L'entretien motivationnel pour les addictions

Nous vous présentons quelques-unes des stratégies utilisées dans l'entretien motivationnel de Miller et Rollnick.
L'entretien motivationnel pour les addictions
Alicia Escaño Hidalgo

Rédigé et vérifié par Psychologue Alicia Escaño Hidalgo.

Dernière mise à jour : 15 mai, 2023

L’entretien motivationnel est une ressource psychologique conçue par Miller et Rollnick en 1991. Dans le contexte des addictions, la motivation à effectuer un changement est un aspect fondamental qui doit être pris en compte dès le moment où le patient entre en consultation.

Il est très courant que les personnes dépendantes – que ce soit aux substances, aux personnes ou aux nouvelles technologies – ne soient pas conscientes de leurs problèmes. Elles ont tendance à nier le fait qu’ils ont un problème, elles considèrent que ce qu’elles font est tout à fait normal et, par conséquent, elles ne voient aucune raison d’abandonner leur addiction.

De plus, il est très courant qu’elles aient un préjugé appelé “illusion de contrôle”. Elles croient alors maîtriser parfaitement leur comportement, alors qu’en réalité elles n’en sont pas capables.

Or, si la personne n’est pas motivée à changer, le traitement échoue. C’est pourquoi l’entretien motivationnel est essentiel : c’est la porte d’entrée vers le traitement. Il permet d’aborder la question du manque de motivation chez les sujets qui, selon le modèle transthéorique de Prochaska et Di Clemente, sont en phase de pré-contemplation ou de contemplation.

C’est-à-dire les gens qui croient qu’ils n’ont pas de problème et qu’ils ne veulent pas changer – même s’ils le font vraiment. Et ceux qui commencent à percevoir que certains comportements problématiques doivent peut-être être modifiés.

L'entretien motivationnel en toxicomanie.

Les stratégies de l’entretien motivationnel

L’entretien motivationnel est composé d’une série de stratégies qui se sont avérées efficaces pour promouvoir le changement de comportement. Il y en a huit :

  • Donner des informations et conseiller. Il est important de fournir au patient des informations qu’il comprend et qui sont scientifiques et objectives. Pour ce faire, nous devons identifier que vous souffrez d’un problème grave qui comporte des risques et des conséquences.
    • Il ne s’agit pas d’inculquer la peur au patient, mais de lui fournir des informations véridiques qu’il ne connaît peut-être pas. Le patient doit comprendre la raison du besoin de changement et il est nécessaire de faciliter l’option selon laquelle ce changement peut être fait.
  • Éliminer les obstacles. Aider le patient à pouvoir suivre un traitement et à ne pas trouver d’excuses pour ne pas le faire. Obtenir une brève intervention dans un court laps de temps, au lieu d’une longue liste d’attente, facilite l’observance et l’implication dans la thérapie.
  • Offrir différentes options au patient afin qu’il puisse choisir. Le patient doit se sentir libre de choisir l’option qu’il souhaite prendre. Le sentiment qu’il a choisi par lui-même, sans coercition et sans influences extérieures, augmente sa motivation à changer.
    • En thérapie, il est important que le patient clarifie les objectifs qu’il souhaite atteindre et qu’il visualise si ses choix le mènent vers ces objectifs. Son rôle actif est renforcé.
  • Diminuer les facteurs qui rendent les comportements addictifs souhaitables. La dépendance est maintenue, car le patient reçoit des conséquences positives. Par conséquent, il est nécessaire de les identifier afin de les éliminer ou de les réduire au maximum.
    • Parmi les procédures pour limiter ces facteurs, il y a la prise de conscience de leurs conséquences néfastes ou des contingences sociales qui diminuent les conséquences positives et augmentent les conséquences négatives. Il est également très important de faire une analyse des avantages et des inconvénients ou une analyse coûts / avantages.
  • Promouvoir l’empathie. La résistance au changement est très courante chez les patients toxicomanes. L’empathie et l’écoute active aident à éliminer cette résistance. Car le patient se sent plus enclin à faire des changements.
  • Donner son avis. Le thérapeute doit fournir des informations au patient sur la façon dont il le voit, ce qu’il pense avoir accompli, les risques ou les conséquences. Cela affecte le maintien de la motivation et favorise l’auto-efficacité.
  • Clarifier les objectifs. Il faut proposer des objectifs réalistes, réalisables et acceptés par le patient. Sinon, ils seront rejetés et la motivation diminuera.
  • Proposer une aide active. Bien que ce soit toujours le patient qui décide d’effectuer un traitement ou non, le rôle du thérapeute est important. Lorsque le patient ne se rend pas au traitement, passer un appel téléphonique ou demander à une autre personne du service de s’intéresser à la raison de son absence, augmente la probabilité que le patient revienne.
Conclusion sur l'entretien motivationnel.

En somme…

Les problèmes psychologiques ne se résolvent pas passivement. Aller en thérapie permet de jouer un rôle actif à l’heure de gérer des problèmes. Ainsi, être motivé pour changer, grandir ou surmonter certaines circonstances est la première étape.

Sans motivation, le changement est impossible. L’entretien de motivation de Miller et Rollnick peut aider à cet égard. En particulier pour les patients qui sont grandement renforcés par leurs problèmes, comme dans le cas de la toxicomanie.

La décision finale appartiendra toujours au patient. Et parfois différentes variables de personnalité ou des renforçateurs environnementaux difficiles à contrôler sont en jeu.

Ce n’est que lorsque le patient se rend compte qu’il perd beaucoup plus qu’il ne gagne qu’un changement peut être envisagé. À ce stade, le thérapeute doit être attentif et promouvoir le plus possible l’adhésion à la thérapie.

Faire preuve de motivation, de flexibilité, de tolérance ainsi que de persévérance permet de favoriser le changement. Et la bonne nouvelle, c’est que ce qui attend le patient de l’autre côté est beaucoup plus fort que ce que le patient a aujourd’hui.


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  • Vallejo, P, M.A. (2016). Manual de Terapia de Conducta. Editorial Dykinson-Psicología. Tomo I.

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