Estime de soi : origine et définition
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Nous devons comprendre que l’estime de soi est l’idée ou l’image que nous avons de nous-même. Ce reflet intérieur est formé et conditionné par la multitude de rôles que nous jouons, mais aussi par nos buts et objectifs, notre personnalité, notre idéologie ou encore par notre philosophie… D’autre part, cette idée de nous-même est dynamique, ce qui signifie qu’elle varie au cours du temps et qu’elle est sensible aux changements des facettes que nous avons énumérées précédemment.
Le fait de nous connaître nous aide à décider ce que nous devons penser, la manière dont nous devons penser et ce que nous devons faire dans une situation ou dans une autre. Cette connaissance de nous-même peut s’effectuer au niveau individuel ou en groupe. La conscience de notre identité et de celle des autres nous rend la vie plus simple et facilite nos relations interpersonnelles et nos relations au sein d’un groupe.
En psychologie on peut étudier l’estime de soi à partir de différentes perspectives. Les psychologues de la personnalité se concentrent sur le fait de connaître le contenu de l’identité, en créant des typologies en relation avec celle-ci. En revanche, la psychologie sociale s’intéresse aux raisons qui font que l’identité affecte les relations que nous avons avec les autres ou comment elle nous conditionne à avoir les relations que nous avons effectivement.
Comment se forme et se modifie l’estime de soi ?
En suivant, nous évoquerons deux théories qui expliquent comment se créé ou se développe l’estime de soi. L’une d’elles est la théorie de la discrépance de soi, basée sur une régulation interne de l’individu. Et la seconde est la théorie du miroir, basée sur une régulation sociale.
La théorie de la discrépance de soi
Cette théorie part du fait que l’être humain est à la recherche d’une certaine cohérence entre les différences perceptions qu’il a de lui-même. D’autres formes d’estimes de soi entrent donc en jeu. Ci-dessous, en voici une liste :
- Le « moi idéal » : c’est la part d’estime qui nous indique comment nous souhaitons être.
- Le « moi responsable » : c’est la part d’estime qui fait référence à la manière dont nous devrions être.
- Le « moi potentiel » : c’est l’idée qui se rapproche de notre potentiel et qui est donc en relation avec le point que nous sommes capables d’atteindre pour être.
- Le « moi attendu » : c’est la part d’estime qui a un lien avec la prédiction de ce que nous pourrions parvenir à devenir dans le futur.
Ces types d’estime sont relativement similaires, ils se différencient uniquement sur des nuances légères. L’important est qu’ils agissent en tant que générateurs de discrépance (dissonance) vis-à-vis de notre estime de nous-mêmes actuelle. Lorsque l’un d’entre eux provoque en nous une dissonance vis-à-vis de notre estime de nous-mêmes actuelle ou vis-à-vis d’un autre type d’estime, cela génère de l’anxiété. A partir de là, l’anxiété motivera en nous des changements dans nos types d’estime personnelle afin de trouver une solution à cette dissonance.
Par exemple, si dans notre « moi idéal », nous nous voyons comme des personnes solidaires mais que nous agissons normalement avec une attitude égoïste, une dissonance va apparaître en nous. Cette discrépance peut se résoudre de différentes manières : (a) en changeant notre conduite égoïste et avec elle notre estime de soi actuelle ; (b) en ayant une perception différente de notre conduite, en ne la cataloguant plus comme étant égoïste et en altérant ainsi notre estime de soi actuelle ; (c) ou en changeant notre « moi idéal » afin de l’adapter à notre estime de soi actuelle.
La théorie du miroir
Cette vision part de la création de l’estime de soi comme étant un processus au sein duquel l’aspect social a beaucoup de poids. La création de celui-ci est en fait due aux idées qu’ont les autres de nous-même. Ainsi, nous construirons notre image de soi au travers de l’information que les autres donnent à notre propos.
Cela est dû au fait que nous sommes conscients de l’existence d’une idée de notre manière d’être dans l’esprit des autres. Nous cherchons alors à savoir quelle est cette image. Nous serons motivés à éviter la discrépance entre l’idée qu’ont les autres de nous et notre propre image de soi. Lorsque cette dissonance existe, nous pouvons la résoudre de deux manières : (a) en changeant nos relations pour d’autres relations qui nous considèrent tels que nous nous voyons, ou (b) en changeant l’idée que nous avons de nous-même.
Cette théorie explique en grande partie la raison pour laquelle nous recherchons des relations qui soient en accord avec notre estime de nous-mêmes et évitons au contraire les relations qui nous voient de manière différente à celle que nous croyons être. Cela nous aide également à comprendre les effets qu’ont les attentes relatives à une personne comme par exemple l’effet pygmalion.
Un aspect important est que nous avons tendance à nous voir non pas comme les autres nous voient, mais comme nous pensons qu’ils nous voient. Nous déterminons la façon dont ils nous voient non pas grâce à l’information que nous recevons de leur part, mais grâce à nos propres perceptions. Nous créons une idée de nous-même et sommes persuadés que les autres nous voient de la même manière.
Ces deux théories nous expliquent comment se forme et se modifie l’estime de soi de différentes manières, mais pas de manière contradictoire. Il est intéressant de voir cela depuis une perspective large, et de comprendre comment les « moi » de la théorie de discrépance peuvent se créer et se modifier grâce à l’influence sociale. En tenant compte de ces deux aspects lorsque nous expliquons l’estime de soi, nous adoptons une vision plus solide des faits qui expliquent la réalité de manière optimale.
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