La curieuse relation entre la dépression et la couleur grise
Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Il n’est pas surprenant qu’il puisse y avoir une relation entre la dépression et la couleur grise. Lorsqu’une personne est triste, elle peut dire que tout semble gris ou encore que la vie a perdu toutes ses couleurs. Eh bien, la science a prouvé qu’il ne s’agit pas que d’une métaphore : cet effet visuel est bien réel.
Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé, on estime que la dépression toucherait près de 300 millions de personnes dans le monde. Il s’agit d’une estimation, car de nombreux cas ne sont jamais signalés. En effet, de nombreuses personnes ne pensent pas qu’il s’agit d’un problème devant être traité par un professionnel.
“L’après-midi était aussi grise que la gare, que la ville, que moi-même. Je me sens gris à l’intérieur et à l’extérieur.”
-Mario Levreno-
De même, il n’est pas facile de diagnostiquer la dépression. En effet, un épisode de tristesse ne signifie pas nécessairement que l’on est déprimé au sens strict du terme. Par conséquent, la relation entre la dépression et la couleur grise pourrait constituer un nouveau moyen de diagnostiquer ce trouble avec plus de précision.
Comprendre la dépression
Il est important de noter que la psychiatrie et la psychanalyse définissent et abordent la dépression de manière différente. En psychiatrie, et dans la plupart des courants de la psychologie, la dépression est un trouble à part entière. En psychanalyse, par contre, elle est considérée comme un symptôme.
Dans le domaine de la psychiatrie, la dépression est abordée comme une maladie grave qui génère différents symptômes physiques et mentaux. Certains courants de cette discipline mettent l’accent sur la relation entre la chimie du cerveau et les états dépressifs. Par conséquent, ils traitent principalement ce problème avec des médicaments.
En psychanalyse par contre, il n’existe pas de schéma à part entière que l’on appelle la dépression. Il s’agit simplement d’un symptôme d’une situation névrotique ou psychotique. Il se caractérise par un sentiment de haine de soi.
En réalité, les autres ne partagent pas du tout cette haine. Elle apparaît généralement à la suite d’un échec qui mène à la perte de tout espoir. Elle se traite en psychanalyse à travers les mots.
En réalité, les deux approches se complètent. Cependant, dans la pratique elles sont devenues divergentes. Toute expérience vécue génère des réactions chimiques dans le cerveau. Et vice versa. Le cerveau est un organe plastique. Il se modifie en présence d’une substance, mais aussi en fonction d’une expérience. Il peut donc s’agir des mots.
La dépression et la couleur grise
De nombreuses recherches sont actuellement menées pour mieux comprendre le cerveau d’un point de vue organique et physiologique. L’université de Fribourg en Allemagne a mené une de ces enquêtes. C’est au cours de cette étude qu’on a établi une relation directe entre la dépression et la couleur grise.
Les scientifiques ont plus précisément découvert que les personnes déprimées éprouvaient de grandes difficultés à détecter le contraste entre le noir et le blanc. Cette hypothèse a été validée après avoir soumis un groupe de volontaires à des électrocardiogrammes sur leur rétine.
C’est le Dr Ludger Tebartz van Elst qui a dirigé cette étude. D’après ses travaux, les personnes déprimées voient le monde de la même manière que lorsqu’on atténue le contraste des couleurs à la télévision. Plus la dépression est importante, plus la capacité à visualiser le contraste des couleurs est réduite.
Le diagnostic
Le fait qu’il y ait une telle relation entre la dépression et la couleur grise pourrait donc devenir un indicateur fiable pour diagnostiquer la dépression et son degré chez les patients. La revue Biological Psychiatry a confirmé qu’il s’agirait d’une méthode de diagnostic plus objective que celles utilisées actuellement.
Il faut rappeler qu’à l’heure actuelle, le diagnostic de la dépression se fait principalement sur la base des critères des professionnels de la santé. C’est à dire des psychologues et des psychiatres.
Ils interrogent le patient et le questionnent sur son mode de vie, sa démarche et ses différents symptômes. À partir de là, ils en viennent à conclure que la personne souffre ou non de dépression. Cependant, comme nous pouvons bien l’imaginer, cette méthode ne permet pas d’établir des diagnostics précis.
Avec la découverte de la relation entre la dépression et la couleur grise, il est possible de faire des progrès significatifs sur le plan du diagnostic. En effet, cette relation est parfaitement mesurable physiquement. Il serait ainsi possible non seulement de confirmer la présence de la dépression, mais aussi d’en évaluer la gravité.
Dans tous les cas, ce type de diagnostic devrait faire l’objet d’une évaluation complète. Il va sans dire que tous les états de tristesse ne correspondent pas systématiquement à une dépression. Il faut aussi évaluer le contexte, la durée, l’état de santé du patient ainsi que d’autres variables.
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- Estévez, A. M., & Calvete, E. (2009). Mediación a través de pensamientos automáticos de la relación entre esquemas y síntomas de depresión. Anales de Psicología/Annals of Psychology, 25(1), 27-35.
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