La dépression chez les réfugiés de guerre, quelles sont ses caractéristiques ?
Rédigé et vérifié par le psychologue Gorka Jiménez Pajares
La dépression est une entité clinique avec un énorme potentiel pour mettre fin à toute lueur d’espoir. Pourriez-vous vous imaginer un peu dans la peau de réfugiés de guerre ? Partout sur la planète, il y a des millions d’êtres humains avec des vies pleines de souvenirs, qui ont été privés de leur maison.
De plus, en raison de la barbarie en Ukraine, le nombre de réfugiés en Europe augmente de façon exponentielle. Dans le cadre de la santé psychologique, les obstacles à l’accès aux soins de santé sont innombrables : des longues procédures bureaucratiques aux difficultés sociopolitiques des pays qui les reçoivent, sans oublier les longues périodes où ces personnes vivent dans une caserne, dans le camp de réfugiés.
Il faut ajouter que « migrer » est considéré comme une expérience potentiellement traumatisante, un fait exacerbé par le contexte de guerre.
Cet ensemble de facteurs : guerre, migration, précarité dans les camps et difficulté d’accès aux interventions psychologiques, sont le terreau idéal pour le développement d’entités cliniques. Aujourd’hui, nous nous concentrerons sur une seule : la dépression dans le contexte des réfugiés de guerre (Lavdas et al., 2023).
“La tristesse est un mur entre deux jardins.”
-Khail Gibran-
“Migrer” pour éviter une guerre meurtrière
Dans les camps de réfugiés, les médecins doivent faire face à une multitude de problèmes de santé psychologique. Par exemple, la dépression et la toxicomanie. C’est ce que nous montre une publication la revue spécialisée BMC Medicine (Kane et al., 2014). A cet égard, on peut se demander ce qui inquiète le plus les personnes qui migrent pour éviter la guerre.
D’autre part, de nouvelles recherches publiées dans BMC Psychiatry, menées par Michalis Lavdas et son équipe, mirent en évidence ce qui stresse le plus les réfugiés de guerre. Il s’agit des éléments listés ci-dessous :
- Le chômage.
- Incertitude.
- L’acculturation.
- Perte de vie.
- Détérioration dans la sphère sociale.
- Préoccupations économiques.
- Le fait d’être exposé à un contexte de guerre, traumatisant en soi.
Fuir la guerre est le point de départ. Arriver dans un camp de réfugiés n’est qu’une étape de plus dans un long voyage. De plus, il y a des camps où la vie est très dure. En effet, la culture du pays d’origine peut être complètement différente. Ainsi, être dans un refuge influencerait considérablement ces personnes en raison de la “danse” chaotique des changements, de la douleur et de l’incertitude.
«L’arrivée dans un camp implique un lent processus d’adaptation à un environnement nouveau et inconnu».
-Miriam George-
Réfugiés de guerre et la dépression
Ceux qui participèrent à l’étude de Lavdas et al (2023) déclarèrent se sentir déprimés. Il s’agit du résultat de situations difficiles qu’ils sont dans l’obligation de voir ou de vivre. Ce phénomène se produit à la fois avant le début de la guerre et une fois qu’elle commence.
L’expérience qu’elles vivent dans les camps de guerre aggrave le poids que ces personnes portent sur leur dos. De même, des différences selon le sexe ont été trouvées en termes de facteurs qui affectent la dépression.
“Être un réfugié n’est pas un choix, mais une nécessité pour survivre.”
-Angelina Jolie-
La violence de genre : une constante pour les femmes réfugiées de guerre
Les réfugiés de guerre viennent souvent de pays où leurs droits sont constamment niés, violés et ignorés. Le Dr Lavdas explique que le fait d’être né femme tend à constituer un facteur de risque per se. Il illustre ses propos par les cas de « mariage pendant l’enfance », fréquents dans certaines cultures.
La vie dans le camp annonçait l’espoir d’un nouveau foyer. Cependant, malgré la perception d’une plus grande sécurité, d’autres éléments favorisant la dépression attendaient dans le camp. On parle d’incertitude et d’absence d’activité (Lavdas et al., 2023)
La vie dans les camps est un tournant intense pour les hommes réfugiés de guerre
À la suite d’une violence exacerbée et incessante avant la migration, les hommes signalèrent des émotions négatives telles que l’angoisse avec une fréquence extraordinaire. Surtout après avoir été témoin d’actes aussi horribles que, par exemple, des meurtres ou des explosions.
Après leur arrivée dans un camp qui serait un phare de lumière, de progrès et de liberté, ils rencontrèrent des facteurs diamétralement opposés : confinement, isolement et conflits (Lavdas et al., 2023).
De plus, l’absence d’activités significatives et les journées apparemment “longues et interminables” favorisent les symptômes dépressifs. Il en va de même du fardeau mental de “devoir s’occuper des besoins de leurs familles”.
Inactivité et démotivation, deux éléments cruciaux dans la dépression des réfugiés de guerre
Les réfugiés quittent leur pays pour survivre à une guerre meurtrière et destructrice qui anéantit tout espoir pour l’avenir. Ils fuient avec leurs sacs à dos remplis d’angoisse et d’inquiétudes pour leur survie, mais aussi pour leurs enfants ou d’autres personnes vulnérables dont ils avaient la charge jusqu’alors.
D’autre part, l’inactivité susmentionnée est étroitement liée aux symptômes dépressifs. Il peuvent constituer un cercle vicieux, dont le résultat est le manque de motivation, l’absence de contacts intimes et significatifs avec d’autres personnes et la perte de plaisir à éprouver des choses quotidiennes.
Dès lors, l’idée d’améliorer les caractéristiques des camps dans lesquels transitent ces personnes devient fondamentale. Leur apporter une aide psychologique directe, c’est aussi leur confier des tâches et des activités qu’ils peuvent considérer significatives et importantes. Un être humain qui sent que la vie a un sens, un sens, est un peu plus préparé à affronter les vicissitudes.
“Les réfugiés sont comme tout le monde, avec des rêves et des espoirs. Ils méritent donc une chance de se construire une vie meilleure.”
-David Miliband-
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Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- George M. Application of conservation of resource theory with camp refugees. Migr Dev. 2017;6(3):460–478. doi: 10.1080/21632324.2017.1320825 https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/21632324.2017.1320825
- Kane, J.C., Ventevogel, P., Spiegel, P. et al. Mental, neurological, and substance use problems among refugees in primary health care: analysis of the Health Information System in 90 refugee camps. BMC Med 12, 228 (2014). https://bmcmedicine.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12916-014-0228-9#citeas
- Lavdas M, Guribye E, Sandal GM. “Of course, you get depression in this situation”: Explanatory Models (EMs) among Afghan refugees in camps in Northern Greece. BMC Psychiatry. 2023 Feb 27;23(1):125. doi: 10.1186/s12888-023-04613-2. PMID: 36843000; PMCID: PMC9968643. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36843000/
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