Notre fenêtre de tolérance : qu'est-ce que c'est et comment cela nous affecte-t-il ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Imaginez que vous vous souveniez d’une large part de vos expériences personnelles avec un débordement émotionnel incontrôlable. Lorsque nous sommes dans des états d’hyper ou d’hypo-activation, nous restons en dehors de notre fenêtre de tolérance, alors qu’être à l’intérieur de la fenêtre nous aide à optimiser notre fonctionnement.
Mais qu’est-ce que cette fenêtre de tolérance ? La fenêtre de tolérance représente la gamme d’intensité émotionnelle que chacun de nous est capable de ressentir. Les individus peuvent donc se sentir en sécurité, apprendre et profiter de la vie dans cette gamme, dans cette fenêtre.
Que signifie être en dehors de la fenêtre de tolérance ?
Les émotions nous submergent parfois pour différentes raisons. La méfiance, le manque de stratégies pour gérer les émotions, l’incapacité à réfléchir, le déni du besoin de ressentir… Les deux limites de la fenêtre de tolérance correspondent à deux états extrêmes d’activation optimale de l’organisme :
- L’hyperactivation : il s’agit d’un état dans lequel certaines émotions sont fortement ressenties (peur, colère, joie, honte …). Elle correspond à l’augmentation de l’activité du système nerveux sympathique.
- L’hypoactivation : il s’agit d’un état d’évitement à ressentir pour différentes raisons, comme des expériences internes qui nous bloquent ou l’incapacité de ressentir de nouvelles expériences enrichissantes. Elle correspond à l’augmentation de l’activité du système nerveux parasympathique.
Selon les expériences de chacun, nous sommes configurés pour ressentir la vie d’une manière ou d’une autre. Ainsi, pour diverses raisons, certaines personnes deviennent réactives. Elles souffrent par exemple d’attaques de panique ou de colère. Mais à l’autre extrême nous retrouvons les personnes qui sont déconnectés de leur corps et / ou de leur esprit. La pensée s’écoule lentement et il leur est même difficile de bouger.
Dans les situations de danger et/ou de traumatisme, le corps agit pour survivre. Il met donc en mouvement des mécanismes qui parfois ne parviennent pas à retrouver leur “état normal”. Les personnes qui se trouvent en dehors de la fenêtre de tolérance sont généralement celles qui ont dû agir face à ce type de situations difficiles et dans lesquelles leur état basal de sécurité et de détente a été modifié.
Comment se maintenir dans la fenêtre de tolérance ?
La recherche neuroscientifique a montré que la seule manière de changer ce que nous ressentons dans ces cas est de prendre conscience de notre expérience intérieure, de la respecter et d’apprendre à vivre avec. La pratique de l’attention pleine, de la pleine conscience calme le système nerveux. Elle nous aide ainsi à reconnaître nos émotions et à mieux les contrôler.
Des enseignants, tels que Pat Ogden et Peter Levine, ont développé des thérapies corporelles, une psychothérapie psychomotrice et une expérimentation somatique pour récupérer le fonctionnement normal de l’organisme. Dans l’approche thérapeutique de Peter Levine, l’histoire de ce qui est arrivé passe au second plan. En effet, se sont les sensations physiques qui sont explorées. Ce processus d’entrée et de sortie dans les sensations internes et les souvenirs traumatiques est appelé “processus pendulaire”. Il contribue donc à élargir progressivement la fenêtre de tolérance.
7 étapes de base dans la pratique de la régulation émotionnelle
Les “limites de notre fenêtre de tolérance” est un concept développé par Siegel (cfr., Simon, 2011). Il les relie à la pratique de la pleine conscience, laquelle permet de se maintenir dans la fenêtre de tolérance. Le mindfulness développe les structures préfrontales. Ces dernières facilitent donc à la fois la modulation des émotions et le maintien de l’équilibre émotionnel. La pratique orientée vers la régulation des émotions comporte sept étapes. Leur ordre et leur nombre peuvent cependant être alternés :
- S’arrêter
- Respirer profondément pour se calmer
- Prendre conscience de l’émotion
- Accepter l’expérience et l’émergence de l’émotion
- S’accorder de l’affection (autocompassion)
- Laisser aller ou libérer l’émotion
- Agir ou non, selon les circonstances
“La vision de l’esprit nous permet de diriger le flux d’énergie et d’information vers l’intégration …. et cela implique l’absence de maladie et l’apparition du bien-être.”
-Siegel-
Notre histoire d’attachement marque en grande partie l’amplitude de notre fenêtre de tolérance. Ceci peut être perçue dans la façon dont nous prenons soin de nous-même. Nous pouvons donc considérer le fait de prendre soin de soi-même de manière positive comme une attitude ou un état mental dans lequel la personne s’accepte, agissant et laissant un espace pour la croissance personnelle et le développement. Ainsi, vivre dans notre fenêtre de tolérance nous permet de vivre une vie agréable, engagée et significative.
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