Les hommes et les femmes perçoivent-ils l'infidélité de la même manière ?
Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González
L’infidélité est l’un des plus grands obstacles que peut devoir surmonter un couple. En fait, dans la majorité des cas c’est même la cause de la rupture. Dans ces cas-là, le problème naît souvent des différences individuelles qui peuvent exister dans la définition et le ressenti de l’infidélité. Ainsi, par exemple, il semblerait que les hommes et les femmes ne l’analysent pas de la même manière.
En réalité, il n’est pas si facile de déterminer s’il y a eu infidélité ou non. Si nous cherchons le point de vue le plus fréquent, nous verrons que la majorité des personnes estiment qu’il y a infidélité lorsque des relations sexuelles sont vécues avec quelqu’un qui ne fait pas partie du couple.
Mais, qu’en est-il lorsque l’on envoie des messages à quelqu’un de manière secrète ? Que se passe-t-il lorsque l’on reçoit des photos suggestives au travers des réseaux sociaux ou d’autres moyens de communication digitaux ? D’autre part, le fait de maintenir une relation d’amitié avec un ex peut-il être considéré comme de l’infidélité ?
Ce sont des questions importantes qui méritent d’être évoquées au sein de chaque couple afin d’avoir un accord commun et de mettre en place des limites clairement définies. C’est encore plus important si nous nous référons à une étude ayant rassemblé des données qui confirment l’hypothèse selon laquelle les hommes et les femmes ont généralement des idées très différentes sur la signification réelle de l’infidélité. Ne pas arriver à un accord ou n’avoir pas les idées claires à ce sujet peut mener à de graves problèmes de couple.
Les perceptions d’infidélité diffèrent entre les hommes et les femmes
La recherche publiée dans Sexual & Relationship Therapy a identifié les différences les plus importantes entre les hommes et les femmes concernant la définition de l’infidélité. Les auteurs ont cherché à comprendre si la perception de l’infidélité pouvait se prédire en fonction du sexe, de la religion, de la peur de l’intimité et de la sensibilité au rejet. Dans cette étude on affirme que « Savoir la définition de l’infidélité de votre partenaire pourrait sauver une relation si les deux membres du couple partagent la perspective de l’autre, cela permet de rendre le thème des différentes perceptions de l’infidélité digne de recherche. »
Pour déterminer en quoi le genre, parmi d’autres facteurs, influence la perception de l’infidélité, les chercheurs demandèrent à 354 étudiants universitaires de compléter un questionnaire sur le sujet. Les participants classifièrent différents actes de 1 (définitivement pas de l’infidélité) à 4 (définitivement de l’infidélité), en incluant des actes sexuels tels que les baisers ou les relations sexuelles ; des actions émotionnelles comme le fait de tomber amoureux sans agir en conséquence ; et les fantasmes comme le fait d’aller à un club de striptease ou de voir de la pornographie.
Dans le questionnaire, des questions destinées à déterminer d’autres aspects apparaissaient également comme le fait de garder une relation significative en ayant une perception d’infidélité, par exemple avec la peur du rejet et l’anxiété. Concernant la peur de l’intimité et la sensibilité vis-à-vis du rejet, aucune différence entre les genres n’a pu être identifiée. En revanche, les femmes considérèrent plus fréquemment le fait que la « communion » supposait en elle l’infidélité. Par « communion », on se réfère à l’échange de pensées et de sentiments intimes, spécialement au niveau mental ou spirituel.
Les femmes de l’étude avaient davantage tendance à considérer les actes basés sur le sexe et les émotions comme étant des infidélités. Sur ce point, l’infidélité correspondait pour la majorité des hommes aux actes uniquement, comme l’échange sexuel. En revanche, pour les femmes l’échange de pensées et de sentiments intimes, spécialement lorsque l’échange s’effectue au niveau mental ou spirituel, seraient également susceptibles d’être considérés comme de l’infidélité. Bien entendu, il y a des exceptions dans les deux sexes.
Les femmes, plus sensibles à l’infidélité émotionnelle
L’idée du fait que les femmes incluent davantage d’actes comportementaux ou mentaux, dans la considération de l’infidélité est appuyée par des recherches préalables. « Ce modèle de résultats suggère le fait que les femmes sont plus sensibles que les hommes à d’éventuelles violations associées à l’infidélité au sein des limites d’une relation amoureuse » écrivent les auteurs. « Ceux qui sont plus haut sur l’échelle de la communion sont plus sensibles, possiblement afin de sauvegarder leur relation avec un être cher. »
L’étude pourrait aider les thérapeutes conjugaux à éduquer leurs clients/patients. Ainsi, indépendamment de ce que l’un ou l’autre ait pu faire, ou peuvent faire, si les couples souhaitent aller de l’avant ils doivent parvenir à un accord afin de clarifier les limites à ne pas dépasser. D’autre part, certaines des personnes qui commettent une infidélité, aux yeux de leur partenaire, affirment que selon leurs critères cette infidélité n’a pas été commise. Signaler et travailler sur ce point peut être la clé pour atteindre une réconciliation et l’accord que nous avons mentionné auparavant.
De plus, si quelqu’un ne sait pas ou ne pressent pas que l’autre peut considérer quelque chose qu’il fait comme étant de l’infidélité, pourquoi arrêterait-il de le faire ? « Un résultat idéal de l’intervention thérapeutique serait une meilleure compréhension et communication entre les partenaires, le compromis de la relation et la satisfaction de la relation », a conclu l’étude.
Dans tous les cas, loin d’être une question purement abstraite, les différences individuelles dans les « critères d’infidélité » peuvent marquer le cours d’une relation en générant des ressentiments et des malentendus. Ainsi, bien que cela ne soit pas un thème commun, c’est l’une des conversations que tous les couples devraient évoquer au début de leur relation pour le bien-être et la durabilité de celle-ci.
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