Frustration : 5 clés pour la gérer positivement
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
La frustration est l’une des émotions les plus puissantes que nous ayons à affronter depuis notre plus tendre enfance, faisant dès lors d’elle l’une des plus dangereuses. En effet, malgré notre capacité à ressentir de la frustration dès notre plus jeune âge, apprendre à la gérer n’est pas une tâche facile.
Outre son intensité, ce qui rend le contrôle de cette émotion difficile est que personne n’enseigne habituellement aux plus jeunes comment canaliser l’énergie qui lui est associée.
Par ailleurs, de nombreux parents s’inquiétant pour l’intelligence émotionnelle de leurs enfants ont tendance soit à les surprotéger soit à les faire trébucher eux-même.
Ainsi, nous devenons peu à peu des adultes, et beaucoup d’entre nous ne savent toujours pas comment gérer la frustration afin qu’elle ne constitue pas une émotion se retournant finalement contre nous.
Qu’est-ce que la frustration ?
La frustration est une émotion de caractère/valence négative (il est désagréable de la ressentir), mais comme toutes les émotions, elle remplit sa fonction. La frustration est le résultat de ne pas obtenir ce que nous voulons ou espérons ; elle nous indique qu’il existe une bonne distance entre ce que nous aimerions et ce que nous avons, et que cette distance nous importe.
Il se trouve implicitement en elle une difficulté que nous avons eu ou avec laquelle nous avons des problèmes pour négocier. Autrement dit, la fonction ultime de la frustration est d’éveiller notre attention et de nous faire réagir.
La frustration est l’une des émotions les plus anciennes et les plus puissantes que nous ayons vécues depuis notre enfance, ce qui en fait dès lors l’une des plus dangereuses.
Cependant, lorsque la frustration est très puissante et intense, il est souvent difficile qu’elle remplisse sa fonction. Nous nous perdons dans le mal-être que cette émotion engendre, de sorte que nous ne faisons que la ressentir et ne prenons pas conscience de ce qu’elle veut nous dire.
C’est pourquoi nous décrirons ci-après 5 stratégies pour gérer cette émotion de manière positive.
Comment gérer la frustration ?
1. Prendre de la distance avec les événements
Comme nous l’avons dit antérieurement, la frustration peut être très intense, ce qui peut nous amener à percevoir les événements comme catastrophiques et à considérer la situation de manière irréaliste.
Ainsi, pour gérer positivement la frustration nous devons prendre de la distance avec les événements, reporter les décisions que nous devons prendre et essayer de regarder la situation dans sa globalité.
Nous devons, lorsque nous nous sentons frustré, rechercher “the big picture“, tout observer depuis l’extérieur et de façon globale.
L’une des meilleures façons de prendre de la distance avec les événements consiste à se concentrer sur les aspects positifs et négatifs globaux de la situation qui nous frustre et prendre en compte chacun d’entre eux, et pas uniquement ceux qui sont négatifs.
Nous pouvons également faire un petit exercice : comparer ce qui nous est arrivé avec quelque chose de très, très mauvais que nous avons vécu, et nous demander si ce que nous avons vécu nous semble désormais aussi mauvais.
Ces petites “astuces” feront que notre esprit prenne de la distance avec les événements et nous permettront d’observer la situation dans une perspective plus objective.
2. Sentir la frustration et la laisser aller
Lorsque une émotion nous envahie, qu’il s’agisse de la frustration, de la colère, de la tristesse ou de la joie, le mieux est de la vivre et de la laisser aller. Cela ne signifie pas que nous l’exprimons et la laissons exploser, cela signifie plutôt que nous devons la ressentir en profondeur puis lâcher prise et la laisser aller, loin et hors de nous.
En d’autres termes, plus nous essayons de ne pas ressentir la frustration, plus nous la ressentirons, tel est le paradoxe de l’esprit humain. De ce paradoxe finira par se développer des troubles obsessionnels dans lesquels la personne tente de ne pas à penser à “X” et finit par penser à “X, Y et Z” toute la journée.
