La démence pugilistique, le syndrome du boxeur

Existe-t-il un type de démence associé au sport ? La réponse est oui et le cas le plus important est la démence pugilistique. Nous vous invitons à en apprendre davantage à ce sujet.
La démence pugilistique, le syndrome du boxeur
Francisco Roballo

Rédigé et vérifié par Psychologue Francisco Roballo.

Dernière mise à jour : 03 janvier, 2023

La démence pugilistique est une maladie neurodégénérative qui a pris une importance particulière en raison de ses caractéristiques associées. Son autre nom “syndrome du boxeur” nous donne un indice sur son étiologie. Le mot de racine latine pugil fait référence à la boxe qui, en de nombreuses occasions, est la cause de la maladie par les coups répétés reçus.

Imaginer recevoir la quantité de coups à la tête reçue par un boxeur ou une personne qui pratique des sports de contact tout au long de sa carrière n’est pas facile. Pourtant, il n’est pas si difficile de penser aux répercussions que les coups peuvent avoir sur le cerveau des personnes touchées.

Ainsi, la démence pugilistique est une maladie causée par divers polytraumatismes et commotions qui entraînent une atrophie corticale du cerveau. Approfondissons le sujet.

Des glaciers en forme de tête humaine

Caractéristiques générales de la maladie

Ce type de démence a été décrit pour la première fois en 1928 par le pathologiste et médecin légiste Harrison Martland.

Aujourd’hui, on la considère comme une variante de l’encéphalopathie traumatique chronique, bien qu’initialement on ne les différenciait pas. La distinction entre les deux est devenue évidente lorsque les chercheurs ont réalisé que les symptômes de la démence pugilistique se trouvaient dans d’autres populations.

Une maladie que l’on taisait autrefois

La popularité de la boxe au début du XXème sicle a conduit de nombreux professionnels et amateurs à se tourner vers le sport. Au début, les résultats n’étaient pas évidents, mais au fil des ans, le nombre de personnes touchées d’une façon ou d’une autre a augmenté.

Les principaux symptômes étaient l’apathie, des traits psychotiques, une perte de coordination et une détérioration intellectuelle globale accentuée. Les scientifiques l’ont bien compris, ces changements se sont associés à des microlésions répétées du cerveau, fruit des commotions.

Développement de la démence pugilistique

L’atrophie du cortex cérébral entraîne une réduction générale du poids du cerveau et de son métabolisme. En général, toutes les structures du cerveau finissent par être affectées, ce qui nuit au fonctionnement général du cerveau.

Cependant, cette maladie se produit en phases progressives, variant la symptomatologie :

  • Stade précoce : premiers symptômes de la détérioration cognitive à la suite de coups. Bien qu’aucun début clair ne soit établi, la maladie est habituellement latente au cours des premiers années
  • Stade avancé : environ 12 et 16 ans à partir du moment où l’on a commencé ce sport. Les symptômes commencent déjà à apparaître clairement, bien qu’on ne puisse pas encore les cataloguer comme une démence
  • Démence : les symptômes sont déjà installés et affectent la fonctionnalité du sujet dans tous ses sens. La perte des facultés mentales, telles que la mémoire et la raison, devient évidente et a un grand impact sur le comportement

Principaux symptômes

Les symptômes de la démence pugilistique sont divers et se chevauchent souvent avec ceux d’autres maladies neurodégénératives. Malgré tout, nous trouvons un groupe de caractéristiques très présentes chez les personnes atteintes qui sont accentuées au fur et à mesure que la maladie progresse.

  • Apathie généralisée : manque d’expressivité et d’intérêt émotionnel, accentué par la détérioration de la capacité à communiquer
  • Agressivité : physique et verbale, mettant l’accent sur l’impulsivité et une grande irritabilité
  • Dépression : la progressivité avec laquelle les symptômes se manifestent tend à conduire à une perte d’humeur, à l’isolement et au désespoir
  • Mémoire : ce sont principalement les tâches quotidiennes qui l’affectent. L’altération de cette fonction est corrélée aux difficultés à maintenir l’attention
  • Problèmes moteurs : ce sont d’abord de petites défaillances ou des maladresses, qui évoluent progressivement vers des problèmes de lenteur, de rigidité et de coordination

Principaux facteurs de risque

Le principal facteur de risque de démence pugilistique est la pratique d’un sport de contact. Ainsi, la détérioration résultant des diverses blessures ne se produit pas seulement dans la boxe, il existe d’autres sports avec une incidence élevée de la maladie :

  • Football américain
  • Kick-boxing
  • Sports à haut contact
  • Sports de course automobile

D’autre part, d’autres facteurs de risque peuvent être :

  • Commencer la pratique d’un sport de contact à un très jeune âge
  • Ne pas utiliser la protection recommandée
  • Avoir une carrière sportive de longue durée
  • Ne pas utiliser les stratégies de prévention

Diagnostic

La démence pugilistique ne s’associe pas à une blessure particulière ou à une région précise du cerveau. Pour cette raison, son diagnostic est assez complexe et peu spécifique.

Les symptômes comportementaux et moteurs sont habituellement explorés et évalués par un neurologue et un neuropsychologue. On utilise également des outils de neuro-imagerie, comme la tomographie, pour détecter la profondeur des lésions cérébrales.

Les boxeurs et la démence pugilistique

Traitement

Le traitement principal est d’éviter les facteurs de risque. Si l’on pratique un sport présentant ces caractéristiques, il doit l’être avec le plus grand soin et la plus grande protection.

Si les symptômes sont déjà présents, il existe deux approches générales :

  • Médicalisation : traitement avec des médicaments qui agissent sur les symptômes spécifiques
  • Rééducation : elle doit être précoce et profiter de la plasticité cérébrale. Il s’agit de donner au patient les outils nécessaires pour compenser les pertes motrices et ainsi ne pas perdre sa mobilité

Quelques considérations

La démence pugilistique est un exemple très illustratif des effets de ne pas prendre soin de notre cerveau. Les altérations se produisent à moyen et long terme, mais les causes sont très précoces.

Bien qu’il n’y ait généralement pas de prise de conscience réelle des dégâts par le peu d’impact immédiat, toute activité corrosive pour notre système nerveux, génère de grands ravages dans l’avenir. Prendre soin de son alimentation comme des habitudes de consommation est un facteur de prévention très important pour tout type de démence.

Enfin, il est important de garder à l’esprit que certaines pratiques populaires ne sont pas entièrement saines, surtout si on ne prend pas les mesures de précaution nécessaires. Un grand pourcentage d’anciens joueurs de football souffrent de lésions cérébrales traumatiques qui les conditionnent à vie.

Grâce à l’avancée des études et à la prise de conscience générale de ces risques, il est possible de prendre des mesures telles que la compensation versée par la fédération américaine aux anciens joueurs et les investissements dans la recherche.

“Les gens que tu croises quand tu montes vers les sommets, tu peux les recroiser quand tu descends vers l’enfer.”

-Mike Tyson-

 


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