Il y a un problème de santé mentale dans ma famille...et alors ?

Il y a un problème de santé mentale dans ma famille...et alors ?
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González.

Dernière mise à jour : 30 septembre, 2017

L’espèce humaine a depuis toujours craint les maladies mentales et dans de nombreux cas, eu égard au fait qu’elle ne les comprenait pas. La recherche d’explications (paranormales, scientifiques ou religieuses), les recherches thérapeutiques, d’amélioration de la vie de celleux souffrant d’un problème de santé mentale… Ici se trouve l’histoire de la survie adaptée à notre espèce depuis que nous avons commencé à en parler comme d’une maladie.

Dans le domaine de la santé mentale relatif aux maladies graves ou chroniques, il existe une sensibilité particulière en raison de la punition que suppose la stigmatisation qui leur est associée. La fermeture d’institutions désuètes a renvoyé à la rue les personnes souffrant de ce types de pathologies. L’inertie actuelle consiste dans la réhabilitation (lorsque la guérison n’est pas possible). La plus grande difficulté est pour des familles ayant des enfants, des parents, des oncles ou des frères présentant des problèmes qui dépassent leur compréhension et leur entendement.

Le premier impact

La famille est la première à commencer à souffrir et à s’inquiéter, c’est aussi habituellement la première à se rendre compte qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Un-e membre de notre famille souffre d’altérations du comportement, des émotions et de la pensée.

Habituellement, les débuts sont très compliqués. Cela s’explique par l’égarement, la non-compréhension, les changements de diagnostic, les ressources, les allées et venues chez les médecins, voire même le déni partiel de la situation. Nous voyons que notre fils, notre frère ou notre père souffre ou se comporte comme nous ne l’aurions jamais imaginé. Et surtout, nous assistons à la façon dont sa vie se démantèle progressivement. Il s’agit de la même personne, mais en même temps, ce n’est pas le cas.

femme pensive

Selon l’OMS, la santé mentale se réfère à la “façon d’interagir avec d’autres au sein de la famille, dans le travail, les loisirs et la communauté en général”. Lorsque un être aimé modifie cet équilibre, nous souffrons, nous nions, nous questionnons, nous culpabilisons et nous cherchons mille alternatives.

Il n’est pas rare de ressentir de la colère, du ressentiment et de la frustration à un moment donné. La famille est la colonne vertébrale d’une personne présentant ce type de problème. Le soutien, la compréhension, la tranquillité et l’équilibre sont essentiels.

Derrière chaque personne se trouve une histoire de famille. Une histoire structurée par des phases d’adaptation reconnues, où toutes ces pensées et ces émotions sont collectées. Nous parlons de la phase d’alerte, de la phase de résistance et de la phase d’épuisement. Selon l’endroit où nous sommes, nous recevrons différentes directives pour assimiler ce qui se passe. Dès lors, les ressources de santé mentale comptent, étudient et appliquent les meilleures façons de procéder avec les familles (ou du moins dans la mesure où leurs ressources le permettent, ce qui, malheureusement, est souvent très limité).

Affronter le problème de santé mentale est la solution la mieux adaptée

puzzle

Succédant au tourbillon précédent où la famille, l’être aimé et les ami-e-s se trouvent ébranlé-e-s, arrive le diagnostic définitif du problème de santé mentale ainsi que le moment de faire face calmement au changement.

  • S’appuyer sur les professionnel-le-s : dans le cadre du processus de diagnostic d’un-e membre de la famille nous serons amené-e-s à rencontrer une multitude de professionnel-le-s de santé. La communication et la résolution des doutes sont essentielles.
  • Maintenir les lignes directrices : si notre membre de la famille connaît une amélioration, encourageons-le/la à poursuivre le processus. Il ne faut pas le/la laisser croire qu’iel contrôle sa maladie. Nous trouverons toujours un-e professionnel-le pouvant nous rassurer et à qui nous pourrons nous adresser en cas de besoin ou de doute. La route est longue, mais nous ne devons pas nous effondrer en chemin.
  • Changer le discours : si nous intériorisons que notre être cher “n’est pas malade”, mais “qu’il a une maladie” ou un problème de santé mentale, nous pourrons diminuer l’image associée que nous avons quant à certaines problématiques. Peut-être parviendrons-nous à ne plus le voir à travers la symptomatologie qui l’affecte et arriverons nous à nous focaliser sur la personne que nous connaissons.

La tranquillité, base de récupération

La famille est un élément fondamental pour la stabilité et la récupération. Maintenir un environnement calme dans la maison et dans l’entourage participera de manière directe au succès du traitement/de la thérapie. La motivation et la lutte contre le désespoir et l’abattement prennent leur élan depuis l’équilibre émotionnel inhérent au foyer familial. Le besoin de soulagement sera normal. Il ne faudra pas reverser toute cette émotion dans la famille, mais canaliser toutes les émotions primaires et secondaires qui peuvent être ressenties.

deux mains jointes

Malgré les difficultés, nous ne devons jamais perdre de vue que beaucoup de personnes souffrant d’un problème de santé mentale peuvent fonctionner de façon autonome, travailler, maintenir un groupe d’ami-e-s et faire partie d’une famille. En connaissant la maladie, les processus et en maintenant le traitement approprié et ajusté il est très envisageable, en fonction du problème dont nous parlons évidemment, qu’une partie de la normalité soit restaurée.

“Les émotions inexprimées ne meurent jamais. Elles sont enterrés vivantes et surgissent plus tard sous les pires formes.”

Sigmund Freud



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