Je m'apitoie sur moi-même : que puis-je faire ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
« Je m’apitoie sur moi-même, j’ai l’impression d’avoir atteint un point où toute ma vie est un échec et je ne vaux presque rien. » Nombreuses sont les personnes qui traversent cette dangereuse spirale d’épuisement psychologique grave. Dans son côté le plus sombre, l’apitoiement conduit à l’autodestruction constante de ses valeurs, à l’assombrissement de l’humeur et à l’auto-boycott le plus dangereux.
S’il est vrai que s’apitoyer sur soi-même est parfois sain, ceux qui appliquent cette vision plus autodestructrice construisent progressivement la prison d’un trouble de l’humeur. La dépression et les troubles anxieux ont pour substrat cette dévalorisation de soi.
La racine de cette perception de soi réside dans une faible estime de soi, ajoutée à d’autres variables, telles que le désespoir et même l’impuissance apprise. Nous l’analysons ci-dessous.
L’apitoiement apparaît surtout au milieu de situations très stressantes au cours desquelles nous nous sentons dépassés.
Pourquoi est-ce que je m’apitoie sur moi-même ?
L’insécurité, le désespoir, le sentiment que nous sommes un imposteur, que nous n’avons rien réalisé de ce que nous avions prévu de faire… Beaucoup d’entre nous peuvent se retrouver dans cette situation et ne pas savoir comment sortir de cet univers mental. De même, cette perception n’est pas exclusive aux personnalités faibles, bien au contraire : nous sommes parfois tellement fatigués d’être forts que nous finissons par nous apitoyer sur notre sort.
D’un autre côté, il y a un fait important que nous avons souligné au début : l’auto-compassion a un côté positif et un côté moins positif. Des travaux de recherche, comme ceux menés à l’Université de Californie, indiquent que cet état psychologique peut provoquer un « nœud mental » lorsque nous tombons dans une spirale dans laquelle des facteurs tels que le sentiment de solitude, l’impuissance et le stress élevé finissent par bloquer complètement la personne.
Voyons maintenant plus de causes qui orchestrent cette situation et ce que nous pouvons faire.
Faible estime de soi et sentiments de frustration
Il y a des moments où nous essayons toujours de donner le meilleur de nous-mêmes et pourtant, rien ne va. Bien que les mauvais moments disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus, il y a des moments où nous avons le sentiment que la malchance nous accompagne. De plus, nous nous disons que, quoi que nous fassions, tout finit par se passer de la pire des manières.
La faible estime de soi, la frustration et l’impuissance psychologique sont intégrées dans cette approche. Si ces situations ne sont pas traitées le plus tôt possible, l’usure mentale peut être immense.
Que pouvons nous faire?
Il est temps de changer le discours de la négativité, en passant de « je suis inutile et je m’apitoie sur mon sort » à « je dois commencer à voir les choses différemment ». Pour cela, le plus approprié est d’arrêter de vivre dans le passé, dans ce qui est déjà perdu, dans les erreurs commises. Tout cela fait partie d’hier et vous faites partie du présent, de l’ici et maintenant.
- Clarifiez de nouveaux objectifs à court terme et envisagez une nouvelle identité. Pensez à tous ces traits psychologiques que vous aimeriez acquérir et travaillez-les : sécurité, haute estime de soi, dynamisme, proactivité…
- Apprenez les techniques de résolution de problèmes. Il est temps de gagner en efficacité personnelle et de sentir que vous pouvez relever de petits défis quotidiens.
Je m’apitoie sur moi-même (quand la barre que vous vous mettez est trop haute)
« Je m’apitoie sur moi-même parce qu’au final, je suis plus faible que je ne le pensais. Parce que je me sens dépassé, parce que la solitude et l’indifférence des autres me font mal… ». C’est vrai, une autre variable frappante qui orchestre l’apitoiement sur soi négatif est celle qui part d’une forte auto-exigence et d’une intolérance à la vulnérabilité.
On s’apitoie sur soi-même quand, soudain, tout ce qu’on a fait pour les autres n’est pas apprécié et le poids de la déception et même de la solitude apparaît. Ce sentiment survient également fréquemment chez les personnalités qui ne se permettent pas de se connecter avec leurs émotions, leurs limites et leurs faiblesses.
Lorsqu’elles prennent enfin conscience de leur vulnérabilité, ce sentiment surgit, celui de l’apitoiement sur soi.
Que pouvons nous faire?
Nous devons apprendre à gérer les émotions inconfortables : déception, faillibilité, vulnérabilité… Personne ne peut porter le poids du monde sur son dos et être la clé qui résout tous ses problèmes et ceux des autres. La vie est parfois injuste, les gens nous laissent tomber et nous avons aussi des limites et faisons des erreurs.
Accepter toutes ces dimensions et embrasser notre être vulnérable nous permettra de traverser ces expériences avec plus d’aplomb.
« L’apitoiement sur soi est l’un des stupéfiants non pharmaceutiques les plus destructeurs, il crée une dépendance et sépare la victime de la réalité »
-John W. Gardner-
Événements stressants enchaînés et névrosisme
L’Université Martin Luther de Halle-Wittenberg (Allemagne) a mené une étude qui a révélé quelque chose d’intéressant. Les personnes qui disent « je m’apitoie sur moi-même » montrent une réponse psychologique inadaptée aux événements très stressants. C’est-à-dire qu’ils y font face de manière inadéquate.
Les pertes d’emploi, les crises comme celles que nous connaissons actuellement, les problèmes familiaux et économiques peuvent complètement éroder la vision du « je ». De même, un autre facteur apparaît d’après ces travaux : le névrosisme. Certaines personnalités ont une plus grande tendance à éprouver des émotions de valence négative, ainsi que des pensées irrationnelles.
Que pouvons nous faire?
Les personnes avec une tendance au névrosisme souffrent davantage d’états d’anxiété, d’inquiétude constante, de sautes d’humeur, d’irritabilité, d’idées autodestructrices… Dans ces situations, un accompagnement professionnel est indispensable.
S’apitoyer sur soi-même est le début d’une spirale infernale qui peut nous mettre dans des situations extrêmes. Par conséquent, la thérapie cognitivo-comportementale visant à travailler sur ces idées irrationnelles pour les transformer en approches plus saines est le meilleur point de départ.
Pour conclure, nous devons garder à l’esprit que nous pouvons tous avoir cette perception à un moment donné de notre vie. Celle qui nous que rien ne va bien pour nous et qu’à ce titre, nous sommes dignes de notre apitoiement sur nous-mêmes, de notre auto-compassion et de notre pitié. Il est normal d’embrasser notre moi le plus faillible, mais seulement pendant un moment. Car après, il faut l’élever et lui insuffler du courage, un amour infini et une confiance éternelle.
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- Petric, Domina. (2019). Self-Pity and The Knot Theory of Mind. 10.13140/RG.2.2.10011.11047.
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