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La curiosité nous rend-t-elle plus intelligents ?

5 minutes
La curiosité nous rend-t-elle plus intelligents ?
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Écrit par Sara Clemente
Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque quelque chose suscite beaucoup notre intérêt ? Une étude publiée dans la revue Neuron, de Cell Press, explique que, en plus d’être très bénéfique pour l’épanouissement personnel, la curiosité est une caractéristique associée à une bonne mémoire et à une bonne capacité d’apprentissage.

Cependant, l’étude de l’association entre intelligence et curiosité pose un problème. Alors que la première peut être “mesurée” à travers le fameux coefficient intellectuel, la seconde est un trait de personnalité. Comment pouvons-nous alors relier ces deux concepts ?

Il n’existe pas de définition univoque de l’intelligence

La première question que nous devons nous poser pour savoir comment la curiosité affecte l’intelligence est de savoir en quoi consiste exactement ce que nous appelons l’intelligence. La réponse n’est toutefois pas simple. Bien au contraire. Il s’agit d’un concept très difficile à définir, compte tenu du nombre de significations, de fonctions et de domaines qu’il englobe.

La plupart des experts coïncident sur le fait que l’intelligence est une capacité mentale qui implique différentes compétences. Parmi elles, raisonner, donner un sens à la réalité, planifier, résoudre des problèmes, mémoriser, penser abstraitement, comprendre ou générer de nouvelles informations à partir d’une autre.

Une autre question surgit à présent. Si nous améliorons certaines des compétences énumérées, est-il possible d’augmenter notre intelligence ? Il s’agit de l’une des questions abordées par l’étude à laquelle nous avons fait référence et que nous expliquerons ci-dessous.

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La curiosité améliore notre mémoire

Les personnes curieuses retiennent mieux l’information (Gruber, 2014). Autrement dit, il est plus facile de mémoriser certaines données si le sujet nous intéresse que s’il nous est indifférent. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que la curiosité est étroitement liée à la motivation. Si nous nous sentons motivés, notre pouvoir de mémorisation se multiplie. Donnons un exemple pour mieux comprendre cela.

Il sera beaucoup plus facile à un passionné d’animaux de retenir le nom exact de l’espèce de primates à partir duquel nous avons évolué qu’à toute personne dont la sensibilité pour l’environnement est nulle. Selon Gruber, “la curiosité peut mettre le cerveau dans un état qui nous permet d’apprendre et de conserver toutes sortes d’informations, comme un tourbillon qui absorbe ce qui le  motive pour apprendre, ainsi que tout ce qui l’entoure”.

Curiosité et motivation intrinsèque

En continuant avec l’exemple précédent, nous constatons que la motivation de cette personne pour connaître le monde animal est très forte. En d’autres termes, que ses intérêts l’incitent à vouloir en savoir davantage sur ce sujet, car il est passionné par ce dernier. Cette motivation est intrinsèque, et il s’agit d’un autre des facteurs expliquant la curiosité. 

La motivation intrinsèque est celle qui naît de l’intérieur de la personne, qui nous pousse à accomplir des actions pour la simple satisfaction de les réaliser. Cela nous permet de nous sentir auto-accomplis et d’augmenter notre croissance personnelle. Contrairement à ce qui est extrinsèque, elle ne nécessite aucune incitation externe (par exemple, de l’argent) et n’est pas liée à l’obtention de résultats (rester le premier).

“Les personnes curieuses apprennent pour le plaisir.”

L’exemple le plus probant de ce type de motivation intrinsèque sont les loisirs : nous allons faire du vélo parce que nous nous sentons bien et que nous aimons pédaler à l’air libre. Quelque chose de semblable se produit avec curiosité : nous nous intéressons pour le plaisir, parce que cela nous donne la satisfaction de savoir quelque chose qui nous intéresse. Par pur plaisir.Comme nous pouvons le constater, tant la curiosité que la motivation sont essentielles pour apprendre. Par conséquent, lorsque nous étudions quelque chose que nous n’aimons pas du tout, il nous est plus difficile de nous en souvenir. C’est pourquoi nous pouvons l’oublier après quelques heures seulement. Cela ne laisse aucune trace.

“L’intelligence est la capacité à s’adapter au changement.”

-Stephen Hawking-

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Que se passe-t-il dans le cerveau des personnes curieuses ?

L’équipe de chercheurs de Neuron a découvert que, en stimulant la curiosité et en éveillant cette forte motivation intrinsèque, les personnes curieuses générent une plus grande activité dans le circuit cérébral lié à la récompense. Concrètement, la curiosité augmente l’activité dans trois régions clés du cortex cérébral, étroitement liées à l’apprentissage, à la mémoire et à la répétition de comportements générateurs de plaisir.

  • Noyau caudé gauche : très impliqué dans l’apprentissage et la mémoire, ainsi que dans l’acquisition de nouvelles connaissances et d’émotions positives.
  • Noyau accumbens : sa relation avec les addictions et les circuits de récompense a fait l’objet d’études, notamment par rapport aux renforçateurs naturels : alimentation, sexe et jeux vidéo.
  • Hippocampe : il est essentiel pour la formation de nouveaux souvenirs.

Un avenir meilleur

Les conclusions de ce groupe de scientifiques et d’experts ouvrent la porte à de nouvelles recherches sur les moyens susceptibles d’améliorer l’apprentissage. Et ce non seulement chez les personnes curieuses qui sont en parfaite santé, mais également chez celles qui présentent un certain type de désordre ou de trouble neurologique.

Sur le plan pratique, ces résultats soulignent l’importance pour les professeurs de stimuler la curiosité de leurs élèves. Il est inutile de passer des heures et des heures à étudier devant des folios pour lesquels l’étudiant ne ressent pas le moindre intérêt.

Ainsi, l’avenir passe par le développement de ces nouvelles stratégies éducatives. L’apprentissage pourrait être amélioré si les enseignants attiraient la curiosité des élèves. Il en va de même dans la vie professionnelle. Par conséquent, si nous considérons l’intelligence comme la capacité de relier le savoir afin de résoudre une situation donnée, améliorer l’apprentissage ou la mémoire, inciter et forcer la curiosité peut contribuer à l’accroître.

Références bibliographiques

Graybiel AM (2005). Les ganglions de base : j’apprends de nouvelles astuces et j’adore. Curr Opin Neurobiol 15: 638-644.

Matthias J. Gruber et Bernard D. Gelman, Charan Ranganath (2014). States of Curiosity Modulate Hippocampus-Dependent Learning via the Dopaminergic Circuit. Neuron. DOI: 10.1016/j.neuron.2014.08.060.


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