Les émotions qui suivent la maternité
La maternité amène avec elle un véritable torrent d’émotions. Au moment où l’on voit le visage de son bébé pour la première fois, on peut ressentir de la joie, de la peur et de la nostalgie en même temps… On vient de rencontrer la personne qui dès lors, sera sûrement le centre de notre vie et on ne sait pas encore très bien ce que l’on ressent pour elle.
Au niveau endocrinien, les hormones se chargent de faire le travail et il est possible que les premières semaines qui suivent l’accouchement provoquent ce que l’on appelle un “baby blues” ou une légère dépression post-partum.
La libération de l’hormone de l’amour, l’ocytocine, augmente. Elle est responsable de l’amour que nous ressentons pour nos enfants, ainsi que du sentiment de responsabilité et de protection qui nous inonde à chaque fois que nous les regardons.
Il faut savoir qu’au niveau psychologique, le grand changement que cela implique dans notre vie peut ne pas être la hauteur de ce à quoi nous nous attendions. Les attentes que nous avions de ce désir d’être mère ne sont pas toujours comblées.
On dirait que l’on nous oblige à être heureuses et radieuses quand nous accouchons et c’est sûrement une expérience merveilleuse, mais il est possible que certaines mères ne s’en rendent pas compte immédiatement.
Ce moment est essentiel pour nous adapter à la nouvelle situation et ce n’est pas pour cela que nous devons nous sentir coupable ou nous étiqueter comme étant une “mauvaise mère”, et encore moins permettre aux autres de le faire. Le soutien du conjoint, de la famille et de la société est fondamental.
L’esprit après l’accouchement
Comme nous l’avons dit dans l’introduction, les futures mères -surtout si c’est la première fois- ont souvent en tête des attentes irréalistes à propos de la maternité. Nos mères, grands-mères, tantes ou voisines se sont chargées de nous raconter à quel point être mère était merveilleux et comment elles se sont bien débrouillées. Donc, vous attendez avec impatience ce moment où vous allez devenir la personne la plus heureuse de la Terre.
Soudain, vous avez votre bébé et vous remarquez que ce sentiment d’euphorie ne se produit pas en vous. Pourquoi moi ? Ne devrais-je pas être la mère la plus heureuse du monde ?
Attention ! Le sentiment maternel n’arrive pas par magie ! Toutes celles qui vous ont raconté que ce moment ont pour elles été merveilleux ne vous ont pas menti, mais elles ne se souvenaient pas que nous avons tous besoin d’un moment d’adaptation face aux situations nouvelles et importantes. Et cela est parfaitement normal.
Ainsi, peuvent surgir des sentiments intenses de culpabilité à cause des pensées automatiques négatives, comme par exemple : je ne suis pas une bonne mère, mon enfant sera traumatisé car je ne fais pas bien les choses, ma vie est perdue à jamais etc.
Il est important de détecter ces pensées négatives pour les combattre et les modifier par d’autres plus réalistes et positives. Sinon, le sentiment de culpabilité peut se transformer en une tristesse profonde ou en dépression. On peut entrer dans un cercle vicieux où nous ne voulons plus nous occuper de l’enfant ou où nous négligeons notre propre vie, augmentant ainsi les sentiments négatifs.
Si cela arrive, nous finirons par confirmer nos pensées négatives : “Je ne suis même pas capable de lui donner le sein, tu vois à quel point je suis une mauvaise mère ?” Et c’est à ce moment-là que nous refermons sur nous-même le cercle vicieux de la dépression post-partum.
En plus des changements hormonaux et psychologiques qui se produisent pendant cette période, il y a les changements de vie et nous en souffrons : manque de sommeil, manque de temps pour nous-même, manque d’intimité avec notre conjoint, des visites et encore des visites etc. Ce qui alimente encore plus ces émotions négatives que nous ressentons lors des premières semaines.
Vivre la maternité dans le positif
La bonne nouvelle, c’est que tout finit par passer. Même si au début, être mère vous semble être impossible et que vous vous sentez vraiment mal, votre système hormonal et votre capacité d’adaptation se chargeront pour que ce qui ressemble à un enfer devienne un paradis. Cependant, il est nécessaire, même si la nature va vous aider, que vous y mettiez un peu du vôtre.
Pour commencer, vous devez accepter le moment que vous êtes en train de vivre ainsi que les émotions qui y sont associées. Les changements qui sont arrivés dans votre vie sont très grands et il est normal et légitime de ressentir des sentiments contradictoires, qui peuvent fluctuer et s’alterner.
Embrassez ces émotions et laissez-les advenir. Ne luttez pas contre et n’essayez pas d’être heureuse à tout prix. Vous pouvez supporter de vous sentir anxieuse, triste, confuse et même énervée contre le monde entier. Ne vous inquiétez pas, vous êtes humaine et vous avez des émotions. Acceptez-les, tout simplement.
Une fois que vous avez accepté vos sentiments, commencez à analyser ce qui arrive dans votre esprit lorsque vous vous réveillez et que vous vous rendez compte que maintenant, vous êtes mère et que vous avez certaines responsabilités qui n’existaient pas auparavant. Notez ces pensées sur un papier et comme s’il s’agissait d’une autre langue, commencez à les traduire en positif.
Par exemple, si vous avez pensé : “Je suis si jeune et j’ai un enfant. Ma vie est ruinée”, traduisez : “Je suis jeune et j’ai plein d’énergie pour jouer avec mon enfant et toute la vie devant pour entreprendre une multitude de projets.”
Petit à petit, vous vous rendrez compte que vos pensez étaient peut-être exagérées et que vous vous êtes trop écrasée vous-même alors que vous êtes sûrement la meilleure mère que votre enfant peut avoir. Et son sourire vous le démontrera avant que vous n’imaginiez qu’il soit capable de sourire.
Pour finir, fuyez les conseils que vous n’avez pas demandés. Beaucoup de gens aiment faire les entremetteurs dans les cas de maternité : il faut que vous donniez le sein/il ne faut pas le donner, l’enfant doit dormir dans sa chambre/il peut dormir avec ses parents, oui la tétine/non à la tétine…
Ces conseils, basés quasiment toujours sur l’expérience propre, n’aident presque jamais et ne font d’ailleurs que créer davantage d’insécurité pour la mère qui ne sait pas de science exacte ce qui est le mieux pour son bébé. Alors, faites uniquement confiance aux professionnel-le-s, aux pédiatres, aux nourrices ou aux psychologues de l’enfance car ce sont elleux qui sont en capacité de vous accompagner efficacement dans votre maternité et votre éducation.
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Images de Pascal Campion
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