Autrement dit, l’esprit fonctionne comme ceci : plus nous évitons de penser ou de ressentir “quelque chose”, plus nous en faisons l’expérience. Par conséquent, observer, sentir et laisser aller est une compétence fondamentale qui peut grandement améliorer notre intelligence émotionnelle.
Si nous voulons être capable de ressentir les émotions et de les laisser partir, nous pouvons nous entraîner, par exemple, à des techniques de mindfulness ou les techniques d’acceptation et d’engagement. Toutes ces approches peuvent nous aider à atténuer l’impact négatif de cette émotion.
3. Prendre le temps de se calmer puis agir
Il n’existe pas de pire conseiller que la frustration. Bien qu’il s’agisse d’une émotion très puissante possédant un effet proactif élevé, elle tend à nous orienter vers des comportements qui sont peu corrects ou bénéfiques, voire autodestructeurs.
En effet, la frustration nous amène à attaquer ou blesser l’objet qui génère cette émotion. Autrement dit, il s’agit d’une émotion peu réparatrice et plutôt vindicative, raison pour laquelle il faut éviter d’agir lorsque ses effets agissent sur nous.
Pour gérer positivement la frustration nous devons prendre de la distance avec les événements, reporter les décisions que nous devons prendre et essayer de regarder la situation dans sa globalité.
4. Distinguer les désirs, les besoins et la réalité
Cela semble très simple, mais il ne s’agit pas d’une tâche facile : faire la différence entre ce que nous voulons, ce dont nous avons besoin et ce que nous pouvons réellement obtenir.
La frustration apparaît souvent parce que nous confondons les désirs (“je veux que mon patron me félicite pour le travail accompli”) avec les besoins personnels, tels que la reconnaissance, la protection ou l’acceptation (nécessité que le patron nous valorise) ou avec ce qui peut vraiment arriver en tenant compte des circonstances du moment (réalité : le patron s’en moque, n’a pas le temps et ne reconnaît rien à personne).
En d’autres termes, ce que nous voulons peut être ce dont nous avons besoin, ou pas, et tout ceci exigera des circonstances qui peuvent être plus ou moins adéquates.
Par conséquent, séparons ce que nous voulons (après tout nous avons le droit de désirer ce que bon nous semble), ce dont nous avons besoin et ce que les autres personnes peuvent nous fournir. Il s’agit d’adapter nos besoins à la réalité.
Parce que nous pouvons désirer quand et comment nous le voulons, mais sans oublier que de nombreux souhaits sont loin d’être des besoins, ils sont en définitive plus proches d’être des opportunités ou des défis.
5. Identifier s’il s’agit d’une situation que nous devons accepter ou que nous pouvons changer
Si la situation qui nous cause la frustration ne dispose d’aucune marge de changement possible, il est normal que l’émotion augmente en intensité. Face à ce type de situation où il n’existe pas de marge de manœuvre, il est préférable de travailler sur l’acceptation, plutôt que de travailler sur la capacité de frustration. Nous allons expliquer plus en détail la différence entre lorsque cela vaut la peine de se frustrer ou non.
S’il s’agit d’une situation qui peut être changée, la frustration, bien géré, peut devenir notre allié dans la mesure où elle agira comme une sorte de phare suggérant des changements dans notre comportement. Une fois la sensation de frustration passée, arrive le moment d’envisager ce qui doit être changé et comment.
Maintenant, si la situation ne peut pas être changée ou si nous n’avons pas la possibilité d’apporter des modifications, nous devrons changer la direction des pensées qui alimentent l’émotion et empêchent qu’elles passent jusqu’à disparaître.
Ces 5 clés, mises en pratique avec intelligence, aideront la frustration à jouer en notre faveur. Nous pourrons dès lors tirer le meilleur parti d’une des émotions les plus désagréables en évitant cette confrontation directe qui ne fait que l’accroître.
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