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Faith Ringgold, une femme qui a embrassé son destin

6 minutes
Faith Ringgold a utilisé son talent pour diffuser son expérience et rendre visible le racisme dans la société américaine. Découvrez comment cette artiste a créé un art magnifique à partir du racisme qu'elle a pu subir.
Faith Ringgold, une femme qui a embrassé son destin
Gema Sánchez Cuevas

Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Écrit par Camila Thomas
Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Faith Ringgold est une artiste américaine connue pour avoir présenté ses propres formes d’art. Parmi ses œuvres, on peut citer les sculptures molles, autrement dit, les masques et les courtepointes qui illustrent des contes.

L’art et l’activisme de Ringgold vont de pair. Son art attaquait directement les préjugés et servait de déclaration politique. Celui-ci utilisait souvent le pouvoir du choc des insultes racistes.

Son oeuvre souligne la tension ethnique, le mécontentement politique et les émeutes raciales des années 1960. Ses œuvres offrent une vision cruciale des perceptions de la culture blanche à l’égard des Afro-Américains.

La réalisation des courtepointes puise ses racines dans la culture des esclaves du sud, à l’époque de la guerre de Sécession. Ainsi, l’artiste s’est servie de la réalisation traditionnelle de courtepointes pour lui donner une autre fonction. Mais aussi pour raconter des évènements de sa vie et ceux de beaucoup d’autres qui appartenaient à la communauté noire.

Enfance et jeunesse de Faith Ringgold

Faith Ringgold est née Faith Willie Jones le 8 octobre 1930 à New York. Son père, Louis Jones, était conducteur de camions. Sa mère, Will Posey Jones, était dessinatrice de mode. Ses parents avaient une situation qui leur permettait de satisfaire les besoins de base de leurs 3 enfants.

Faith n’a pas pu assister régulièrement à l’école primaire en raison de problèmes de santé. Asthmatique chronique, elle a en effet passé la majeure partie de son enfance à l’hôpital ou à la maison. Pendant cette période, elle a développé son amour pour le dessin. Elle a ensuite étudié au City College of New York.

Some figure

Elle s’est mariée en 1950 avec Robert Earl Wallace, un pianiste de jazzNéanmoins, leur union n’a pas duré longtemps et le couple s’est séparé en 1956. Avec Wallace, elle a eu 2 filles, Barbara et Michele. Faith s’est ensuite mariée avec Burdette Ringgold le 19 mai 1962.

Après l’obtention de son diplôme, Faith a occupé le poste de professeure d’art au City College of New York. Elle a également travaillé au Wagner College et au Bank Street College of Education dans les années 1960 et 1970.

Premiers travaux plastiques

Au début des années 1970, elle a abandonné la peinture traditionnelle. Elle s’est alors consacrée à la peinture acrylique sur toile avec des bords de tissu exubérants comme ceux des thangkas tibétains.

Elle a également travaillé avec sa mère à la réalisation de masques élaborés avec des morceaux de toile, des perles et du raphia pour les cheveux. Les masques remontent à la tradition tribale africaine et on les conserve aujourd’hui comme les premiers travaux de l’artiste.

Également avec l’aide de sa mère, Faith s’est lancée dans la production de portaits à échelle réelle de personnes célèbres telles que Adam Clayton Powell, Wilt Chamberlain, joueurs de basket et autres personnalités du quartier de Harlem. C’est pourquoi on connaît cette production sous le nom de “La série de Harlem”.

Dans le même temps, Faith a aussi fait la promotion de l’art africain à l’université. Dans le cadre des cours qu’elle a dispensés, elle a enseigné la fabrication de bijoux, de vêtements et de perles d’origine africaine.

La place de la politique dans l’oeuvre de Faith Ringgold

Faith Ringgold se sentait profondément attirée par la politique et en particulier par ce qui concernait l’exploitation des femmes. Ces motivations politiques ont été influencées par l’essor du mouvement des droits civils. Par l’art, l’artiste est parvenue à transmettre la souffrance d’une communauté qu’elle a elle-même subie.

Ainsi, Ringgold a réussi à donner une certaine visibilité à l’injustice sociale à travers les peintures qu’elle a réalisées pendant les années 1960. On peut citer les principales œuvres de cette période, que sont American People et The Flag Is Bleeding.

