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Constructivisme : comment construisons-nous notre réalité ?

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Constructivisme : comment construisons-nous notre réalité ?
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Dernière mise à jour : 03 janvier, 2023

Pendant très longtemps, les philosophes et les scientifiques se sont demandés comment nous percevons la réalité et comment nous acquérons la connaissance. Dans cet article, nous évoquerons l’une des approches qui répond à ces questions : le constructivisme. La théorie constructiviste nous apporte une vision intéressante afin de faire face à l’étude de la psychologie.

Avant de mentionner le constructivisme en tant que tel, nous devons préalablement effectuer un rappel de son histoire afin de comprendre d’où vient cette approche. Afin de simplifier sa présentation, nous détaillerons cette théorie en suivant deux voies différentes : les antécédents de l’acquisition de la connaissance et les antécédents de la perception de la réalité.

Comment acquérons-nous la connaissance ?

D’où viennent nos idées et représentations mentales ? Les théories classiques qui expliquent cette question sont regroupées en deux courants principaux : l’empirisme et l’innéisme.

L’empirisme part du principe que toutes nos connaissances sont le résultat de notre expérience. Même l’idée la plus simple et la plus petite serait donnée par notre environnement, pour ensuite être captée par notre cerveau et l’apprendre.

L’hypothèse de cette position est que la connaissance est totalement à l’extérieur du sujet et qu’elle arrive ensuite jusqu’à l’esprit : elle peut venir d’autres réalités ou de la réalité en elle-même, que le sujet copiera. L’empirisme est une théorie très conforme au sens commun qui a inspiré des courants psychologiques tels que le comportementalisme.

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L’innéisme naît du fait que l’empirisme paraît insuffisant.  Bien que nous puissions accepter qu’une bonne partie de notre connaissance soit acquise de l’extérieur, il paraît évident que nous naissons avec certaines dispositions, comme celle de communiquer en ayant recours à un langage sophistiqué.

Ainsi, l’innéisme part du principe qu’il existe des connaissances et des programmations qui ne sont pas acquises par le biais de l’expérience. Ces connaissances – ou programmations – seraient, par exemple, ceux qui sont très utiles pour organiser notre expérience (catégories d’espace, de temps, de nombres…).

Le problème que soulève l’innéisme est que la théorie n’explique pas comment surgissent ces connaissances ou pourquoi elles apparaissent à différents moments, et surtout pourquoi il existe des différences individuelles. Le constructivisme cherche à remédier à ce problème, tout comme aux problèmes qui concernent l’empirisme.

Le constructivisme part du principe que l’acquisition de la connaissance est le résultat d’une interaction continue entre le sujet et la réalité. L’individu est comme un scientifique intuitif, il range des données sur sa réalité et créé des interprétations sur son environnement. Ces interprétations nous aideraient à créer notre propre monde et à l’utiliser comme base pour les interprétations suivantes.

Comment percevons-nous la réalité ?

C’est également une grande question pour laquelle de nombreuses solutions possibles ont été évoquées. La réponse la plus intuitive est l’une des premières que nous montre l’histoire : le réalisme.  Cette approche, nous fait penser que nous recevons une copie exacte de la réalité. En fait, ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous touchons est exactement ce que nous percevons et tous les individus le perçoivent de la même manière.

Le réalisme a très vite chuté, en effet de nombreux philosophes se sont rendus compte que les sens ne percevaient pas la réalité de manière parfaite. Descartes et Hume ont même affirmé qu’il était possible qu’il n’y ait aucune réalité derrière les sens. On se heurte donc à une autre possibilité de réponse : les sens nous donnent un reflet imprécis de la réalité. Nous n’observons plus directement la réalité, cette hypothèse se base sur le fait que ce que nous voyons n’est qu’une ombre de la réalité.

Même dans cette dernière explication nous pouvons observer certaines déficiences. Par exemple, bien que nous ayons tou-te-s les mêmes sens, nous ne percevons pas tou-te-s la même chose dans une situation identique. Il semblerait que l’ombre de la réalité soit différente selon l’individu qui la regarde. C’est à cet instant que le constructivisme nous dit que notre perception n’est pas seulement un reflet, c’est quelque chose de plus complexe.

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La théorie constructiviste nous fait comprendre que les sens nous apportent l’information de la réalité, mais que celle-ci est trop chaotique pour notre cerveau. Ainsi afin d’être capable d’analyser l’information, le cerveau doit la structurer, et pour cela il catégorise toute cette information déstructurée en concepts et en interprétations. Avec cette affirmation, la réalité devient quelque chose d’inaccessible à l’être humain.

Constructivisme et socio-constructivisme

En résumé, nous pouvons comprendre le constructivisme comme un postulat épistémologique dans lequel nous sommes des agents actifs de notre perception. Nous ne recevons pas de copie littérale du monde.

Nous sommes nous-mêmes au travers de nos perceptions, et donnons ainsi forme au monde qui est en notre intérieur, mais aussi à celui qui est en notre extérieur. Alors, si chacun de nous est désormais une personne active construisant sa réalité, comment est-il possible que toutes les personnes aient une vision de la réalité très similaire ?

Pour trouver une réponse à cela, nous pouvons faire référence au psychologue Vigotsky et à sa théorie socio-constructiviste basée sur la culture. Bien que chacun construise son monde, nous naissons tous dans une société et une culture qui nous guide. En naissant immergé-e-s dans une culture, celle-ci n’oriente pas uniquement nos interprétations. En fait, elle contribue à nous prêter une multitude de constructions. Une évidence en faveur de cette théorie est que nos constructions de la réalité sont plus semblables à celles d’une personne de notre culture qu’à celles d’une personne vivant dans un pays éloigné.

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La conclusion sous-jacente à cela est que toutes les idées, connaissances et théories sont des constructions sociales. La réalité nous est étrangère. Même les lois physiques auraient une part de construction social dans un cadre conceptuel partagé. Dans cette théorie, la science n’expliquerait plus les événements de la réalité mais les événements de notre construction de la réalité commune.

Ces postulats ont, d’une certaine manière, entraîné une révolution dans l’histoire de la psychologie et dans d’autres sciences. Grâce au socio-constructivisme, de nombreux domaines de la psychologie ont totalement changé de paradigme et ont élargi leur éventail. La question que nous pourrions désormais nous poser est : le constructivisme est-il la réponse correcte ou nous reste-t-il encore beaucoup à découvrir ?

 


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