L'orgueil destructeur du trouble de la personnalité limite
Rédigé et vérifié par Psychologue Alicia Escaño Hidalgo
Le trouble de la personnalité limite (TPL) est une entité qui englobe une série de symptômes, tels que l’impulsivité, l’instabilité émotionnelle, une faible estime de soi ou un sentiment de vide. En plus de ces manifestations, qui sont les plus typiques, on en trouve d’autres. Ces dernières n’apparaissent pas en tant que telles dans les critères diagnostiques. Pour autant, elles ont tendance à apparaître chez une majorité de patients. L’un de ces éléments est l’orgueil destructeur.
Les patients atteints de TPL sont généralement des personnes très sensibles. La douleur émotionnelle qu’elles ressentent pour des événements qui, pour la plupart des gens, seraient tout simplement dérangeants, est très intense et déchirante.
L’orgueil destructeur comme mécanisme de protection
Comme mécanisme de protection, les personnes atteintes de TPL décident de se déguiser avec une “fausse estime de soi”. Avec ce déguisement, elles font croire à leurs relations personnelles, qu’elles ont la vérité absolue et que ce sont les autres qui ont tort.
En réalité, ce qui se cache sous ce masque, c’est une crainte profonde que quelqu’un puisse leur faire du mal avec une opinion différente ou une contradiction. Par conséquent, elles essaient de convaincre les autres que leur vision est fausse et se frustrent lorsqu’elles ne peuvent pas modifier ou corriger cette perspective qu’elles pensent être “fausse”. Fondamentalement, elles ne sont pas capables de tolérer les opinions contraires parce qu’elles ne sont pas capables de faire preuve de souplesse dans ce sens.
L’environnement les perçoit comme des personnes avec de grands airs de supériorité et qui tentent d’imposer leur vision de la réalité, sans leur permettre de s’exprimer librement. De toute évidence, cela finit par faire fuir à la fois les amis et les parents.
D’où vient cet orgueil destructeur ?
Normalement, ces déguisements cachent des blessures du passé, en particulier celles de l’enfance. Les patients atteints de TLP ont souvent des histoires d’enfances malheureuses. Enfants, ils avaient le sentiment que leurs parents ne les prenaient pas en compte, les laissaient seuls ou les critiquaient de manière excessive et punitive. Par conséquent, cette recherche d’une auto-évaluation constante à travers la sous-évaluation des autres trouve son origine dans des épisodes de leur propre enfance où ils étaient sous-évalués.
Un environnement très critique peut être assimilé de bien des façons par le mineur. Or, on sait que certains cherchent à surcompenser ce sentiment d’humiliation par le masque de l’orgueil destructeur. C’est une façon de projeter sans paroles que personne ne leur fera plus jamais de mal comme lorsqu’ils étaient enfants.
En ce sens, il est important que le patient atteint de TLP comprenne que l’adulte qu’il a créé, plein d’arrogance et d’hostilité, n’est qu’un enfant blessé et emprisonné. La rage ne permet pas la guérison des blessures passées. Ce n’est rien de plus qu’un pansement qui se détache continuellement.
Que peut-on faire dans le présent ?
Comprendre d’où vient l’orgueil destructeur du TLP n’est que le point de départ. Un travail constant et acharné est nécessaire dans le présent. Il existe quelques stratégies qui peuvent aider à combattre cet orgueil destructeur.
L’une des techniques consiste à demander des lettres, des textos ou même des messages WhatsApp de personnes de leur entourage dans lesquelles elles doivent dire au patient certaines de ses qualités positives et négatives.
Normalement, le besoin d’affirmation de soi est toujours lié à un manque d’écoute active des opinions des autres. Par conséquent, avec cette technique, on invite le patient souffrant de TLP – sans que l’autre personne soit présente – à se poser des questions telles que : n’est-il pas étrange que cinq personnes ait le même avis sur moi ? Pourquoi je n’arrive pas à tolérer que quelqu’un ait une vision différente de moi ? Quel apprentissage puis-je en tirer ?
L’idée est que le patient doute de son jugement rigide et absolutiste et commence à penser que d’autres personnes peuvent avoir des opinions différentes et que cela peut l’aider à apprendre.
Dans les faits
Les situations improvisées de tous les jours sont un autre cadre pour travailler sur l’orgueil. L’objectif est qu’ils prennent conscience de l’activation mentale et corporelle qu’ils ressentent habituellement (tension, rumination, respiration accélérée…) quant on les critique. Une fois cette étape franchie, le deuxième objectif sera d’attendre quelques minutes avant de donner une réponse.
Lorsqu’ils ont réussi, il est important de ne pas entamer une conversation avec un langage corporel agressif ou tendu. Le visage doit rester détendu, avec un léger sourire, en maintenant le contact visuel, mais sans intimider. Il n’est pas non plus recommandé de trop bouger les bras ou les jambes. Ou de parler rapidement ou de manière impérative.
Le patient peut répondre en commençant la phrase par “je crois/je pense/mon opinion est que…” et même essayer de trouver quelque chose en commun avec la critique “je suis d’accord avec toi sur le fait que…“. Il faut éviter les tons absolutistes et les paroles dures. Evidemment, la condamnation globale de l’autre personne est déconseillée, même si nous sommes en désaccord avec elle.
Si le patient atteint de TLP fait l’effort de respecter ce processus, il observera comment les autres commenceront à avoir des relations différentes. Ils seront plus empathiques, plus réceptifs et plus disposés à passer du temps avec lui.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Golier, J. A., Yehuda, R., Bierer, L. M., Mitropoulou, V., New, A. S. y Schmeidler, J. (2003). The relationship of borderline disorder to posttraumatic stress disorder and traumatic events. American Journal Psychiatry, 160, 2018-2024.
- Millon, T. y Davis, R. D. (1998). Trastornos de la personalidad. Más allá del DSM-IV. Barcelona: Masson, S.A.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.