Les œuvres des écrivains James Baldwin et Amiri Baraka ont été les principales sources d’inspiration de son travail. Ces 2 auteurs ont en effet écrit sur la discrimination et la lutte des Noirs aux États-Unis.

Les courtepointes-histoires

Faith a élargi le domaine des beaux-arts. Elle est parvenue à faire en sorte que la couture et la composition des tissus se fassent une place dans le monde artistique. Elle a été la première artiste à défier ces limites et à porter l’art du tissu dans les galeries.

Le concept de ces courtepointes est né à partir de l’art du tissu introduit par les esclaves africains en Amérique. Ils utilisaient les courtepointes, au-delà de leur fonction basique de protéger du froid, afin de perpétuer les souvenirs. D’une certaine manière, ces tissus faisaient office de messages.

L’approche plastique de Faith a promu l’artisanat féminin au travers de ces courtepointes narratives. Elle y montrait une série d’images accompagnées de descriptions qui racontaient une histoire.

Echoes of Harlem a été la première d’une série de plus de 30 courtepointes élaborées depuis 1980. Chacune raconte l’histoire en adoptant la structure d’un conte infantile. Ainsi, chaque partie de la couverture correspondait à une page.

L’une de ses courtepointes-histoires les plus célèbres est Tar BeachOn peut y apprécier la représentation d’une famille réunie sur la terrasse pendant une chaude soirée d’été.

Les adultes se réunissent pendant que les enfants jouent et dorment dans leurs couvertures. La fille rêve de voler librement au-dessus de toutes les barrières. Cette scène est représentée avec le pont George Washington dans le fond.

D’autres courtepointes populaires sont Who’s Afraid of Aunt Jemima et Street Story Quilt. Who’s Afraid of Aunt Jemima décrit la vie d’une femme africaine qui est devenue une puissante femme d’affaires.

Même si elle vivait à New York, le travail de Faith a toujours été loin de l’art américain contemporain. Cela était principalement dû au fait que son art tournait autour de la culture noire et du racisme. C’est pourquoi il n’est pas étonnant qu’elle n’intéressait pas les cercles les plus conservateurs et élitistes.

Some figure

Engagement social et reconnaissance

Faith est connue pour son activisme socialElle a beaucoup lutté pour les droits des artistes africains au musée Whitney Museum of American Art et la critique d’art Lucy Lippard. En tant qu’activiste sociale, elle a utilisé l’art pour fonder et faire croître des organisations comme Where We At qui soutiennent les artistes afro-américaines.

Sa fondation, Anyone Can Fly, se consacre à élargir les règles de l’art pour inclure des artistes de la diaspora africaine. En outre, la fondation vise à présenter les maîtres afro-américains de l’art aux enfants et aux adultes.

Ses œuvres les plus récentes traitent le préjugé d’une manière différente. Elle n’utilise plus les images de confrontation pour s’attaquer aux préjugés. Elle préfère plutôt renverser les préjugés en offrant aux jeunes Afro-Américains des modèles positifs.

Faith Ringgold est devenue la première femme noire à offrir d’exposer seule à la Spectrum Gallery à New York en 1967 et en 1970. Tout ce qu’elle aura pu réaliser en tant qu’artiste, qu’enseignante et qu’activiste a été reconnu à de nombreuses reprises. Elle possède près de 75 prix à son actif, parmi lesquels figure son titre de docteure honoraire des Beaux-Arts.

 


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  • Farrington, L. E. (1999). Art on Fire: The Politics of Race and Sex in the Paintings of Faith Ringgold. Millennium Fine Arts Pub.
  • Tesfagiorgis, F. H. (1987). Afrofemcentrism in the Art of Elizabeth Catlett and Faith Ringgold. Sage, 4(1), 25.
  • Graulich, M., & Witzling, M. (1994). The freedom to say what she pleases: a conversation with Faith Ringgold. NWSA journal, 6(1), 1-27.
  • Millman, J. (2005). Faith Ringgold’s Quilts and Picturebooks: Comparisons and Contributions. Children’s Literature in Education, 36(4), 381-393.

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