation et même y mettre un terme.

La découverte de Gallup sert de preuve à ces affirmations. La plupart des femmes et des hommes enquêtés ont affirmé s’être sentis attirés à un moment donné par quelqu’un qui les a foudroyé par un baiser.

Ce n’est pas que les “mauvais baisers” aient un défaut particulier, c’est seulement qu’ils ne plaisent pas et qu’ils sont suffisants pour mettre un point final à la relation.

De plus, ce même auteur affirme que le fait d’embrasser est crucial, tant pour les hommes que pour les femmes mais que chacun d’entre eux lui accorde une signification différente. 

Ainsi, il paraîtrait qu’il est plus fréquent chez les hommes de valoriser un baiser profond comme une étape vers la relation sexuelle.

Au contraire,“les femmes utilisent le baiser pour obtenir des informations sur le niveau d’engagement de l’autre quand elles ont une relation durable”. 

Ainsi, le baiser est un baromètre émotionnel et plus il est profond et enthousiaste, plus la relation est saine. 

Ce qui est sûr, c’est que notre physiologie évolue très lentement et nous avons du mal à comprendre que dans certains aspects, nous nous guidons par des instincts ou des impulsions inconscientes.

De toute façon, même si la perspective évolutive considère le baiser comme un baromètre des relations chez l’être humain, cela ne semble pas être totalement nécessaire pour notre développement.

Ainsi, il y a des quantités d’animaux qui ne s’embrassent pas tout le temps, ni ne montrent d’affection comme premier indice avant la reproduction.

Il y a même des êtres humains qui ne le font pas : aux débuts du XXème siècle le scientifique danois Kristoffer Nyrop a décrit des tribus finlandaises dont les membres se lavaient ensemble et ne considéraient pas indécent de s’embrasser.

En 1897, l’anthropologue Paul d´Enjoy a indiqué que les Chinois considèrent le baiser dans la bouche comme quelque chose d’horrible, et ils l’apparentent même à du cannibalisme.

Un autre exemple se trouve en Mongolie : Certains parents n’embrassent pas leurs enfants mais démontrent leur affection en leur sentant la tête.

Cependant, dans notre culture, le fait d’embrasser la personne que nous aimons active le centre cérébral du plaisir, l’aire tegmentale ventrale.

Cette zone s’active également lors de la consommation de drogues, ce qui peut expliquer le fort potentiel addictif des baisers.

Une autre curiosité sur l’art d’embrasser est que nous avons tendance à le faire en tournant la tête à droite, indépendamment du fait que nous soyons droitier ou gaucher. 

Cela peut s’expliquer en partie car la plupart des mères bercent leurs enfants vers le haut et sur la gauche, et donc que le bébé est renversé vers la droite pour têter ou se blottir.

Ainsi, nous avons appris à associer la chaleur, l’amour et la sécurité au fait de s’incliner vers la droite. 

De fait, il paraît que nous percevons moins d’amour et de chaleur quand on nous embrasse vers la gauche. Cela est expliqué par la latéralisation cérébrale inversée.

Le fait de s’incliner vers la droite laisse à découvert notre partie gauche, la partie contrôlée par l’hémisphère droit qui est aussi le plus émotionnel.

De toute façon, même si de nombreuses études démontrent cette idée, d’autre affirment que la préférence du côté droit pour embrasser, peut être une préférence plus motrice que sentimentale.

Ce qui est important, c’est qu’en marge de toutes ces explications, à travers les baisers, nous réussissons à transmettre une immensité de messages neuronaux et chimiques que nous percevons sous forme de sensations tactiles, d’excitation sexuelle, d’intimité, de tendresse…

Comme l’a confirmé Chip Walter, le baiser résiste aujourd’hui à une dissection scientifique complète et l’acte apparemment simple et naturel d’embrasser cache des complexités insoupçonnées. Les secrets de la passion et de l’amour n’ont pas été mis au jour. La romance renonce à contrecoeur à ses mystères, et cela est peut-être, d’une certaine manière, ce qui nous plait.  

Image de Melpomene


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